Plus de 6 millions d’emplois seront supprimés à travers le monde d’ici 2030 dans le cadre du processus de transition à l’économie verte, et ceci comprend les secteurs du pétrole, du gaz et du charbon.
Issa SIKITI DA SILVA
Bien que ce chiffre paraît quatre fois inférieur par rapport au nombre d’emplois qui seraient créés au crépuscule de 2030 lors de l’avènement de la forte action climatique (24 millions), la nouvelle de la perte de ces emplois inquiète déjà bon nombre d’observateurs, y compris les employés.
« 2030 c’est juste à côté, c’est dans huit ans. Je ne sais pas comment cela va se passer parce que les employés de ces secteurs craignent pour leur avenir et celui de leurs familles. Si on ferme ces usines et qu’il n’y a pas de solutions appropriées pour ceux qui vont perdre leurs emplois, ce sera catastrophique », déclare Peter, le frère de l’employé d’une usine d’extraction de charbon.
« Bien que les personnes qui travaillent dans ces secteurs sont mal payées et ne parviennent pas à bien s’occuper de leurs familles, elles ont quand même besoin de cet emploi. Donc il faut une planification minutieuse », dit Linda, ancienne employée d’une compagnie pétrolière.
Selon Molly Bergen, responsable de la communication pour le programme du climat au sein du World Resources Institute (WRI), le processus de transition à l’économie verte fera plus de mal aux communautés s’il ne prend pas en compte les personnes affectées.
« Une planification minutieuse est essentielle pour s’assurer que personne n’est laissé pour compte lors de la fermeture d’une centrale électrique ou de l’ouverture d’une nouvelle installation d’énergie renouvelable. Mais tout cela prend du temps à se mettre en place – et si les institutions au pouvoir ne prennent pas ce temps, les choses vont mal tourner. Un aspect de ce changement qui est souvent négligé est que s’il est fait de la bonne manière, la transition va améliorer des vies », explique-t-elle.
« Il faut examiner de plus près comment garantir qu’une transition juste est transparente et participative et qu’elle implique vraiment un engagement à plus long terme avec les besoins des citoyens, et aussi vraiment s’assurer que l’inclusivité est pensée délibérément », souligne Carole Excell, directrice de stratégie au Waverley Street Foundation, une organisation basée en Californie.
« Je ne vais pas trop m’inquiéter pour les dirigeants d’une compagnie pétrolière ou d’une entreprise de charbon, mais pour les travailleurs qui ont fait partie de cette économie et n’ont pas vraiment dirigé ce programme par le haut. Nous ne pouvons pas simplement partir et les laisser au bord de la route », martèle David Waskow, directeur de l’Initiative internationale sur le climat, au sein du WRI.
Si l’Afrique détient 8% des réserves mondiales de pétrole et de gaz, ses réserves du charbon ne représentent que moins de 4% de celles du monde. L’Afrique du Sud est le premier pays producteur africain du charbon.
A en croire Carlos Lopes, professeur à l’Université de Cape Town, l’énergie moderne et propre pourrait alimenter la croissance économique de l’Afrique et accélérer l’expansion de l’électricité dans les zones rurales.