La récente COP16 de la CNULCD à Riyad, dernière des trois COP des Conventions de Rio tenues consécutivement en 2024, a livré des messages puissants sur l’ampleur du défi que représente la dégradation des terres. Un extrait de l’Initiative ELD (Économie de la Dégradation des Terres) mérite une attention particulière :
« Nous avons besoin d’environ 1 milliard de dollars par jour pour faire face à la dégradation des terres et à ses impacts. Bien que cela puisse sembler être une somme importante, les gouvernements dépensent déjà 2 milliards de dollars chaque jour pour subventionner des systèmes de production alimentaire et de fibres qui sont nuisibles à l’environnement. »
Ce chiffre impressionnant – 1 milliard de dollars par jour – peut sembler écrasant, voire effrayant, mais il ne devrait pas l’être. En réalité, il représente une opportunité transformatrice.
Que pourrait accomplir 1 milliard de dollars sur le terrain ?
Prenons l’exemple de l’intensification de la Régénération Naturelle Assistée par les Agriculteurs (RNA) au Sahel, une approche éprouvée et rentable pour la restauration des terres. Restaurer seulement 1 hectare de paysage dégradé coûte environ 150 dollars grâce à la RNA. Et pour chaque hectare restauré, les résultats sont significatifs : moyens de subsistance améliorés, conservation accrue de la biodiversité et résilience climatique renforcée.
Imaginez l’impact si même une fraction de ces 1 milliard de dollars par jour était investie dans de telles solutions :
1. 6,6 millions d’hectares pourraient être restaurés chaque jour.
2. Des millions de vies transformées grâce à des sols plus fertiles, des rendements agricoles accrus et des écosystèmes renforcés.
3. Des progrès significatifs vers l’atteinte de la neutralité en matière de dégradation des terres (LDN) et la réalisation des objectifs mondiaux en matière de climat, de biodiversité et de réduction de la pauvreté.
Les chiffres sont des faits obstinés
Les gouvernements, les institutions de développement et le secteur privé ne peuvent pas ignorer ces chiffres. Les solutions sont réalisables, abordables et déjà prouvées efficaces. Pourtant, 2 milliards de dollars par jour continuent de financer des subventions qui, bien souvent, nuisent à l’environnement.
Pourquoi ne redirigeons-nous pas ces investissements vers des solutions qui fonctionnent ? Il est temps d’aligner nos paroles avec des actions concrètes et de consacrer nos ressources là où se trouve réellement l’avenir : dans la gestion durable des terres et la restauration à grande échelle.
Disons-le clairement : restaurer les terres n’est pas un coût, c’est un investissement pour notre survie collective et notre prospérité.
Tribune de Luc Gnacadja, ancien ministre de l’environnement du Bénin