L’éducation favorise la croissance économique à long terme, contribue à l’emploi, à la réduction de la pauvreté, stimule l’innovation, renforce les institutions et consolide la cohésion sociale, selon la Banque mondiale.
Issa SIKITI DA SILVA
Si les pays développés ont pu réussir ces exploits et construire une base solide des compétences vitales pour détenir des avantages concurrentiels et comparatifs par rapport aux autres économies, c’est parce qu’ils ont, au fil des années, investi massivement dans le secteur de l’éducation.
Le budget public total de l’éducation, de l’enseignement primaire à l’enseignement tertiaire, représente en moyenne 11% des dépenses publiques totales dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Ce pourcentage varie entre environ 7 et 17%.
En Afrique subsaharienne, en 2019 les dépenses publiques en éducation s’élevaient à 3,5% des richesses nationales totales (PIB). Il faut noter des fortes disparités entre les pays comme le Botswana (6,9%), l’Afrique du Sud (6,5%), le Sénégal (5,3%), le Bénin (3%), l’Angola (1.8%), la RDC (1,5%), et la Guinée (1,8%).
« Les différences de niveaux de formation sont un facteur important qui sépare les pays développés des pays en développement. Bien que d’autres facteurs entrent certainement en jeu, tels que la géographie et les ressources disponibles, le fait d’avoir des travailleurs mieux formés crée des retombées dans l’ensemble de l’économie et des externalités positives », souligne Brent Radcliffe dans une tribune publiée récemment sur le site d’Investopedia.
« La productivité d’une économie augmente à mesure que le nombre de travailleurs instruits augmente, car les travailleurs qualifiés peuvent accomplir une tâche plus efficacement », martèle-t-il.
Main-d’œuvre peu qualifiée
A cause de ses faibles dépenses publiques en éducation et formation et des politiques inadéquates sur l’enseignement, le continent africain a la main-d’œuvre la moins qualifiée au monde.
Dans son rapport de « Perspectives économiques en Afrique 2020 », dont le thème est « Former la main-d’œuvre africaine de demain », la Banque africaine de développement (BAD), avait appelé à une action urgente pour assurer le développement du capital humain dans les pays d’Afrique où, en termes de quantité et de qualité, celui-ci est beaucoup plus faible que dans les autres régions du monde.
Un rapport publié en mars 2022 par le Brookings Institution pointe du doigt les déficits de compétences dans l’éducation de base, lesquels minimisent le potentiel de transformation du continent africain et réduisent également le caractère inclusif de la croissance économique.
« Les opérateurs informels ainsi que la main-d’œuvre peu qualifiée du secteur formel comptent sur le système d’éducation de base pour acquérir les compétences dont ils ont besoin pour augmenter la productivité et les revenus », indiquent Louise Fox et Landry Signé, deux experts de Brookings et auteurs de ce rapport.