Face à une inflation record de 33,69 % en avril 2024, le président nigérian Bola Tinubu poursuit ses réformes pour lutter contre la flambée des prix du carburant. Le prix du gaz naturel comprimé (GNC) pour les véhicules est désormais fixé à 230 nairas (0,14 $) le litre, offrant une alternative plus économique et écologique à l’essence. Un million de kits de conversion au GNC seront distribués gratuitement aux véhicules commerciaux pour favoriser l’adoption de cette solution énergétique.
Sylvestre TCHOMAKOU
Le Nigeria, plus grand producteur de pétrole en Afrique, traverse actuellement une crise économique exacerbée par la suppression des subventions sur le carburant en 2023. Cette décision, bien accueillie par les investisseurs, a néanmoins entraîné une forte hausse des prix des produits de première nécessité, portant l’inflation à un sommet de 33,69 % en avril 2024. Face à ce défi, l’administration du président Bola Tinubu met en place des mesures visant à réduire le coût de la vie, en particulier à travers la promotion du gaz naturel comprimé (GNC). Le 10 septembre 2024, le président Tinubu a fixé le prix du GNC à 230 nairas par litre (0,14 $), soit moins d’un quart du prix de l’essence, actuellement à plus de 900 nairas (0,55 $) le litre. Cette mesure vise à offrir aux Nigérians une alternative plus abordable et durable, tout en atténuant les effets de la suppression des subventions sur le carburant. Le programme, rapporté par The Punch, s’inscrit dans une stratégie plus large de transition énergétique, le National Gas Expansion Programme (NGEP), qui promeut l’utilisation du gaz naturel dans les transports et l’industrie. Pour accompagner cette transition, le gouvernement prévoit la distribution gratuite d’un million de kits de conversion au GNC pour les véhicules commerciaux sur les 18 prochains mois. Lors de la première phase, 10 000 kits seront fournis, en partenariat avec des acteurs majeurs du secteur des transports comme le National Union of Road Transport Workers (NURTW), Moove, UBER, et la Kaduna State Transport Authority (KSTA).
Une solution aux défis énergétiques
Dans un contexte où les prix des carburants conventionnels restent instables, le GNC pourrait représenter une bouffée d’oxygène pour les consommateurs et les entreprises nigérianes. Selon une étude réalisée par Dairy Hills, une entreprise locale, l’adoption massive du GNC permettrait de réduire jusqu’à 58 % des coûts énergétiques, une opportunité significative pour les secteurs de l’industrie et des transports. Outre ses avantages économiques, le GNC présente également des bénéfices environnementaux. Sa combustion génère moins d’émissions de dioxyde de carbone et de particules fines que l’essence, ce qui contribue à une réduction de l’empreinte écologique. Une adoption généralisée de cette alternative pourrait donc marquer un tournant dans la politique énergétique du Nigeria, orientée vers des solutions plus vertes et durables.
Des défis à surmonter
Cependant, malgré les ambitions affichées, plusieurs défis logistiques freinent l’adoption rapide du GNC. Le manque d’infrastructures adéquates, notamment de stations de ravitaillement, reste un obstacle majeur à la mise en œuvre du programme. Les autorités nigérianes ont d’ores et déjà reconnu ce problème et travaillent à attirer davantage d’investissements dans les infrastructures gazières. « La transition vers le GNC est un pas dans la bonne direction, mais il est essentiel que nous mettions en place des infrastructures adaptées pour garantir son succès à long terme », a déclaré un porte-parole du ministère de l’Énergie. Avec cette initiative, le gouvernement nigérian espère non seulement apaiser les tensions sociales dues à la hausse des prix, mais aussi positionner le pays comme un leader régional en matière de transition énergétique. Reste à voir si le pari sera gagnant, alors que les Nigérians attendent avec impatience des résultats concrets pour alléger leur quotidien.