Au Bénin, environ 65 % de la population font partie des 20 % (P20) d’individus les plus pauvres du monde. Ces 65% de la population béninoise, soit les P20 nationaux se partagent 3,2 % du revenu national.
Le rapport «Initiative P20 –Les données pour ne laisser personne de côté au Bénin » en date de juin 2018 aborde la situation des 65% de la population béninoise faisant partie des 20% d’individus (P20) les plus pauvres du monde. Les données les plus récentes obtenues par l’Organisation Development initiatives, indiquent que les dépenses quotidiennes de consommation maximales par personne atteignent les 2,54 US $ au Bénin. Elles s’élevaient en moyenne à 1,38 US $ en 2013 et à seulement 1,15 US $ en 2002 ; or environ 65 % des Béninois appartiennent aux P20 mondiaux. Il est donc globalement urgent de s’adresser à ces deux tiers de la population béninoise qui font partie des 20 % les plus pauvres du monde. L’engagement de « ne laisser personne de côté » fixe par ailleurs l’objectif d’aider en priorité les plus défavorisés. Pour mieux comprendre les groupes de personnes les plus susceptibles d’être laissés pour compte, Development Initiatives observe les P20 nationaux du Bénin. En 2015, les 20 % les plus pauvres dans le pays vivaient avec moins de 0,95 US $ par personne et par jour. C’est moins de la moitié du seuil international de pauvreté. Cette population a vu ses dépenses moyennes de consommation fortement diminuer au cours de ces dernières années atteignant 0,90 US$ en 2002, elles se sont écroulées à 0,64 US $ en 2013. En d’autres termes, la consommation moyenne des P20 nationaux correspondait à environ un tiers du seuil international d’extrême pauvreté, contre un peu moins de la moitié auparavant. Cela signifie que malgré leur grand nombre (20 % de la population nationale), les P20 béninois ne représentent que 3,2 % de la consommation du pays. Ce constat soulève deux problématiques fondamentales, et illustre bien le défi que représente le Programme 2030 selon Development Initiatives. D’une part, les progrès concernant les personnes les plus pauvres doivent être suffisamment rapides pour réduire l’écart avec le reste de la population, autrement, celui-ci ne fera, par définition, que s’accentuer. D’autre part, réduire ces inégalités signifie que le seuil de consommation (les niveaux de consommation les plus faibles) doit augmenter. L’ODD 10 est très clair sur ces points : les progrès concernant les populations les plus pauvres doivent être réalisés à un rythme plus soutenu que ceux constatés à l’échelle de la population nationale en moyenne. Pour les P20 du Bénin, on observe une stagnation de la consommation moyenne quotidienne dans les années 1990 et 2000, puis une baisse au cours des années 2010. En parallèle, une progression considérable a été enregistrée pour le reste de la population.
Une menace pour la consommation
Si les tendances récentes se confirment, les P20 risquent d’être laissés de côté en matière de consommation au Bénin. Le programme ARCH et d’autres initiatives gouvernementales visant à ne laisser personne de côté pourraient contribuer à remédier à cette situation. Axé sur l’assurance maladie, ce programme pourrait s’avérer être un moyen important d’éviter que les familles ne sombrent dans la pauvreté. Anirudh Krishna a découvert que les frais de santé constituaient l’un des principaux facteurs contribuant à l’appauvrissement des familles, et ce dans un large éventail de contextes. Par ailleurs, les programmes de transferts en espèces se sont également montrés efficaces pour réduire la pauvreté dans divers contextes. En vertu de l’ODD 1, le gouvernement du Bénin s’est fixé l’objectif de réduire de moitié le taux de pauvreté du pays d’ici à 2030, tous âges et sexes confondus. On estime qu’en 2015, 40 % de la population béninoise vivait sous le seuil de pauvreté national, contre 33 % en 2007. De même, le Bénin a récemment vu le nombre de ses citoyens sous le seuil international d’extrême pauvreté (fixé à 1,90 US $) passer de 49 % en 2002 à 51 % en 2013. La croissance du Produit intérieur brut sur cette période s’est pourtant accélérée de façon considérable, mais elle n’a entraîné aucune réduction de la pauvreté, et ce, pour de multiples raisons. Parmi les facteurs repérés par l’INSAE figurent la productivité stagnante du secteur agricole, ainsi que l’insuffisance des ressources dont bénéficient les populations vulnérables.
Joël YANCLO
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