La part du secteur manufacturier dans la production a reculé de 22 % à 12 % au Bénin entre 2000 et 2012. Ce qui a entraîné une désindustrialisation inédite. Mais la bonne nouvelle est que d’autres formes d’industries peuvent être des catalyseurs de création d’emplois à condition d’élaborer une stratégie efficace de changement structurel pour les promouvoir.
Issa SIKITI DA SILVA
Selon le ‘’Brookings Institution’’, un organisme de réflexion et de recherche basé à Washington DC, les industries ‘’sans cheminées’’ qui comprennent entre autres les Technologies de l’information et de la communication (Tic), le tourisme, les transports, l’agro-alimentaire et l’horticulture, offrent une approche complémentaire de la demande pour faire face à la crise de l’emploi sur le continent.
Ces industries ‘’sans cheminées’’ comptent parmi les secteurs économiques les plus dynamiques de l’Afrique et les données au niveau des pays suggèrent que l’impact sur l’emploi de ces secteurs peut être considérable… Les services basés sur les Tic, le tourisme et les transports dépassent la croissance du secteur manufacturier dans de nombreux pays africains, a déclaré le »Brookings Institution » dans son rapport ‘’Foresight Africa: Top Priorities for the Continent in 2019’’.
Dans une Afrique qui continue de se désindustrialiser au jour le jour mettant en péril des milliers d’emplois et augmentant la pauvreté (40,1% au Bénin en 2015 contre 33,3% en 2007 selon le Pnud), la diversification économique devient un enjeu de taille pour les gouvernements. Et ce ne sont que des politiques efficaces et adéquates qui pourraient donc valoriser, appuyer et promouvoir les industries ‘’sans cheminées’’ qui deviennent ainsi de fronts incontournables pour combattre le chômage.
Malheureusement, au Bénin la diversification progresse lentement, sous l’impulsion du secteur agricole et des services du secteur tertiaire. Ensuite les signes d’un changement structurel au Bénin au fil du temps ont été relativement peu nombreux, déplore le Fonds monétaire international (FMI) dans son rapport ‘’Benin IMF Country Report’’ de juillet 2018.
Le tourisme au Bénin ne contribue que 2.6% du Pib comparativement à 9,4% en Afrique du Sud et 14% en Tanzanie. Mais le secteur a été récemment renforcé par 50 millions de dollars de la Banque mondiale pour développer sa filière et le gouvernement a augmenté son budget d’investissements dans le secteur de 450 milliards FCFA à 600 milliards FCFA. Donc si les promesses du gouvernement de Patrice Talon de faire du Bénin un puissant hub touristique africain d’ici 2019 se concrétisent, les jeunes chômeurs devraient s’attendre bientôt à une explosion d’emplois dans ce secteur.
Par ailleurs, le gouvernement qui, en décembre 2016 avait aussi promis de transformer le Bénin en une plateforme de services numériques d’ici 2021 grâce au déploiement massif de la fibre optique, entend créer 90 000 emplois dans ce secteur. Le secteur de l’agroalimentaire africain pèse 3 milliards de dollars et emploie à peu près 70 % des personnes les plus pauvres. Entre 2002 et 2015, les exportations de services échangeables et d’entreprises agroalimentaires ont augmenté en moyenne de 58% par rapport aux exportations de produits non minéraux, selon le ‘’Brookings institution’’.
Mais l’agroalimentaire reste sous-exploité dans beaucoup des pays africains, qui selon la FAO, ont dépensé 41,3 milliards de dollars en 2017 pour importer des produits alimentaires.
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Les Tic sont les catalyseurs de la création d’emplois en Afrique et au Bénin.