Les quartiers où vivent des populations pauvres et marginalisées et qui regorgent d’infrastructures et des services de moins bonne qualité, comme moins d’espaces verts et des antécédents d’investissements immobiliers restreints, semblent subir de plein fouet des vagues de chaleur générées par le changement climatique. C’est ce qu’a révélé le World Resources Institute (WRI) la semaine dernière, dans un contexte de vagues de chaleur extrêmes et mortelles qui secouent l’humanité.
Issa DA SILVA SIKITI
« Ces quartiers sont moins susceptibles d’avoir un couvert arboré et de la végétation, un facteur qui constitue un atténuant important de la chaleur. Ils sont également plus susceptibles d’avoir des surfaces dures et sombres qui absorbent la chaleur. Il s’agit d’un exemple de l’effet d’îlot de chaleur urbain, dans lequel les villes, ou certaines parties de villes, subissent plus de chaleur que les zones rurales, car les infrastructures artificielles telles que les bâtiments, les rues et les trottoirs retiennent souvent plus de chaleur que les surfaces naturelles », ont expliqué Eric Mackres, Gorka Zubicaray et Bina Shetty, trois experts du WRI, dans une tribune publiée sur le site du WRI.
Les vagues de chaleur tuent en moyenne 490 000 personnes dans le monde et causent de graves problèmes de santé à un nombre encore plus grand de personnes, selon cette ONG de défense de l’environnement basée à Washington, alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a averti que les décès causés par la chaleur devraient augmenter de 50% d’ici 2050.
Cependant, à en croire les trois experts précités, l’impact de la chaleur sur la santé n’est pas équitablement réparti – dans le monde ou au sein de nos communautés – car les populations déjà vulnérables, principalement celles qui vivent dans des zones précaires et sous-développées, sont les plus exposées.
Réduire les risques
La chaleur extrême peut être dévastatrice, mais il existe des outils que chaque communauté peut utiliser pour faire des différences mesurables afin de réduire les risques liés à la chaleur pour la santé, les systèmes énergétiques et nos économies ; améliorer l’équité urbaine; et même freiner le changement climatique, ont-ils indiqué.
« En ajustant les mêmes composants de la couverture terrestre qui contribuent le plus à un îlot de chaleur urbain – tels que les bâtiments, les arbres, les rues et les matériaux de construction, notamment le béton, l’asphalte, les trottoirs perméables, les peintures et les revêtements – les villes peuvent abaisser considérablement leurs températures ».
« Dans les villes, la couverture terrestre est déterminée par les infrastructures – à la fois grises (toits, trottoirs) et vertes (forêts urbaines, arbres de rue, ruisseaux et réservoirs). Et les choix parmi les options d’infrastructure qui assurent la même fonction, comme la gestion des eaux pluviales, peuvent avoir des impacts très différents sur la couverture terrestre (par exemple, des cours d’eau végétalisés au lieu de canaux de drainage pavés) ».
« Et l’absence de couverture terrestre rafraîchissante se retrouve souvent dans les quartiers où se concentrent les personnes vulnérables, ce qui exacerbe les inégalités en matière d’exposition à la chaleur extrême ».
Eric Mackres, Gorka Zubicaray et Bina Shetty ont fait savoir que les quartiers plus frais et plus verts comptent généralement une plus grande proportion de résidents à revenus élevés, tandis que les quartiers plus chauds sont plus souvent des quartiers informels.