Les envois de fonds de la diaspora vers l’Afrique subsaharienne ont augmenté de 6,2% en 2021 pour atteindre 45 milliards de dollars, selon la Banque mondiale. Une fois de plus, cette croissance souligne l’importance de cet argent en tant que moyens de subsistance dans un continent terrassé par la faim, le chômage, les guerres, les maladies et la corruption au sommet de l’État.
Issa SIKITI DA SILVA
« Sans l’assistance financière mensuelle de mon frère et ma sœur qui vivent aux Etats-Unis, nous serions probablement morts de faim, de maladie et de soucis. En fait, j’ai beaucoup de respect pour la diaspora africaine car ces gens se soucient de leurs familles plus que nos dirigeants politiques qui ne font absolument rien pour nous les pauvres », déclare Kennedy, 43 ans, un résident de Nairobi qui a perdu son travail à cause de la pandémie de Covid-19.
Les envois d’argent de la diaspora kényane vers leur pays ont augmenté de 10 fois au cours de ces 15 dernières années pour atteindre un record absolu de 3,72 millions de dollars en 2021, selon les chiffres de la Banque Centrale du Kenya (CBK).
« Si tu veux vraiment mon opinion sincère sur le rôle important que joue la diaspora, je te dirais sans mâcher les mots que sans ces frères et sœurs de bon cœur, les pauvres de ce continent ne survivront pas, car rien ne marche sur le plan politique et économique », martèle Ahmed, un citoyen somalien vivant à Nairobi.
Dévastée par des décennies de terrorisme et d’instabilité socio-économique et politique, la Somalie est l’un des pays africains – y compris le Nigeria – qui reçoivent le plus grand montant des fonds de la diaspora, lesquels représentent actuellement plus du triple du montant de l’aide publique au développement (APD).
Les fonds de la diaspora somalienne couvrent 35% des richesses totales du pays (PIB). Les autres pays où la valeur des envois de fonds en pourcentage du PIB est importante sont la Gambie (33,8%), le Lesotho (23,5%), le Cap-Vert (15,6%), les Comores (12,3%), et le Soudan du Sud (30%).
Détermination
Les envois de fonds ont enregistré une forte croissance en 2021 dans la plupart des pays à revenu faible ou intermédiaire. A en croire la Banque mondiale, les facteurs contribuant à la forte croissance de ces envois de fonds sont la détermination des migrants à soutenir leurs familles en cas de besoin, aidée par la reprise économique en Europe et aux États-Unis, qui à son tour a été soutenue par les programmes de relance budgétaire et de soutien à l’emploi.
« A travers ces envois, la diaspora pourrait contribuer au développement social de l’Afrique si nos dirigeants politiques introduisent des mécanismes en place pour investir ces fonds. Il ne faut absolument pas que cet argent puisse seulement aider à acheter des denrées alimentaires ou payer le loyer », souligne Diarra, un sujet sénégalais de la diaspora.
Certains pays du continent ont compris l’idée de Diarra et font déjà des progrès. C’est le cas de l’Éthiopie et du Rwanda, qui mènent des campagnes ciblant leurs expatriés pour les inciter à investir dans des projets de développement dans leur pays d’origine.