Le gouvernement français s’apprête à prêter au Bénin 20 millions d’euros soit environ 13 milliards FCFA pour la création d’un nouveau musée à Abomey. Cette nouvelle infrastructure culturelle devrait acceuillir les 26 objets culturels prêtés à long terme par la France.
Joel YANCLO
Musée d’Abomey new look en perspective. Huit mois après que le président français, Emanuel Macron, ait recommandé la restitution totale et permanente d’objets africains pillés dans un rapport gouvernemental historique, son gouvernement, à travers l’Agence française de développement (AFD) s’apprête à prêter au Bénin 20 millions (13milliards FCFA) dont 12 sont entièrement dédiés au nouveau musée d’Abomey, les palais et la cour des amazones. Ce nouveau musée qui verra le jour dans deux ans abritera le retour de 26 objets culturels prêtés à long terme par la France. Les objets ont été initialement saisis par les troupes françaises du Bénin en 1892. Les palais royaux d’Abomey sont la capitale historique du royaume de Dahomey en Afrique de l’Ouest, qui a régné pendant près de trois cents ans, de 1600 à 1900 environ. Jadis l’un des plus puissants empires du continent, patrimoine mondial de l’Unesco, le site a connu des jours meilleurs. L’enceinte et le musée ont été frappés par une tornade en mars 1984 et ne se sont jamais complètement rétablis, malgré un projet de rénovation de 2007. Et en 2009, un feu de brousse a détruit une grande partie des palais royaux, se propageant rapidement à travers les tombes des rois et des reines du passé. Dix ans plus tard, la reconstruction des terrains du palais pourrait bientôt être imminente.
La France détient environ 5 000 objets du royaume de Dahomey, dont la plupart sont maintenant conservés dans le musée du quai Branly – Jacques Chirac de Paris, un dépôt institutionnel d’objets africains pillés au XIXe siècle. Actuellement, le gouvernement français envisage de ne retrocéder que 26 objets au Bénin une fois que le nouveau musée d’Abomey pourra les accueillir. Bien que la libération de 26 objets puisse sembler négligeable par rapport aux immenses collections d’œuvres d’art africain volées en Europe, les habitants d’Abomey considèrent le retour de ces biens communs, important pour la région. « Ces objets sont une chance pour la survie du site », a déclaré à l’Agence France Presse Gabin Djimasse, responsable du tourisme dans la région. « Ils nous permettront de construire un nouveau musée et de rendre les palais royaux plus économiquement durables. »
Conserver l’architecture locale
Il est prévu que le nouveau musée présente son histoire et son patrimoine, après avoir déjà subi plusieurs changements et rénovations. Selon Djimasse, les conceptions de la nouvelle valeur muséale s’intègrent parfaitement dans l’architecture locale et reposent moins sur le matériel de haute technologie que nécessaire. Un autre problème que le futur musée doit résoudre est le manque d’expertise artistique dans la région. «Il y a quatre ans, le Quai Branly à Paris voulait former deux jeunes Béninois à la restauration», a déclaré Dijmasse à l’AFP. « Nous avons cherché partout des scientifiques mais nous n’en avons trouvé aucun – et à la fin nous avons envoyé un étudiant en histoire »
À l’heure actuelle, une douzaine d’élèves âgés de 23 à 53 ans sont inscrits à l’École du patrimoine africain à Porto-Novo, capitale du Bénin, afin de leur permettre de développer les compétences nécessaires pour se spécialiser dans le patrimoine culturel du pays.
Alain Godonou, ancien fonctionnaire de l’Unesco, enseigne le programme dans le but de préparer ses étudiants au retour des œuvres d’art béninoises. À son avis, il souhaiterait que son pays «récupère ses droits de propriété» sur les œuvres conservées à l’étranger, même s’il ne reste pas chez lui en permanence.
«Nous voulons que les travaux se déplacent, c’est notre philosophie», a-t-il déclaré. « En fin de compte, ils font partie du patrimoine mondial ». Le Bénin, qui a inscrit le tourisme comme l’un de ses principaux piliers de développement économique, veut accueillir les oeuvres dans des conditions optimales. L’Unesco vient de donner son feu vert à la construction d’un nouveau musée dans l’enceinte des palais d’Abomey, ancienne capitale du Dahomey. Les travaux devraient commencer au quatrième trimestre de cette année pour une durée de deux ans. Rendez-vous en 2021 pour le musée d’Abomey version new look.