La Société nationale de commercialisation des produits pétroliers (SONACOP) peine à répondre aux besoins de la clientèle à tel point que l’on se demande s’il y a encore une goutte de carburants dans ses puits. Triste.
S’approvisionner en carburants dans l’une des stations-service de la SONACOP relève d’un miracle. Aujourd’hui, des milliers de tickets valeurs imprimés par la Société nationale de commercialisation des produits pétroliers (SONACOP) traînent à longueur de mois dans les poches des agents de l’Etat et constituent un casse-tête chinois pour ces derniers qui ne savent plus à quel Saint se vouer tant le bout du tunnel demeure incertain. L’amer constat est que les stations-service de la SONACOP ne sont plus approvisionnées en carburants depuis des lustres et la société étatique ne répond plus aux attentes des consommateurs notamment les services déconcentrés de l’administration publique qui voient leurs déplacements plombés par l’incapacité de la SONACOP à les satisfaire. Sur le terrain, c’est la désolation totale. Les agents de l’entreprise publique en charge de l’approvisionnement et de la commercialisation des produits pétroliers en poste dans les stations-service passent leur temps à faire signe aux usagers de l’inexistence du carburant. Conclusions, la SONACOP se trouve dans l’incapacité de satisfaire la demande de la clientèle. Un gâchis pour une société de l’Etat béninois créée en 1974 dont l’activité principale est la commercialisation des produits pétroliers et de leurs dérivés. Cette situation n’a que trop durer et il est temps de trouver une porte de sortie définitive à cette société.
Les privés à la rescousse
Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, les acteurs privés intervenants dans le secteur pétrolier au Bénin applaudissent le sort actuel de la SONACOP. Petit à petit, les entreprises privées propriétaires de stations-service sont en train de récupérer le portefeuille clients de la SONACOP, notamment la commande publique. Au terme du Conseil des ministres du mercredi 08 juin 2016, le gouvernement béninois avait décidé de recourir aux entreprises privées de distribution de produits pétroliers au Bénin. « Dans le cadre d’un meilleur fonctionnement de l’administration et pour alléger les difficultés d’approvisionnement en produits pétroliers auprès de la SONACOP, le Conseil a autorisé les institutions de la République et les ministères à s’approvisionner en produits pétroliers auprès des structures privées de commercialisation », a annoncé le gouvernement pour qui « l’administration est bloquée par le fait que la SONACOP n’est pas en mesure d’approvisionner en produits pétroliers». Il s’agissait d’une part de la commande publique en produits pétroliers qui reviendra aux entreprises privées. « 70% des commandes doivent être adressées à la SONACOP et 30 % des commandes à des sociétés privées », selon la répartition retenue en Conseil des ministres. L’application de cette mesure devrait avoir un impact sur la vie de la Société d’Etat. Mais aujourd’hui, plus de deux ans après cette mesure gouvernementale, la situation de la SONACOP n’a pas connu une avancée et, aujourd’hui, toute la commande publique en matière de carburant devrait prendre totalement la direction du secteur privé. La SONACOP, quant à elle, verrait ses jours comptés. Ainsi le secteur formel des produits pétroliers au Bénin passerait dans les mains des opérateurs économiques privés. Et c’est dans ce sens que devrait évoluer le gouvernement en relançant par exemple la privatisation pure et simple de la SONACOP pour le bien des consommateurs qui ne demandent que la disponibilité des produits pétroliers.
Constats des Commissaires aux comptes
Le rapport des Commissaires aux comptes de la SONACOP, exercice clos le 31 décembre 2017, fait cas de l’existence d’un compte bancaire, sur un total de 27 que dispose la Société nationale de commercialisation des produits pétroliers (SONACOP), dont le solde débiteur de 144 955 090 FCFA dans les livres comptables n’a pu être réconcilié, à la date de production du rapport des Commissaires aux comptes, le 16 octobre 2018, avec celui créditeur de 133 185 119 FCFA fourni par la banque, soit un écart de 11 769 971 FCFA en suspens. Les Commissaires aux comptes ont également constaté l’absence d’analyse et de régularisation des différents écarts, mis en relief par l’audit de gestion des tickets-valeur des exercices 2015 à 2017, entre les bons imprimés, les factures générées et les factures comptabilisées d’une part et d’autre part entre les retours émis, les factures d’avoir générées et les factures d’avoir comptabilisées au 31 décembre 2017 ; l’absence de justification des décaissements au profit des tiers et des salariés au 31 décembre 2017 pour des montants respectifs de 199 005 183 FCFA et 35 739 426 FCFA ; le Compte Courant du présumé actionnaire ‘’La Continentale des Pétroles et d’Investissements (CPI)’’ est resté débiteur au 31 décembre 2017, en l’absence de toute convention, pour un montant 7 828 026 195 francs CFA. Sans remettre en cause leur opinion, les Commissaires aux comptes attirent l’attention de l’Assemblée générale ordinaire de la SONACOP sur les dysfonctionnements révélés par l’évaluation du contrôle interne ; le risque de contestation des droits de propriété de la société sur son patrimoine foncier qui, à ce jour, n’a pas fait l’objet de formalisation auprès de l’Agence Nationale du Domaine et du Foncier (ANDF) conformément aux dispositions du Code foncier en vigueur en République du Bénin. Les cabinets, L’EXPERTCONSEIL Sarl représenté par Rodrigue KOSSOU et PLURIEX Sarl représenté par Irénée OKAMBAWA qui ont réalisé l’audit des états financiers annuels exercice clos le 31 décembre 2017 de la SONACOP, ont effectué leurs travaux comprenant le bilan au 31 décembre 2017, le compte de résultat, le tableau financier des ressources et emplois ainsi que l’état annexé. A en croire les Commissaires aux comptes, à l’exception des incidences des points décrits dans la section « Fondement de l’opinion avec réserve » de leur rapport, les états financiers annuels de la SONACOP sont réguliers et sincères et donnent une image fidèle du résultat des opérations de l’exercice écoulé ainsi que de la situation financière et du patrimoine de la société à la fin de cet exercice, conformément aux règles et méthodes comptables éditées par l’Acte uniforme de l’OHADA portant organisation et harmonisation des comptabilités des entreprises.
Falco Vignon