Vendredi 6 septembre 2024, Fitch Ratings a confirmé, comme Moody’s l’avait fait, la note souveraine du Bénin à « B+ », avec des perspectives stables. L’agence de notation salue la résilience de ce pays d’Afrique de l’Ouest, mais pointe les défis persistants auxquels il fait face.
Falco VIGNON
« Une solide perspective de croissance, soutenue par un historique de réformes structurelles », écrit Fitch, tout en soulignant les faiblesses structurelles de l’économie béninoise. Avec une croissance de 6,4 % en 2023, le Bénin semble tirer son épingle du jeu. Portée par l’agriculture et la construction, l’économie a su résister aux turbulences régionales, notamment les fermetures de frontières avec le Nigeria et le Niger. « Nous prévoyons que la croissance restera robuste, atteignant en moyenne 6,6 % entre 2024 et 2026 », prévoit Fitch. Un taux qui dépasse largement la moyenne des pays notés « B », où la croissance médiane stagne à 4,5 %.
Cette dynamique repose en grande partie sur des projets d’infrastructures d’envergure, à l’image de l’expansion du Port de Cotonou, pour en faire un hub régional, et la Zone industrielle de Glo-Djigbé (GDIZ), qui ambitionne de diversifier l’économie vers des produits à plus forte valeur ajoutée. Mais derrière cette façade, le Bénin reste confronté à des défis majeurs. « L’économie demeure petite, vulnérable et fortement dépendante de l’agriculture », remarque Fitch. Le secteur informel, qui domine largement, limite les recettes fiscales et freine la capacité de l’Etat à financer ses dépenses.
Le déficit budgétaire, qui s’élevait à 4,1 % du PIB en 2023, devrait progressivement baisser pour atteindre 2,9 % en 2026, grâce à une stratégie de consolidation budgétaire. « Le gouvernement prévoit d’augmenter les recettes fiscales de 0,5 % du PIB chaque année, pour les porter à 16 % en 2026 », précise l’agence. Un objectif ambitieux, mais encore en deçà de la médiane des pays notés « B », qui s’établit à 21,7 %.
Côté dette, le Bénin affiche une trajectoire descendante. « La dette publique devrait passer de 54,5 % du PIB en 2023 à 50,6 % en 2026 », projette Fitch, un niveau légèrement inférieur à la médiane « B » de 54,2 %. Malgré ces progrès, le poids de la dette reste élevé : cette année 2024, elle tend vers 350 % des revenus, mais bien loin de la médiane « BB » de 190 %. Néanmoins, reconnaît l’agence de notation, le reprofilage de la dette en 2021 a permis de réduire les coûts d’intérêt à une moyenne de 10,9 % des revenus, un niveau maîtrisé par rapport à ses pairs.
La gestion proactive de la dette permet toutefois de maintenir les coûts sous contrôle, affirme l’institution financière. « L’exercice de reprofilage de la dette de 2021 a permis de réduire les charges d’intérêts à une moyenne de 10,9 % des revenus », souligne Fitch, en dessous de la moyenne des pays notés « B » (12,7 %). De plus, les besoins de financement du Bénin devraient diminuer, passant de 8,5 % du PIB en 2023 à 6,1 % en 2026.
Cependant, l’instabilité régionale demeure un risque majeur. « Les tensions au nord du Bénin, exacerbées par les conflits au Sahel, pourraient compliquer la situation sécuritaire », avertit Fitch. A cela s’ajoutent des tensions politiques internes suite à l’adoption du nouveau code électoral, notamment à l’approche de l’élection présidentielle de 2026, qui pourraient affecter le climat des affaires.
Le Bénin semble néanmoins déterminé à poursuivre ses réformes économiques, dans ce sens. Sous l’égide d’un programme du FMI, le pays a déjà enregistré des « avancées notables » : en 2023, les crédits au secteur privé ont progressé de 19,7 %, bien au-delà des prévisions initiales de 9 %. Une tendance qui, espère Fitch, devrait se maintenir si la trajectoire budgétaire reste intacte.