En cette période de « nouvelle guerre froide » où l’Afrique est redevenue comme une jolie femme vierge convoitée par les USA, la Russie, la Chine, l’Union européenne (UE), le Japon, la Turquie, et l’Inde, chacun de ces poids lourds économiques semble avoir un agenda caché. Apparemment, l’actuelle administration américaine veut se démarquer de son esprit de Far West vis-à-vis du continent.
Issa SIKITI DA SILVA
Pendant que la Chine est souvent crucifiée pour avoir soumis le continent africain au néocolonialisme et à des pratiques de prêt prédatrices, la Russie, elle, est accusée de déverser des mercenaires secrets dans les États fragiles d’Afrique, dans le cadre d’un nouveau front dans la bataille pour la suprématie mondiale.
Longtemps décrit comme le « gendarme » du monde qui, en concert avec son allié l’UE, soutient les dictateurs africains à rester éternellement au pouvoir et ferme les yeux face aux multiples violations des droits de l’homme commis par ces bourreaux, l’actuel gouvernement des USA a laissé entendre qu’il comptait tourner casaque.
Réinitialiser les relations
Washington a promis de réinitialiser ses relations avec les gouvernants africains, écouter diverses voix locales et élargir le cercle d’engagement pour faire avancer ses objectifs stratégiques au profit des Africains et des Américains.
« L’approche de Joe Biden est considérablement plus équilibrée et reconnaît que les Africains vivent des vies de plus en plus mondialisées. À l’appui d’objectifs communs que les Africains considèrent comme faisant partie intégrante de leur sécurité nationale, l’administration Biden comprend l’importance de travailler de manière multilatérale avec ses partenaires d’Europe, du Moyen-Orient et de l’Indopacifique », ont souligné Landry Signé et Witney Schneidman, deux experts de la politique internationale, dans une tribune publiée récemment sur le site de Brookings Institution.
La nouvelle stratégie américaine sur l’Afrique repose sur quatre piliers expliqués ci-dessous par ces spécialistes de l’Afrique.
Le premier pilier engage les USA à travailler avec leurs partenaires africains pour exploiter de manière transparente les ressources naturelles, lutter contre l’autoritarisme numérique et renforcer les systèmes judiciaires indépendants, entre autres.
Le deuxième pilier, qui fournit des dividendes démocratiques et sécuritaires, souligne le lien entre la mauvaise gouvernance, la corruption, les violations des droits de l’homme et l’influence croissante des acteurs malveillants.
Ce pilier reflète les priorités persistantes des États-Unis en matière de promotion de la démocratie et d’atténuation et de prévention des conflits, qui, selon l’actuelle administration, se feront en collaboration avec les gouvernements africains, les organismes régionaux et la société civile. Le renforcement de la démocratie et de la sécurité reste un défi important compte tenu de l’instabilité au Sahel et le fait qu’il n’y a que huit pays d’Afrique subsaharienne que Freedom House considère comme libres, ce qui est le plus petit nombre depuis 1991.
Le troisième pilier, faire progresser la reprise en cas de pandémie et les opportunités économiques, vise à permettre aux pays africains de se remettre durablement de la COVID-19 et d’atténuer ses conséquences économiques et sociales.
Le dernier pilier soutient la conservation, l’adaptation au climat et une transition énergétique juste. Cela souligne également l’engagement des États-Unis à accroître le soutien, l’aide au développement et le financement pour atteindre ces objectifs, en particulier compte tenu de la vulnérabilité particulière de l’Afrique au changement climatique associée à un faible accès à l’énergie.