En Afrique, la Banque africaine de développement (BAD) continue de s’imposer comme un acteur important dans la lutte contre le changement climatique. Le 5 novembre 2024, au Caire, l’institution s’est vu décerner le Grand Prix spécial du jury lors de la première édition des Prix de l’innovation Finance Your Cities.
Sylvestre TCHOMAKOU
Avec son Mécanisme des bénéfices de l’adaptation (ABM), une solution pionnière de financement climatique, la Banque africaine de développement (BAD) se place, au titre de l’année 2024, au rang de l’excellence en matière de projets urbains d’adaptation aux bouleversements environnementaux. En témoigne le Grand Prix spécial du jury qu’elle s’est adjugée pour son Mécanisme des bénéfices de l’adaptation (ABM) lors de la première édition des Prix de l’innovation Finance Your Cities, le 5 novembre 2024, au Caire. Cette reconnaissance met en lumière l’outil financier innovant qu’elle a mis en place, destiné à renforcer la résilience climatique des communautés urbaines africaines face aux défis croissants du changement climatique. Déroulée en présence de nombreuses institutions internationales, dont le ministère français de la Transition écologique, l’Agence française pour la transition écologique, et la Commission européenne, cette cérémonie a été l’occasion pour le Jury de saluer “l’approche innovante” de l’ABM, qui permet de surmonter les obstacles financiers entravant les projets climatiques urbains, et son engagement pour un développement durable et résilient face aux changements climatiques. En l’absence du Président de la BAD, Akinwumi Adesina, c’est Abdourahmane Diaw, chef du bureau pays de la Banque en Égypte, et Gareth Phillips, chef de la division du financement du climat et de l’environnement, qui ont accepté le prix au nom de la BAD.
Créé en 2019, l’ABM se distingue par sa capacité à certifier et monétiser les avantages des mesures d’adaptation climatique. Il permet ainsi de financer des initiatives d’envergure dans les villes africaines, souvent trop coûteuses sans une intervention extérieure. En fournissant des données fiables sur les résultats obtenus en matière de résilience, l’ABM attire les investisseurs et mobilise des fonds pour les projets urbains, souvent portés par le secteur privé ou la société civile. Les enjeux climatiques sont d’une urgence particulière pour le continent africain, où environ 70 % des villes sont extrêmement vulnérables aux phénomènes météorologiques extrêmes. Les experts prévoient que l’Afrique pourrait subir une hausse de température deux à quatre fois supérieure à la moyenne mondiale, aggravant les risques d’inondations, de sécheresses et de tempêtes. « Ici au Caire, les conséquences des changements climatiques sont déjà visibles, notamment à travers les inondations soudaines dans la vieille ville, où les infrastructures ne sont pas adaptées », a expliqué Gareth Phillips lors de la remise du prix. Il a souligné que l’ABM est particulièrement bien adapté aux solutions visant à réduire les risques de catastrophes climatiques dans les zones urbaines.
Des projets concrets
Parmi les projets déjà mis en œuvre, une initiative dans le secteur de l’eau en Égypte est prévue pour 2025, tandis qu’au Sénégal, une installation de collecte et de recyclage du plastique, dirigée par des femmes, sera déployée à Kaolack. Ce projet, soutenu par la Société nationale de gestion intégrée des déchets du Sénégal (SONAGED), est conçu pour réduire les risques d’inondation en diminuant les déchets plastiques obstruant les canaux de drainage. « Ce projet jouera un rôle crucial dans la lutte contre les inondations dues aux changements climatiques », a affirmé Khalifa Ababacar Sarr, directeur général de la SONAGED. Le Grand Prix spécial du jury décerné à la BAD intervient alors que l’Afrique fait face à des défis climatiques sans précédent. Le Mécanisme des bénéfices de l’adaptation, en impliquant le secteur privé dans le financement des mesures d’adaptation, s’inscrit dans un ensemble plus large d’instruments proposés par la Banque, notamment les Fonds d’investissement climatiques et le Fonds pour les changements climatiques en Afrique.