La révolution numérique reste l’un des défis importants de ce siècle. Le Bénin y travaille. Depuis 2016, le gouvernement fait des efforts, ce qui a permis de porter de 20 % en 2015 à 69% la pénétration d’internet à fin 2022.
69% de taux de pénétration d’Internet au Bénin à fin 2022. La nouvelle a été apportée par la ministre du numérique et de la digitalisation, Aurélie Adam Soulé Zoumarou lors d’une interview. Il s’agit d’un bond important mais le gouvernement a plus d’ambition pour le secteur et entend aller au-delà, selon la ministre. A ce jour, le pays a mis en place environ 2.500 km de fibre optique. La connectivité est en pleine amélioration avec des impacts sur le coût. Cela a permis également d’améliorer les services aux populations avec un niveau accru de dématérialisation. En effet, « grâce aux efforts consentis par l’ensemble des acteurs, on compte aujourd’hui sur le portail national des services publics du Bénin, 1.052 services administratifs accessibles en ligne pour lesquels des milliers de requêtes sont reçues chaque jour de la part des populations. Plusieurs actes administratifs sont délivrés aux citoyens via cette plateforme sans le moindre déplacement de leur part, grâce à la connectivité », a confié la Ministre du Numérique et de la digitalisation. Dès lors, les Béninois accèdent à plusieurs services publics depuis chez eux et obtiennent plusieurs documents en ligne. D’ailleurs, la CNUCED a classé en 20220, le Bénin comme le pays le plus rapide au monde en création d’entreprise. La vision du gouvernement est d’œuvrer à renforcer ces potentiels. C’est pourquoi, « ne pas disposer d’une bonne connectivité au Bénin n’est pas envisageable pour le gouvernement, donc nous travaillons pour assurer aux Béninois une connectivité de qualité, disponible et à des prix raisonnables afin de faciliter l’accès aux services de l’Etat », a fait savoir Aurélie Adam Soulé Zoumarou. Dans la même dynamique, la révolution numérique permet de lutter contre le chômage au Bénin. Depuis 2016, plusieurs milliers d’emplois ont été créés. Avec le Programme d’actions du gouvernement 2016-2021 (PAG1), il était prévu que le secteur génère 90.000 emplois. Au bilan, le gouvernement a fait plus, car « nous avons dépassé cet objectif » a confié la ministre.
Coût, extension de la digitalisation…les défis
Le coût reste un levier majeur d’accessibilité. C’est pour cela que le gouvernement au-delà de rendre accessible la connexion, est préoccupé par la mise en œuvre de tarifs qui facilitent l’accès aux populations. C’est en tenant compte de cela que la ministre du numérique et de la digitalisation a confié : « Il ne s’agit donc plus seulement de rendre disponible la connectivité, mais d’identifier les freins à l’accès. Nous travaillons concomitamment sur la question avec tous les fournisseurs de solutions, et les partenaires au développement. Nous avons construit une approche dynamique qui ne repose pas uniquement sur l’aspect technologique ». L’usager demeure au cœur des priorités du gouvernement qui travaille à faciliter l’accès aux infrastructures ainsi qu’aux services en vue du respect des exigences de l’Alliance pour l’Internet Abordable selon laquelle, le coût de la connexion ne doit pas excéder 5% du revenu du travailleur. Dans un contexte de bonification des salaires, le gouvernement entend respecter cette exigence faisant ainsi le bonheur des populations. « Faire de la technologie pour la forme ne nous intéresse pas ». Toujours en ce qui concerne l’accessibilité, des tarifs abordables sont appliqués pour ce qui est de la fibre optique. « L’accès à la fibre à domicile, lorsque vous êtes dans une zone éligible, coûte 30 000 francs CFA (45 euros, ndlr). L’abonnement pour l’accès ADSL revient à 17 000 francs CFA (auquel s’ajoutent les frais d’installation (selon les distances par rapport aux points de présence de l’opérateur), qui varient de 0 à 70 000 francs CFA, soit l’équivalent de 106 euros », a confié le ministre. Par ailleurs, le pays nourrit de nombreuses autres ambitions pour le développement du numérique. En plus des pôles d’innovation tel Sèmè City, le Bénin s’est doté d’une école du numérique. Il est attendu pour bientôt, la phase opérationnelle d’un projet d’extension de la fibre optique du backbone, dans la partie ouest du pays et la sécurisation des boucles. La transformation numérique des collectivités locales reste une importante préoccupation du gouvernement qui y travaille déjà. « Il est important de décentraliser nos services pour le bénéfice du plus grand nombre (…) Nous sommes aujourd’hui dotés d’une stratégie nationale pour l’intelligence artificielle et les Big Data car le Bénin veut s’inscrire sur la carte des pôles de l’IA, avec des solutions inclusives dans l’éducation, l’agriculture ou encore les transports », a précisé la ministre du numérique et de la digitalisation. En 2023, la transformation digitale des secteurs vitaux sera donc poursuivie notamment dans la santé, la justice.
Bidossessi WANOU