Les Perspectives économiques de la Banque mondiale publiées la semaine dernière, affichent pour la région subsaharienne, une croissance en baisse par rapport à celle réalisée en octobre 2019. Afin d‘accélérer les performances en 2020, de nombreux défis sont à relever.
Félicienne HOUESSOU
D’après le nouveau rapport de la Banque mondiale, la croissance économique de l’Afrique subsaharienne ne devrait se chiffrer qu’à 2,9%. Une demande extérieure faible couplée à « l’accroissement de l’incertitude entourant les politiques mondiales, la chute des prix des produits de base » et les fragilités internes dans plusieurs pays de la région ont facilité ce ralentissement global. Selon l’institution financière, les économies de cette région verront leur croissance s’accélérer en 2020, notamment pour celles qui sortent d’une période de marasme économique. Soutenue par l’amélioration de la confiance des investisseurs, une reprise de la production pétrolière, et une croissance robuste chez plusieurs exportateurs de produits agricoles, ces économies devraient donc croître un peu plus cette année puis s’accélérer pour atteindre un taux de 3,2% en 2021. Un léger rebond qui devra se mériter. Des défis se pointent donc à l’horizon. Les pouvoirs publics doivent prendre des mesures pour atténuer les risques associés au gonflement de la dette. « Une gestion saine et transparente de la dette peut permettre de limiter les coûts d’emprunt, d’améliorer la soutenabilité de l’endettement et d’atténuer les risques budgétaires », indique le document. De solides régimes de réglementation et de surveillance, une bonne gouvernance et des normes internationales communes peuvent contribuer à contenir les risques, à faire en sorte que la dette soit utilisée de manière productive et à cerner rapidement les faiblesses.
Des propositions de la Banque mondiale
La productivité, un pan essentiel à l’amélioration du niveau de vie et à la réalisation des objectifs de développement a enregistré un rythme décevant au cours des dix dernières années. Depuis la crise financière mondiale, il y a eu un ralentissement généralisé de la productivité du travail dans les économies émergentes et en développement. La dernière édition des Perspectives économiques mondiales propose un examen approfondi des tendances de la productivité, en s’attachant à mettre en évidence les répercussions du ralentissement de la productivité sur les économies émergentes et en développement. La production moyenne par travailleur dans ces pays représente moins d’un cinquième de celle observée dans les économies avancées, voire seulement 2 % en ce qui concerne les pays à faible revenu. « Alors que les économies émergentes et en développement ont connu par le passé des périodes de progression et de repli de la croissance de la productivité, le ralentissement observé entre 2007 et 2015, de 6,6 % à 3,2 %, est le plus marqué, le plus long et le plus large jamais enregistré. Il s’explique par plusieurs facteurs : le recul de l’investissement et des gains d’efficience, la diminution des gains provenant de la réaffectation des ressources vers des secteurs plus productifs et le ralentissement des progrès enregistrés dans des domaines qui constituent les principaux moteurs de la productivité, à savoir notamment l’éducation et la qualité des institutions », expliquent les experts de la Banque mondiale.
Pour relancer la croissance de la productivité ces experts recommandent de : multiplier les efforts pour stimuler l’investissement privé et public, améliorer les compétences de la main-d’œuvre afin de doper la productivité des entreprises, canaliser les ressources vers les secteurs les plus productifs, redynamiser l’adoption technologique et l’innovation, et promouvoir un environnement macroéconomique et institutionnel propice à la croissance. Par ailleurs, le rapport semestriel se penche sur deux autres questions : les conséquences négatives du contrôle des prix et les perspectives d’inflation dans les pays à faible revenu. « Si l’inflation a fortement diminué dans les pays à faible revenu au cours des 25 dernières années, on ne saurait considérer comme acquis son maintien à un niveau bas et stable. Un faible taux d’inflation est associé à une production et à une situation de l’emploi plus stable, à des investissements plus importants et à une baisse du taux de pauvreté. Toutefois, la hausse des niveaux d’endettement et les pressions budgétaires pourraient exposer certaines économies à des perturbations susceptibles d’entraîner une forte hausse des prix. Le renforcement de l’indépendance et de la crédibilité des banques centrales, ainsi que la clarification des objectifs des autorités monétaires, sont essentiels pour préserver la stabilité des prix », renseigne le rapport. Si les décideurs parviennent à atténuer les tensions et à clarifier les problèmes en suspens dans un certain nombre de domaines, la région pourrait faire de bonnes performances avec des prévisions favorables à la croissance durable.