Lourdeur administrative, pauvreté de l’apprentissage, faible offre sanitaire, politiques et programmes de vastes portées imposées depuis le sommet… constituent un terreau fertile au retard de croissance de l’Afrique. A l’instar de ces décideurs qui proposent mille et une voie pour la transformation des économies africaines, David Malpass propose quatre axes fondamentaux sur lesquels devraient agir les dirigeants africains afin de booster la croissance du continent.
Sylvestre TCHOMAKOU
En prélude au Sommet Royaume-Uni/ Afrique tenu à Londres le lundi 20 janvier 2020, le Président du Groupe de la Banque mondiale, David Malpass, a, à travers une réflexion publiée sur le site de l’institution, insisté sur quatre domaines que doivent exploiter les décideurs, notamment les dirigeants africains. S’inscrivant dans la logique de la mission de la Banque Mondiale qui est de réduire la pauvreté et de relever les niveaux de vie, le fondateur d’Encima Global LLC appelle à une renaissance dans la gestion des biens publics. Pour lui, disposant d’une population majoritairement jeune, les pays ont besoin de règles de droit qui favorisent la concurrence et qui sont appliquées. « Des ressources financières saines, de la discipline dans les dépenses, de l’eau potable et une électricité fiable sont tous des éléments nécessaires au progrès », énonce-t-il. Les taxes et la réglementation doivent être équilibrées et promouvoir une croissance durable en privilégiant dès le départ des secteurs agricoles plus productifs et obéissant aux lois du marché. Dans cet élan écarté, « le développement s’en trouve bridé, ne laissant que fragilité et conflits comme options à des millions de personnes », analyse-t-il.
Réformer les entreprises publiques et éliminer les obstacles du commerce transfrontalier
S’il est une réalité que le continent est freiné par l’ingérence de l’Etat et les intérêts particuliers, pour David Malpass, il y a lieu d’agir dans quatre domaines. A l’en croire, il faudrait, primo, réformer les entreprises publiques et supprimer les monopoles sur les marchés afin d’accroître la concurrence. Cette proposition qu’il juge nécessaire, s’explique par l’emprise excessive de l’Etat dans de nombreux pays, évinçant le secteur privé des secteurs de l’agriculture, des transports et de l’énergie. Secundo, il s’avère important d’éliminer les obstacles au commerce transfrontalier. « Les lourdeurs administratives et la réglementation excessive empêchent la libre circulation des biens, services, idées et ressources entre les pays. », justifie-t-il à ce propos. La revalorisation de cette politique axée sur le commerce intrarégional accru peut exercer la pression et générer les ressources nécessaires à l’amélioration des infrastructures.
Refonte du système éducatif et promotion de la bonne gouvernance
Au-delà de ces deux premiers points, tertio, la caisse publique étant celle de tous les citoyens, selon le numéro 1 de la Banque Mondiale, la dette et l’investissement publics devraient être plus transparents. Les citoyens auraient ainsi davantage leur mot à dire sur les marchés et contrats publics et sur les engagements pris par leurs gouvernants, point de départ fondamental de l’application de l’état de droit. Par ailleurs, le système éducatif africain beaucoup trop théorique et en déphasage avec les besoins du marché africain, il s’avère primordial la révision des notions dispensées aux apprenants. Ainsi, « la région doit s’attaquer au problème de la « pauvreté des apprentissages », évoque-t-il en dernier ressort. « Nous avons publié récemment un rapport qui se penche sur la capacité des enfants âgés de 10 ans à lire un récit simple. Dans certains pays africains, jusqu’à 80 % de ces enfants n’en sont pas capables. », argumente-t-il. Le capital humain étant le plus précieux des biens, il urge donc une politique éducatrice novatrice pour permettre aux apprenants africains d’acquérir des compétences et sortir de la pauvreté. Au vue de ces multiples possibilités dont ils disposent, les Etats africains peuvent transformer leurs économies et améliorer le sort des populations.