L’augmentation constante des prix des denrées alimentaires et le refus catégorique de la Russie de renouveler l’accord des céréales, laissent planer le spectre d’une crise alimentaire sur l’Afrique. Mais certains observateurs pensent que ces circonstances devraient motiver les autorités gouvernementales africaines à développer l’agriculture en vue de booster la production et la consommation locale. Julien COSTA Selon l’ONU, les principaux instruments d’un développement agricole et rural durable sont la politique générale et la réforme agraire, la participation, la diversification des revenus, la conservation des terres et la gestion améliorée des intrants. « Le succès d’un développement agricole et rural durable dépendra largement de l’appui et de la participation des populations rurales, des pouvoirs publics et du secteur privé ainsi que de la coopération internationale, y compris aux niveaux technique et scientifique », soutient l’Organisation des Nations Unies. En plus, à en croire l’ONU, la priorité devrait être accordée au maintien et à l’amélioration de la capacité des terres agricoles à fort potentiel de subvenir aux besoins d’une population croissante. « Toutefois, pour maintenir des ratios terre/hommes viables, il sera également nécessaire de conserver et de restaurer les ressources naturelles des terres à faible potentiel ». Selon Gro Intelligence, la plateforme digitale agro-climatique et environnementale, produire plus de nourriture au niveau national pourrait aider à tempérer la spirale des coûts d’importation des denrées alimentaires. « La plupart des importations alimentaires sont libellées en dollars américains, ce qui gonfle le coût lorsqu’il est converti dans la devise d’un pays qui a perdu de la valeur par rapport au dollar. Et bien que la devise américaine soit en baisse par rapport à ses récents sommets, elle reste élevée sur une base historique », explique Gro. Le Nigéria sur la bonne voie ? Conscientes de l’augmentation vertigineuse de la population qui pourrait souffrir davantage si la crise alimentaire venait à atteindre des proportions alarmantes, les autorités nigérianes ont pris certaines mesures qui, selon bon nombre d’observateurs, vont dans le sens du développement de l’agriculture en vue de booster la production locale.« Soulignant le lourd tribut de l’inflation des prix alimentaires sur les économies locales, le Nigéria a déclaré l’état d’urgence qui donne au gouvernement des pouvoirs extraordinaires, y compris la déforestation, pour accroître la production agricole nationale afin de réduire les importations coûteuses », souligne Gro Intelligence.L’application sur l’inflation des prix agricoles de Gro montre que les prix d’un panier de céréales, d’oléagineux et d’huiles végétales pondéré en fonction de la consommation au Nigéria ont augmenté de près de 200% au cours des trois dernières années, en particulier à la suite de la chute de la valeur du naira nigérian après que le gouvernement a supprimé son arrimage au dollar américain le mois dernier et a permis à la monnaie de flotter librement.