La Zone de libre-échange continentale (ZLEC) est entrée en vigueur, hier jeudi 30 mai 2019, sans le Bénin qui hésite encore à rejoindre le mouvement de même que son voisin de l’Est, le Nigéria.
Joel YANCLO
Adhérer ou ne pas adhérer. Pour le moment, c’est la seconde option qu’a choisi le Bénin. Au moment où le train de la Zone de libre-échange continentale (ZLEC) quittait la gare hier, jeudi 30 mai 2019, le pays ne fait pas partie de la vingtaine de nations du continent africain qui porte ce projet. En effet, signée le 21 mars 2018 par 49 États africains, la Zlec a été ratifiée par 22 pays. Quota prévu pour son entrée en vigueur. Et, à cette date butoir, on ne saurait expliquer les motifs de cette hésitation des autoritées béninoises. Le Nigéria, voisin du Bénin et la plus grande économie du continent est aussi dans cette dynamique hésitante. Mais, des sources proches d’Abuja indiquent que leur position est entrain d’évoluer en vue de rattrapper le train à la prochaine gare. Que fait le Bénin ? Car, malgré son entrée en vigueur ce jeudi 30 mai 2019, l’Union africaine dispose encore d’un mois pour mettre en place la phase opérationnelle et notamment les instruments techniques pour contrôler cette Zone de libre-échange. Les négociations se poursuivent donc sur ses conditions d’application. Tout peut ainsi évoluer dans un sens comme dans l’autre. Car, au-delà de cette journée historique, les négociations bilatérales entre les États, commencées le 20 mai dernier, vont se poursuivre, notamment sur la nomenclature des produits échangés pour déterminer ceux qui feront l’objet d’une libéralisation ou au contraire qui en seront exclus. L’exclusion repose sur des critères comme la sécurité alimentaire, les recettes douanières ou l’impact socio-économique. Par ailleurs, seront abordées les conditions applicables pour que les marchandises bénéficient de la franchise de droits de douane. La Zone de libre-échange continentale (ZLEC), projet phare de l’Union africaine en vue de l’émancipation économique du continent, est entrée en vigueur jeudi, avec pour but d’augmenter le commerce intra-africain de 60% d’ici à 2022, a annoncé l’UA. La phase opérationnelle doit toutefois être lancée le 7 juillet lors d’un sommet de l’UA à Niamey, après finalisation d’instruments clés tels que les mécanismes d’arbitrage, la définition des règles d’origine des marchandises ou encore des mécanismes en vue de l’élimination des obstacles tels que la corruption ou les mauvaises infrastructures. Aujourd’hui, 52 membres de l’UA sur 55 ont signé l’accord portant création de la ZLEC depuis mars 2018. La zone de libre-échange doit permettre l’élimination progressive des droits de douane entre pays membres, favorisant ainsi le commerce au sein du continent et permettant aux pays africains de s’émanciper d’un système économique trop centré sur l’exploitation des matières premières. Si les 55 pays membres de l’UA signent le document, la Zlec ouvrira l’accès à un marché de 1,2 milliard de personnes, pour un PIB cumulé de plus de 2.500 milliards de dollars. Ses défenseurs estiment qu’elle aidera à la diversification des économies africaines et à l’industrialisation du continent, tout en lui offrant une plateforme unique pour négocier de meilleurs accords commerciaux avec l’extérieur. Mais tout le monde ne partage pas cet optimisme. Les critiques du projet observent que la piètre qualité des infrastructures de transport et le manque de complémentarité entre les économies africaines sont un frein au développement du commerce intra-africain.
Le Bénin réserve sa signature
Pour mémoire, le Bénin n’a pas signé le mercredi 21 mars à Kigali, l’accord de création de la Zone de libre-échange continentale (ZLEC) de l’Union africaine. En dépit du soutien à l’initiative, le Bénin a réservé sa signature pour plus tard, avait décidé le gouvernement en conseil des ministres. La signature béninoise de l’accord interviendra après « des consultations nationales nécessaires avec le Parlement, les acteurs sociaux et économiques », avait indiqué le gouvernement béninois qui avait approuvé la déclaration de Kigali relative au lancement de la ZLEC. Mais les autoritées béninoises voudraient mener des « études préalables plus approfondies » sur le projet devant aboutir à une feuille de route réaliste, tenant compte des spécificités de chacune des régions économiques. Ce qui devrait permettre de mieux éclairer et orienter les décideurs nationaux pour l’atteinte des objectifs socio-économiques et politiques pertinents. Vivement que le Bénin rentre dans le train de la ZLEC à la prochaine gare.