La sentence de la Cour de justice de l’Uemoa est sans appel. Elle ordonne la suspension des sanctions prises par la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement le 9 janvier 2022 contre le Mali. Ce revirement de situation dans l’affaire qui oppose les dirigeants ouest africains aux autorités maliennes est un revers pour le président français, Emmanuel Macron.
Jean-Claude KOUAGOU
Le président français devrait très mal se sentir dans sa peau. Instigateur révélé des sanctions prises par les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union économique et monétaire ouest africaine, (UEMOA), Emmanuel Macron ne voile plus ses prises de positions de manipulateur des organisations régionales. Le président français Emmanuel Macron a déclaré, mardi 11 janvier, que son pays et l’Union européenne soutiennent les « sanctions inédites » prises le week-end dernier à Accra (Ghana) par les chefs d’Etat de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) et l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) contre le Mali. « Nous soutenons » ces mesures diplomatiques et économiques, avait-il fait savoir à l’Élysée, lors d’une conférence de presse avec le président du Conseil européen, Charles Michel. www.franceculture.fr : La communauté économique ouest-africaine affiche sa fermeté face à la décision de la junte militaire malienne de repousser de 5 ans le délai d’organisation d’élections, en isolant le pays économiquement et diplomatiquement. Car, un cap a été franchi et les pays membres de la Cédéao (soient 5 des 7 pays frontaliers du Mali) ont décidé de fermer leurs frontières communes, de suspendre toutes les transactions (à l’exception des ventes de pétrole et électricité, produits médicaux et de première nécessité) et de rappeler tous leurs ambassadeurs en poste en ce moment au Mali. Les avoirs maliens au sein de la BCEAO, la banque centrale régionale, sont également gelés… autant dire, avec le magazine Jeune Afrique, que la Cédéao a décidé de « taper du poing sur la table » face à ces militaires au pouvoir au Mali depuis leur double coup d’Etat de 2020 et 2021, qui avaient promis de rendre le pouvoir au peuple en organisant des élections dans un délai qui expire en février 2022, et qui ont fini par annoncer que ces élections (et donc le retour à la démocratie) ne sont plus programmées avant… 2027. Déjà en juin 2021, le président Macron affirmait que : « la décision de la CEDEAO de reconnaître Assimi Goïta crée une mauvaise jurisprudence. » En effet, lors d’une conférence de presse organisée le jeudi 10 juin 2021, le président français Emmanuel Macron s’était exprimé en ces termes : « Je pense que la décision que la CEDEAO a prise de reconnaître un putschiste militaire six mois après lui avoir refusé ce droit crée une mauvaise jurisprudence pour les Africains eux-mêmes. D’abord pour la CEDEAO elle-même et ensuite pour le précédent que cela crée chez beaucoup de voisins », a déclaré le patron de l’Elysée aux journalistes ; ajoutant : « je pense que c’est une erreur. C’est leur décision. Je la respecte ». En ordonnant la suspension des sanctions contre le Mali, la Cour de justice de l’UEMOA a infligé un camouflet aux chefs d’Etat africains et surtout à leur tuteur le président français, Emmanuel Macron. Par ailleurs, le Premier ministre Choguel Maïga, ainsi que quatre autres responsables maliens, ont été sanctionnés par l’Union Européenne. Accusés de faire obstacle à la transition politique, ils sont interdits d’entrée sur le territoire de l’UE et leurs avoirs sont gelés. Des sanctions qui emboitent le pas de celles prises par la Cédéao. Seidik Abba, journaliste spécialiste du Sahel, analysait en février la portée de ces mesures prises contre la junte malienne.