La médecine béninoise compte désormais dans ses rangs un spécialiste de renom mondialement reconnu en immunologie anti-cancer. Le professeur Olivier Adotévi, Immunologiste au CHU de Besançon et enseignant-chercheur à l’Université de Franche-Comté (UFC) de France dirige actuellement une équipe de chercheurs aguerris pour la mise au point d’un vaccin utilisant l’ARN messager pour lutter contre le cancer. L’équipe scientifique sous la houlette du Prof Olivier Adotévi apporte les dernières retouches au vaccin avant sa mise sur le marché.
Belmondo ATIKPO
A la suite de Louis Pasteur, Edward Jenner, Emile Roux, Alexandre Yersin et d’autres, le béninois Olivier Adotévi a bel et bien repris le flambeau en matière de recherches dans le domaine de l’immunologie. Ce médecin spécialiste et universitaire bon teint, met en ce moment toute son expertise au service de la communauté scientifique pour un meilleur traitement de la maladie du cancer. Cet universitaire de haut vol, a encadré plusieurs thèses et a participé à plusieurs colloques scientifiques. En faisant une fixation sur le cancer dans ses travaux de recherches, le professeur Adotévi veut apporter sa modeste pierre au traitement d’une maladie endémique du fait de ses conséquences. D’après les estimations de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), chaque année on compte près de 5 800 décès liés au cancer du pancréas. Le cancer du pancréas se manifeste par la formation d’un amas de cellules cancéreuses appelé tumeur. La majorité de ces cancers se localise au niveau de la tête du pancréas, partie proche de l’intestin. Dans 90% des cas, le cancer du pancréas apparaît sous la forme d’un adénocarcinome canalaire pancréatique. Ce cancer se développe à partir des cellules exocrines du pancréas, c’est-à-dire les cellules qui produisent les enzymes pancréatiques nécessaires à la digestion des aliments. Dans 10% des cas, la tumeur se développe à partir des cellules neuroendocrines (qui produisent des hormones modulatrices de la glycémie comme l’insuline ou le glucagon ou qui interfèrent dans la digestion telles que la gastrine ou le vasoactive intestinal peptide (VIP)). Chaque année environ 14 000 cas de cancers du pancréas sont diagnostiqués. 90% des cancers du pancréas sont des adénocarcinomes canalaires pancréatiques. Le pronostic du cancer du pancréas, souvent diagnostiqué tardivement, reste sombre, expliquant que la mortalité ne baisse pas. « Le pancréas est une grosse glande située dans la partie supérieure de l’abdomen, entre l’intestin grêle et la rate, derrière l’estomac », selon le docteur Thomas Feutren, oncologue et radiothérapeute libéral. Cet organe est doté de deux fonctions importantes : une fonction exocrine et une fonction endocrine. En dehors du cancer de pancréas, il y a aussi les cancers de seins, de la prostate, de l’estomac, de la gorge, de la peau, du col de l’utérus, du foie qui tuent des milliers de personnes par an dans le monde. Face, à ce tableau sanitaire préoccupant, l’immunologiste béninois Olivier Adotévi a pris son bâton de pèlerin pour partir en guerre contre le cancer, un mal mondial.
Un médecin engagé
Au-delà des fulgurances qui font de lui un spécialiste de renom, il dirige également une équipe de recherches à Besançon (France) au sein de l’UMR RIGHT placée sous la triple égide de l’Inserm, de l’Établissement français du sang (EFS) et de l’Université de Franche-Comté (UFC). Les travaux de recherches du médecin sont financés par la Ligue contre le cancer du regretté Axel Kahn. Pour rappel, depuis plusieurs années, le professeur Adotévi s’attèle à développer un vaccin anti-cancer universel du nom de UCP Vax. Encore en essai, mais déjà déployé dans 15 centres en France, l’UCP Vax est un vaccin thérapeutique c’est-à-dire contrairement aux vaccins préventifs, il aide les patients à lutter contre un cancer déclaré en stimulant leur système immunitaire. Au regard des conséquences dramatiques du cancer, les travaux du professeur Adotévi ne peuvent que susciter d’immenses espoirs.
Avec les vaccins à ARN messager, l’idée est de laisser nos cellules fabriquer elles-mêmes le composant contre lequel notre organisme va apprendre à se défendre. Concrètement, il s’agit donc d’administrer un ARN messager qui correspond au plan de fabrication d’une protéine du microbe ciblé, qui ne risque pas de nous rendre malade mais contre laquelle l’organisme va s’entraîner à lutter. Adressée directement aux ribosomes, sans passer par le noyau des cellules, cette molécule ne peut en aucun cas interagir avec notre génome ni conduire à son altération : rien à voir avec une thérapie génique ou la création d’un OGM. L’avantage de cette approche, c’est que les ARN sont bien plus simples et plus rapides à produire que les composants des vaccins « classiques ». Son défaut : la fragilité de ces petites molécules d’acide ribonucléique impose de conserver les préparations vaccinales à une température extrêmement basse. Quant à l’efficacité et à la sécurité de ce nouveau type de vaccin, bien qu’on ait encore peu de données et de recul, les informations disponibles à ce jour sont rassurantes, voire enthousiasmantes. Les molécules d’ARNm ou ARN messagers jouent un rôle important dans la synthèse des protéines. Pendant ce processus, les ARNm sont traduits en séquences d’acides aminés qui constituent les protéines. Leur structure est très similaire à celle de l’ADN, bien qu’ils contiennent un sucre ribose à la place du désoxyribose et le nucléotide uracile à la place de la thymine. L’ARN est composé d’une seule chaîne de sucre ribose à laquelle sont attachées des bases azotées et des groupes phosphates. Les bases azotées de l’ARN sont l’adénine (A), l’uracile (U), la guanine (G) et la cytosine (C).
