Avec une hausse de 9 % en valeur en 2023, le commerce de services – boosté par le numérique – a contribué à une résilience des échanges mondiaux marqués une baisse du volume des marchandises.
Aké MIDA
Le Rapport annuel 2024 de l’Organisation mondiale du Commerce (Omc) fait état d’une chute de 1,2 % des volumes de marchandises échangées en 2023 contre une croissance de 3,0 % l’année précédente, alors qu’on s’attendait à une hausse dans la droite ligne de la reprise économique post-Covid-19. En revanche, une certaine compensation est venue du commerce des services qui a connu une hausse remarquable de 9 % en valeur, stimulé notamment par la poussée postpandémique dans le tourisme.
La valeur des échanges des services commerciaux affiche une hausse de 21 % entre 2019 et 2023, tandis que les volumes d’échanges de marchandises n’ont augmenté que de 6 % sur la période, selon le rapport. Ce bond est favorisé notamment par le commerce de services fournis sous forme numérique avec une forte croissance de plus de 50 % entre 2019 et 2023.
Consciente de l’enjeu, la treizième Conférence ministérielle de l’Omc (MC13), tenue en février-mars à Abu Dhabi aux Emirats arabes unis, a préservé la prévisibilité du marché en prolongeant de deux ans (jusqu’au 31 mars 2026) le moratoire contre le prélèvement des droits de douanes sur les transactions transfrontalières électroniques. Un programme de travail sur le commerce électronique est conçu pour aider les pays les moins avancés à aborder les défis liés à la construction de leurs économies numériques. Les négociations se poursuivent aussi sur la mise en place de quelques règles de base partagées dans le commerce numérique.
Protectionnisme
La valeur totale des biens et services commerciaux échangés en 2023 est chiffrée à 30 400 milliards de dollars. En dépit du déclin observé par rapport à 2022, c’est un niveau « proche des records », se console la directrice générale de l’Omc, Ngozi Okonjo-Iweala, saluant la résilience du commerce mondial.
Dans un contexte géopolitique de tensions, de crise climatique et d’inflation, il est constaté une augmentation du protectionnisme ainsi que des mesures de politique unilatérale en matière d’échanges commerciaux. Plusieurs pays ont été confrontés aux conséquences des effets persistants de la flambée des prix et des taux élevés du prix de l’énergie.
Pour 2024, le volume du commerce mondial de marchandises devrait accroître de 2,6 %. L’Omc travaille, entre autres, à un accord sur les subventions à la pêche visant à protéger le milieu marin, la pêche et les moyens de subsistance de quelque 260 millions de personnes dans le monde entier qui dépendent des océans pour leur alimentation et les revenus. Un fonds a été créé à cet effet et a reçu des dons et des promesses de financement.
Des actions pour un commerce durable
Les ministres du Commerce se sont engagés dans une démarche révolutionnaire sur le rôle du commerce dans la lutte contre le changement climatique, en abordant les questions économiques, sociales et les préoccupations environnementales.
En ce qui concerne l’inclusion, l’Omc se réjouit de l’adoption formelle, après des années de négociations, des conditions d’adhésion pour les Comores et Timor-Leste, ainsi que des décisions tant attendues sur le traitement spécial et différencié pour les pays en développement.
A cela s’ajoute la finalisation de la Facilitation des investissements pour le développement, qui devrait aider les économies en développement, en simplifiant les procédures d’investissement et d’accès aux marchés.
Seul hic, les négociations sont peu avancées sur le volet agriculture, malgré l’importance du secteur pour l’emploi, les revenus et la sécurité alimentaire. « Les membres de l’Omc discuteront des préoccupations du commerce pour proposer de nouvelles solutions aux problèmes urgents et trouver des moyens d’éviter d’éventuels conflits commerciaux », assure Ngozi Okonjo-Iweala, directrice générale de l’Omc. Les efforts se poursuivent pour la mise en place d’un système de règlement des différends pleinement fonctionnel d’ici fin 2024.