Avec le bouleversements géopolitiques en cours en Afrique de l’Ouest, le Togo envisage d’adhérer à l’Alliance des États du Sahel (AES), une perspective déjà anticipée par les analystes.Robert Dussey, ministre des Affaires étrangères togolais, a confirmé cette éventualité lors d’une interview diffusée le 16 janvier sur Voxafrica et relayé par nos confrères du site ecofin. Il a précisé que l’intégration du Togo à cette alliance stratégique n’est pas à exclure. « C’est la décision du président de la République, mais ce n’est pas impossible », a-t-il déclaré, tout en soulignant le soutien potentiel des Togolais : « Demandez aux Togolais, vous verrez qu’ils diraient oui ». Cette déclaration marque une volonté claire de rapprochement avec les membres de l’AES, surtout dans le contexte des défis régionaux actuels.
L’intégration du Togo à l’AES constituerait un tournant majeur pour cette alliance, déjà composée du Mali, du Niger et du Burkina Faso, trois nations du Sahel confrontées à des défis communs tels que le jihadisme, la lutte contre l’influence étrangère et la quête de stabilité politique et économique. Pour l’AES, l’adhésion du Togo serait un atout géographique et économique considérable, notamment grâce à son port en eaux profondes à Lomé, qui pourrait faciliter l’accès à la mer pour ces pays enclavés.
Depuis son accession à la présidence en 2005, Faure Gnassingbé a su positionner le Togo en tant qu’acteur diplomatique clé en Afrique de l’Ouest, jouant souvent un rôle de médiateur dans des crises régionales, notamment au Mali et au Niger, où les juntes militaires ont sollicité son aide pour dialoguer avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Robert Dussey a également dénoncé l’instrumentalisation de l’Afrique par les grandes puissances, appelant à une solidarité accrue entre les États africains : « L’Afrique est utilisée seulement pour servir les grandes puissances, et ce n’est pas normal ». Il a salué les efforts du président malien Assimi Goïta pour affirmer l’indépendance de son pays.
Créée en 2023, l’Alliance des États du Sahel se pose en alternative aux organisations régionales traditionnelles. En janvier 2024, ses membres fondateurs ont annoncé leur intention de quitter la CEDEAO, qu’ils accusent d’être trop influencée par la France. Ce départ, prévu pour le 29 janvier, marque un tournant dans les relations ouest-africaines.
En se rapprochant du Togo, l’AES pourrait élargir son influence diplomatique et économique, tout en renforçant ses liens avec des pays partageant une vision panafricaine. Pour le Togo, cette éventualité représente une chance de jouer un rôle central dans la redéfinition des dynamiques régionales.
Alors que l’AES aspire à se libérer des influences extérieures et à établir un modèle de coopération indépendant, l’ouverture du Togo pourrait annoncer une nouvelle ère pour l’Afrique de l’Ouest. La décision finale, qui revient au président Faure Gnassingbé, sera surveillée de près par les observateurs régionaux et internationaux.