Alors qu’ils contribuent fortement à l’alimentation de nombreux ménages dans certaines régions du monde, les jardins potagers familiaux en milieux urbains restent un terrain presque neuf au Bénin. Et pourtant, ils sont, d’après les organismes qualifiés, une chance de se nourrir sainement.
Sylvestre TCHOMAKOU
Dans un monde de plus en plus envahi par toutes sortes de produits alimentaires, notamment les Organismes Génétiquement Modifiés (OGM), la formule trouvée sous d’autres cieux, en milieux urbains surtout, se tient bien à l’écart des maux que libèrent les produits du génie génétique et bien d’autres. Même si elle est connue des ménages béninois, elle reste timide dans les pratiques. Ignorance ou flemme, le désir de ne pas se nourrir convenablement ? Les jardins potagers familiaux, puisque c’est de ce type de production agricole qu’il s’agit, est, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (ONUAA), l’un des moyens les plus simples d’avoir une alimentation saine, car contenant une quantité suffisante de macro et des microéléments. Cultivés dans un grand nombre de régions humides ainsi que les zones sèches, ils offrent, à en croire l’organisation, un potentiel considérable pour accroître la sécurité alimentaire des ménages et pour réduire les carences en micronutriments. « Les potagers peuvent accroître la sécurité alimentaire de plusieurs manières, notamment en procurant directement une variété de produits riches sur le plan de la nutrition ; en augmentant le pouvoir d’achat puisqu’il est ainsi possible d’économiser sur le budget alimentaire et de vendre des produits, et en disposant d’une réserve d’aliments pendant les périodes de soudure saisonnières. », précise-t-elle. A cela, il est important d’ajouter que dans les régions où elle reçoit une grande attention, la culture des potagers, suivant une grande diversité de produits, offre des possibilités de revenus à ses pratiquants, principalement les ménages démunis en zones urbaines et périurbaines.
Le dernier reflexe des ménages à Cotonou et environs ?
Même s’il est aisé de constater à Cotonou et environs, un fort besoin alimentaire, en raison du grand nombre de ménages qu’on y retrouve, les jardins potagers familiaux sont absents ; à l’exception de quelques ménages qui consacrent une portion de leur parcelle à la culture de légumes. Et bien qu’il soit possible de pratiquer ce type de jardinage dans les maisons ayant bétonné tout leur espace, grâce aux pots et autres moyens, le constat est bien autre. Sur 16 maisons parcourues et plus d’une dizaine d’habitants approchés, de Calavi à Cotonou, la direction « marché » est le lieu d’approvisionnement des divers produits alimentaires. A l’inverse de ceux qui n’ont pas du tout de jardin potager mais plutôt de jardins de fleurs pour orner les espaces de leur maison, « j’ai un petit jardin de vernonia (aman vivè) et d’ascaride (Chayo en langue fon) », fait savoir Claire Gbaguidi, une femme mariée. A l’en croire, ce procédé agricole se fait de plus en plus rare en milieu urbain.
Des avantages inestimés à portée de mains
D’après les données publiées par la FAO sur son site à propos des potagers familiaux, un potager bien aménagé peut fournir la majeure partie des denrées de consommation hors produits de base dont a besoin une famille chaque jour, comme racines et tubercules, fruits et légumes, herbes et épices, produits animaux et poissons. De plus, les racines et les tubercules sont une source d’énergie importante et les légumineuses sont riches en protides, en glucides, en fer et en vitamines. Les légumes à feuilles vertes et les fruits jaunes ou oranges contiennent, explique l’institution, des vitamines et des minéraux indispensables, en particulier du folate et de la vitamine A, E et C. En ce qui concerne les aliments riches en protéïne tels que la viande, le poulet et le poisson leur utilité dans l’alimentation des jeunes enfants n’est plus à ignorer. Ils assurent « la croissance et le développement intellectuel », soutient l’ONUAA. Du reste, ne maitrisant pas les conditions de culture des produits mis sur le marché de la consommation, chaque famille peut donc s’auto-alimenter à partir des jardins potagers à la portée de tous. L’apport des gouvernants n’étant plus à démontrer à cet effet, l’Etat béninois, avec le soutien d’organisations internationales ou des ONG, pourrait faciliter la formation de milliers de citoyens, et surtout les enseignants en matière de techniques de jardinage et de nutrition pratique. Des projets de terrain ont donné, selon la FAO, d’excellents résultats au Bangladesh, au Bhoutan, en Inde, en Indonésie, au Niger, en Somalie et au Viet Nam (FNA) et des activités de formation ont été lancées au Ghana et au Kenya, en Afrique; en Bolivie, en Équateur, à El Salvador, en Honduras, au Nicaragua et au Pérou en Amérique latine, ainsi qu’à Grenade dans les Caraïbes.