En dépit de leur contribution énorme à la croissance économique, y compris à la survie de secteur-clé comme l’agriculture, les zones rurales du continent semblent s’effondrer, faute de politiques adéquates de développement rural et de volonté politique.
Issa SIKITI DA SILVA
Au moins deux tiers de la population africaine vit dans les milieux ruraux où plus de 60% souffrent de la marginalisation et de l’exclusion sociale, vivent dans la pauvreté extrême et subissent des menaces constantes des changements climatiques, selon les experts.
Et pourtant c’est là où est concentrée la majorité des agriculteurs, des pêcheurs et des éleveurs, ces hommes et femmes qui travaillent assidument pour faire nourrir les milieux urbains. Les similarités sont choquantes dans tous les pays africains, même dans les pays qui possèdent des semblants de politiques de développement rural.
Retard
Les causes du retard en développement quasi-généralisé en milieu rural subsaharien sont, entre autres, liées au manque d’accès aux services sociaux de base tels que l’éducation, la santé, l’électricité, l’eau potable et l’assainissement, des infrastructures modernes et adéquates, explique un rapport intitulé « Défis et opportunités de développement rural en Afrique. Le rapport, publié sous la supervision de Mohamed Alaoui, un expert en eau et développement rural et Mustapha Bahri, consultant socio-économiste, épingle les politiques étatiques qui ont souvent marginalisé les zones rurales.
« La réussite du développement rural est celle du développement tout court », martèle Axel van Trotsenburg, DG des opérations de la Banque mondiale. La Banque mondiale exhorte les Etats à valoriser la place des femmes et de libérer leur pouvoir d’action, car elles sont souvent entravées par leur faible niveau d’instruction, leur accès insuffisant aux intrants agricoles et aux financements et par des régimes fonciers qui ne sécurisent pas leurs droits.
Le cas du Bénin
L’accès à l’eau potable est un défi majeur dans les zones rurales du Bénin, où seulement moins de 40% de la population rurale a accès à l’eau courante, contre un taux de 57 % en milieu urbain, d’après le Programme commun de suivi de l’OMS et de l’UNICEF.
Cependant, la Banque mondiale, qui en 2017 y avait lancé le projet d’approvisionnement en eau potable en milieu rural 2017-2030 , avait souligné qu’il était essentiel de veiller à ce que les pauvres aient accès à des services d’alimentation en eau durables et de qualité.
Jeunes ruraux en débandade
Environ 500 millions de jeunes vivent dans les zones rurales des pays en développement, et représentent près de la moitié de la jeunesse de ces pays, selon un rapport accablant du FIDA, publié en juin 2019.
Faute d’emplois ou des fonds de commerce, ces jeunes sont souvent recrutés par des groupes terroristes pour combattre leurs gouvernements. Alors que certains tentent de traverser la Mer Méditerranée pour chercher une « meilleure vie » en Europe, d’autres prennent tout simplement le chemin des villes, où ils seront confrontés à une extrême pauvreté urbaine.