Les perspectives de croissance économique pourraient être revues à la baisse
Bien qu’annoncée prometteuse en 2022 par l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), la croissance économique de l’Afrique de l’ouest reste hypothéquée au titre de l’année en cours en raison des remous politico-militaires qui ont conduit à des sanctions économiques. Acteur du privé et Président de la Chambre Consulaire Régionale/ CCR-Uemoa, Daouda Coulibaly dresse, dans une tribune parvenue à L’économiste du Bénin, les défis à relever pour éviter un scénario désagréable. Lisez- plutôt !
Le développement régional des entreprises menacé
Sur le chemin de l’intégration régionale et du développement des champions économiques à vocation régionale, les nouvelles ne sont pas bonnes ! La dynamique de croissance de l’Union enregistrée depuis 2012 a été freinée par les effets négatifs de la pandémie de COVID-19 qui a entrainé une récession drastique de l’économie tant sur le plan régional que mondial. Alors que les Etats se remettent progressivement de cette décélération qui a eu des conséquences douloureuses sur les activités des entreprises de la région UEMOA, notamment celles des PME et TPE qui constituent l’essentiel du tissu économique régional, les soubresauts politico-militaires au Mali et le coup d’Etat au Burkina ont ouvert une nouvelle période d’incertitudes politiques et économiques.
En effet, les perspectives prometteuses de croissance économique à 6,4% en 2022 divulguées en début d’année par l’UEMOA, pourraient être revues à la baisse, avec les sanctions économiques infligées au Mali conjointement par l’UEMOA et la CEDEAO. Ces mesures restrictives au nombre desquelles sont la fermeture de toutes les frontières, la suspension de toutes transactions commerciales et financières, le gel des avoirs du Mali dans les banques centrales font peser de gros risques sur les économies de l’ensemble de la sous-région désormais largement interconnectées. Si le Burkina Faso, théâtre également d’un coup d’Etat venait, également, à subir des sanctions économiques du même acabit que celles dont a écopé le Mali, il faudrait craindre pour l’intégration régionale dont tout le monde sait le rôle incontournable qu’elle joue dans la relance vigoureuse et pérenne des économies de la région ouest-africaine.
La Chambre Consulaire Régionale de l’UEMOA (CCR-UEMOA) que j’ai l’honneur de présider, est particulièrement attentive à l’évolution de la situation générale dans l’Union. Au moment où nos Etats sont en outre engagés dans la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), et alors que nos entreprises s’organisent pour tirer amplement profit de ce vaste marché libre continental, il y a lieu de tout mettre en œuvre pour poursuivre la dynamique de construction communautaire et de développement du commerce boostée par le secteur privé. «Nos pays en quête de développement ont besoin d’un secteur privé structuré, dynamique et novateur qui par la création d’emplois et de richesses constitue un puissant levier de croissance économique inclusive », soulignait, à juste titre, le Président Bissau-guinéen lors d’une réunion de la CCR-UEMOA en fin d’année dernière.
L’enjeu réside là ! L’implication effective du secteur privé communautaire dans le processus d’intégration régionale, est plus que jamais nécessaire. Et, il passe par la mise en place d’un écosystème communautaire favorisant le renforcement des capacités productives de nos économies, dont le terreau fertile est un partenariat dynamique entre les pouvoirs publics et les acteurs économiques. Plus que jamais, il nous faudra œuvrer à la recherche de solutions pratiques qui n’entravent pas l’expansion des entreprises, vecteurs de croissance, de richesses et d’emplois.