Au constat, rien ne présage d’une réouverture de sitôt, des frontières nigériennes avec le Bénin et le Niger. A ce jour, aucun chronogramme de levée de barrières n’a été officiellement rendu public par le gouvernement du Niger. Bien que sur instruction du chef de l’Etat Patrice Talon les agents de la douane et du poste de contrôle juxtaposé de Malanville aient repris du service depuis samedi dernier, la frontière de Gaya est demeurée hermétiquement fermée à la circulation routière. Seule la traversée par voie fluviale permet de joindre les deux villes frontières et même celle de Kamba au Niger. Pour l’instant, rien n’a officiellement filtré sur les raisons de la position de mutisme de la junte militaire au pouvoir. Mais ce que l’on peut dire est que les autorités demeurent méfiantes des décisions des chefs d’État membres de la Ceadeao. Surtout en ce qui concerne la sécurité au niveau des frontières. Pour preuve, une attaque poursuite menée, au lendemain du sommet d’Abuja a abouti à la saisine dimanche dernier, de près de 2000 explosifs dans une localité du Département de Dosso, région frontalière avec le Nigéria et le Bénin. En cela, le maintien en place des barrières, apparaît comme une mesure de prudence observée par les autorités nigériennes. A ces inquiétudes, s’ajoutent celles liées au maintien sur place côté béninois, d’environ un millier de camions chargés de produits divers. Ces engins y sont immobilisés depuis la décision de fermeture des frontières imposée par l’organisation sous régionale. Tout semble se passer comme si les autorités se trouvent dans une posture de demande des comptes à la Cedeao ou au Bénin sur les préjudices subis par les commerçants, transporteurs et propriétaires de ces engins. Tout comme pour les conteneurs de marchandises supposés en transit vers le Niger. De plus, le Niger avait déjà reçu de la part du Togo, une taxation préférentielle faite aux marchandises débarquées au port de Lomé, en transit vers le Niger, le Burkina ou la Mali. Une mesure récemment entérinée par le gouvernement togolais le 19 février dernier, quelques jours, seulement avant la tenue du sommet d’Abuja. Les négociations entre autorités au sommet avaient débuté depuis fin décembre 2024 lorsque le Bénin avait annoncé la levée de suspension des exportations de marchandises du Niger, transitant par le port de Cotonou. L’on se souvient également que le Niger avait rejeté la proposition du Bénin à ouvrir sa frontière afin d’acheminer l’aide humanitaire des Nations Unies aux populations nigériennes. Tout porte à vouloir conclure que le fossé entre les dirigeants des deux États voisins s’est davantage élargi avec le temps du maintien des sanctions de la Cedeao. En clair, des dissensions existent dès lors. Elles ont provoqué des plaies qui ne pourraient être pansées avec la seule déclaration de levée des sanctions économiques par la Cedeao. Le regard est donc tourné vers les diplomaties des deux États.
Ibrahim Yarou Djibril