Vaccin ARN messager, un traitement moderne du cancer
C’est peut-être une victoire contre l’un des cancers les plus meurtriers au monde. Le cancer du pancréas est mortel pour 88 % des patients touchés et reste à ce jour l’un des plus difficiles à traiter. Une tendance à la hausse : le cancer du pancréas devrait être à l’origine d’un nombre encore plus important de décès d’ici 2025. Le vaccin ARN messager présente des résultats prometteurs dans la lutte contre ces tumeurs, selon la revue scientifique Nature dans sa publication du 10 mai. Ce traitement est une révolution. Jusqu’à présent le cancer du pancréas est soigné chirurgicalement, la plupart du temps en retirant la partie du pancréas sur laquelle la tumeur s’est développée. Suivant l’endroit concerné, il faut parfois également retirer une partie de la rate, de l’intestin ou encore de la vésicule biliaire. La chimiothérapie, procédure très lourde, est aussi fréquemment utilisée contre ce cancer, dans un premier temps, pour tenter de réduire la taille des tumeurs. Cependant l’efficacité de ces traitements reste relative : lorsqu’elles sont enlevées chirurgicalement, les tumeurs réapparaissent dans les sept à neuf mois chez 90 % des patients. Si la chimiothérapie peut aider à prolonger la vie, elle est rarement un remède. C’est pourquoi les laboratoires BioNtech et Roche tentent d’élaborer un nouveau traitement, sous forme de vaccin ARN messager, méthode précédemment utilisée pour les vaccins Covid. Pour le moment, celui-ci a obtenu de très bons premiers résultats. Il a été testé sur un petit échantillon de 16 patients. La moitié d’entre eux ont réagi au vaccin, qui a appris à leur système immunitaire comment reconnaître et combattre les cellules cancéreuses. Aucun d’entre eux n’a vu son cancer revenir. Autre fait encourageant, mais plus anecdotique, une nouvelle croissance cancéreuse d’un patient dans son foie a disparu lors des tests d’imagerie après avoir reçu le vaccin. Des résultats à relativiser cependant, pour deux choses : la taille de l’échantillon étudié d’une part, et d’autre part le fait que les patients suivaient également une chimiothérapie et prenaient un médicament destiné à empêcher le développement des tumeurs. L’étude n’a pas pu entièrement exclure des facteurs autres que le vaccin ayant contribué à de meilleurs résultats chez certains patients. L’essai reste pour autant pertinent car il s’est concentré sur l’adénocarcinome canalaire pancréatique (PDAC), qui représente plus de 90 % des cas de cancer du pancréas. Seulement environ 10 % des patients PDAC sont vivants dans les deux ans suivant le diagnostic. Pour établir leur nouveau vaccin, les chercheurs ont extrait les tumeurs de patients aux USA, puis les ont envoyés jusqu’en Allemagne pour analyser leurs compositions génétiques. À l’aide de ces données, ils ont pu mettre au point des vaccins « personnalisés », conçus pour apprendre au système immunitaire de chaque patient à attaquer les tumeurs. Ce vaccin peut mettre neuf semaines à être développé, à terme l’entreprise souhaite réduire ce délai à quatre semaines. Un vaccin à ARN message contre le cancer de la peau est aussi en train d’être mis au point par le laboratoire américain Moderna.
Une solution contre le Covid-19
En parallèle de leur succès dans le Covid-19, les vaccins à ARN représentent un immense espoir dans la lutte contre le cancer. A travers le monde, de nombreux projets ont été lancés afin d’essayer de mettre au point une injection qui pourrait venir à bout des tumeurs et de leurs métastases. Pour l’instant, les résultats ne sont pas assez satisfaisants. Une vingtaine d’essais cliniques ont déjà été lancés mais la plupart butent sur le même problème : une grande partie de l’ARN injecté arrive dans le foie, un organe qui n’est pas propice à une bonne réponse immunitaire (en plus du risque d’inflammation du foie). Le but est de diriger les antigènes vers le système lymphatique où les lymphocytes (les globules blancs) et les lymphocytes T sont concentrés pour apprendre à combattre une infection extérieure. C’est un défi qu’est parvenu à relever la Tufts School of Engineering (Etats-Unis), où une équipe a mis au point un vaccin aux résultats très intéressants. Des résultats publiés dans la revue spécialisée PNAS. Les vaccins consistent à reproduire une petite portion de l’ARN messager, c’est-à-dire un code génétique qui correspond aux antigènes du cancer. Cette portion d’ARN permettra de créer des anticorps dans l’organisme du patient vacciné. En l’inoculant au patient, le vaccin fournit à l’organisme une sorte de mode d’emploi pour fabriquer des petites cibles inoffensives du cancer, sur lesquelles les globules blancs peuvent s’entraîner, avant d’aller détruire la véritable tumeur.