La Russie vient d’étendre ses quotas d’exportation pour certains engrais et a réduit les niveaux d’expéditions autorisées – dans le cadre d’une initiative visant à sécuriser l’approvisionnement de son marché intérieur, alors que les agriculteurs se préparent pour le prochain cycle de récolte, a révélé Gro Intelligence.
« Annoncé cette semaine, le renouvellement de la politique des quotas sera effectif de janvier à mai et totalisera près de 11,8 millions de tonnes, qui seront réparties entre les exportateurs. Certaines exportations d’azote seront plafonnées à 5,87 millions de tonnes combinées, les produits d’engrais azotés complexes étant limités à 4,9 millions de tonnes », a expliqué Gro, la plateforme intelligente du climat et de l‘agriculture.
La Russie est le plus grand exportateur mondial d’engrais, avec de gros volumes généralement expédiés aux États-Unis et au Brésil.
En 2020, elle a exporté 7,6 milliards de dollars d’engrais, et la même année, les engrais étaient le 7ème produit le plus exporté en Russie.
La décision de la Russie, poursuit Gro, ajoute au défi de l’accessibilité des engrais auquel sont confrontés les agriculteurs du monde entier. La Chine a également restreint les exportations d’engrais et les exportations de potasse de la Biélorussie – un fournisseur majeur – en raison des sanctions américaines.
A en croire Gro Intelligence, la disponibilité de l’approvisionnement en engrais, bien qu’adéquate en Amérique du Nord et en Europe, sera particulièrement restreinte dans les pays où la dépréciation de la monnaie a alimenté une forte inflation, notamment en Amérique latine et en Afrique.
Russie-Afrique
La guerre russo-ukrainienne et les sanctions qui s’en sont suivies ont affecté la disponibilité des engrais en Afrique et a fait augmenter les prix, dans un contexte d’insécurité alimentaire et de dégradation des sols.
Conséquemment, les producteurs russes avaient décidé de faire un don des engrais en Afrique pour booster la production agricole.
A la fin de novembre, l’ONU avait révélé qu’un stock de 200 000 tonnes d’engrais russes se trouvait dans des ports et entrepôts européens.
Une première cargaison d’engrais tirée de ce stock était déjà acheminée en Afrique à partir des Pays-Bas, à bord d’un navire affrété par le Programme alimentaire mondial (PAM). En principe, le navire devrait accoster au Mozambique, avant que les engrais soient acheminés vers le Malawi.
Les prix mondiaux des engrais, bien qu’en baisse par rapport à leurs sommets de mi-2022, resteront historiquement élevés en 2023 et au-delà, faisant donc gonfler les coûts de production agricole, a souligné Gro Intelligence.
Jo da Costa