Avec un taux de pression fiscale de 12,2 % du Pib à fin 2022, la situation du Bénin indique une sous-mobilisation des recettes fiscales et une transition fiscale inachevée qu’il convient de pallier.
Par Aké MIDA
Le taux de pression fiscale au Bénin est ressorti à 12,2 % du Produit intérieur brut (Pib) en 2022, d’après le Rapport de fin d’année 2022 du Ministère de l’Economie et des Finances (Mef). Le gouvernement entend le porter à 13,2 % en 2024 puis à 14,0 % en 2026, selon les projections contenues dans le Document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle (Dpbep) 2024-2026 publié en avril dernier.A cet effet, le gouvernement entend déployer, pour le triennal prochain, une politique de renflouement des caisses de l’Etat qui s’articulera autour du cadrage budgétaire pluriannuel convenu avec le Fonds monétaire international (Fmi) dans le cadre du programme mixte du Mécanisme élargi de crédit (Medc) et de la Facilité élargie de crédit (Fec).La stratégie envisagée vise à mettre l’accent sur le renforcement des régies financières, la digitalisation du paiement des recettes au niveau des représentations diplomatiques et consulaires et la consolidation de l’interconnexion des bases de données pour une meilleure appréhension des contribuables, l’élargissement de l’assiette fiscale et la fiscalisation du commerce électronique.En fait, le potentiel fiscal du Bénin reste faible. Le pays n’a collecté les recettes fiscales qu’à hauteur de 66,15 % de ses capacités sur la période 1989-2019, selon l’Examen du potentiel fiscal du Bénin. L’effort fiscal moyen qui représente la performance ou l’efficacité dans la mobilisation des recettes fiscales, a été de 63,57 % en moyenne sur les cinq dernières années de l’étude (2015-2019), malgré la pression fiscale qui semble peser sur les entreprises et les ménages béninois. Cela met en évidence une possibilité de mobilisation fiscale supplémentaire de 36,43 %.Rattraper le potentiel perduLe potentiel fiscal (recettes additionnelles pouvant être collectées) est de l’ordre de 5,83 % du Produit intérieur brut (Pib) en moyenne sur la période 1989-2019 et 5,76 % du Pib en moyenne sur la période 2015-2019, suivant les estimations issues de la base de données de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao).Les recettes totales collectées se sont établies à 13 % du Pib en 2016, 13,2 % en 2017 (Banque Mondiale, 2018), 15,7 % en 2018 selon l’édition 2019 du Bilan et perspectives à court et à moyen termes de l’économie nationale (Bipen).La Banque mondiale a indiqué que la pression fiscale est restée comprise entre 14,9 % et 13,2 % du Pib, entre 2010 et 2017. Cela dénote d’une inefficacité des politiques de mobilisation des ressources, avec la prédominance du secteur informel, les problèmes de gouvernance et de corruption.C’est en ce sens que la politique du gouvernement visant la transformation structurelle de l’économie béninoise est salutaire pour permettre de rattraper de potentiel perdu. Pour ce faire, la mise en place de mesures coercitives, en cas de fraude fiscale, permettrait d’améliorer les recettes fiscales. Il importe aussi d’intensifier les actions de communication afin de démystifier la matière fiscale, de chasser la peur de l’impôt et d’asseoir durablement un civisme fiscal, indispensable à la collecte des ressources domestiques.
Evolution de la pression fiscale de 2012 à 2021
Source : UPF/DPSE, 2022
En dépit de la bonne tenue des recettes fiscales, le taux de pression fiscale ressort encore faible au Bénin