Confrontés aux défis socio-économiques engendrés par la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine, les pays africains, pour leur économie, doivent repenser la diversification de leurs exportations en tenant compte des besoins actuels. C’est ce à quoi appelle la Conférence des nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) dans son « Rapport 2022 sur le développement économique en Afrique ».
Sylvestre TCHOMAKOU
Fortement dépendants des exportations de produits de base, les Etats africains, pour juguler la crise économique que traverse l’humanité en raison notamment de la Covid-19 et de la guerre en Ukraine, doivent diversifier leurs exportations. Selon la Cnuced, dans un contexte de Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) et d’émergence de marché de consommation, il est important pour les Etats du continent de se diversifier économiquement en stimulant leurs exportations de services à forte valeur ajoutée, en élargissant l’accès des entreprises privées aux services financiers, en exploitant les nouvelles technologies financières et en mettant en œuvre des politiques efficaces. Pour l’organisation, les services à forte intensité de connaissances, tels que les technologies de l’information et les services financiers, pourraient changer la donne en Afrique. Ils ne représentent que 20% des exportations de services du continent, offrant ainsi une immense marge de progression. Mieux, « le secteur des services en Afrique est dominé par des activités à faible valeur ajoutée, ce qui l’empêche de soutenir les activités productives des secteurs industriels, manufacturiers et agricoles.
Le commerce des services est également faible en Afrique. Entre 2005 et 2019, les services ne représentaient que 17 % des exportations du continent. Les voyages et les transports représentaient environ les deux tiers, avec une forte concentration dans les secteurs traditionnels ».
Pour lui insuffler un nouvel élan, la CNUCED stipule que le continent devrait promouvoir l’utilisation d’intrants à forte intensité de connaissances et de technologie pour permettre la fabrication et l’exportation de biens et de services plus complexes. Le rapport indique que des technologies et des services modernes tels que la blockchain peuvent améliorer l’accès à des marchés diversifiés et compétitifs, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du continent. L’intensification du commerce des services permet également de réduire la dégradation de l’environnement causée par l’exploitation des ressources naturelles. Pour diversifier les économies, la CNUCED demande aux pays africains de mettre en œuvre des politiques visant à mieux connecter le commerce des services à forte valeur aux autres secteurs, en particulier au secteur manufacturier. Les pays doivent également réduire les coûts du commerce des services, supprimer les politiques protectionnistes, déployer la numérisation et renforcer les compétences des travailleurs dans ce secteur.
Des politiques d’exportation efficaces pour la Zlecaf
La Zone de libre-échange continentale africaine, qui vise à créer un marché unique pour les 1,4 milliard d’habitants du continent, peut également stimuler la diversification des exportations, indique le rapport. Mais pour en tirer le meilleur parti possible, les pays africains doivent mettre en œuvre des politiques de renforcement des capacités productives, d’industrialisation, d’incitation à l’investissement, d’amélioration de l’intégration régionale et des infrastructures. Par ailleurs, la Cnuced prévient que les chocs économiques mondiaux, le changement climatique, entre autres, défis pourraient saper les efforts de diversification des exportations de l’Afrique si les pays ne mettent pas en place les bonnes politiques et réglementations et ne renforcent pas les capacités institutionnelles.
Alors que le monde fait face à une crise du pouvoir d’achat, 58 millions de personnes vivant juste au-dessus du seuil de pauvreté en Afrique risquent de sombrer dans la pauvreté en raison des effets combinés de la pandémie de COVID-19 et de la guerre en Ukraine, selon un récent rapport du Groupe mondial d’intervention en cas de crise alimentaire, énergétique et financière.