Aux côtés de l’État béninois, divers acteurs de la vie juridico-économique s’investissent pour un meilleur climat des affaires au Bénin. En collaboration avec l’Ecole Régionale Supérieure de la Magistrature (ERSUMA), le centre Consensus Gates-Bénin (CGB) a tenu, du 25 au 26 mars 2025, une session de formation adressée aux acteurs des secteurs bancaire et financier. Occasion de leur donner les rudiments nécessaires pour un recouvrement amiable des créances.
Sylvestre TCHOMAKOU
Dans un monde de plus en plus dynamique et face à la nécessité pour les entreprises de maintenir des relations commerciales saines et productives avec leur clientèle, même en matière de recouvrement de créances, former les agents ou responsables à divers niveaux sur la médiation comme solution pour créanciers et débiteurs, s’avère nécessaire. C’est conscient des avantages qu’offre ce procédé aux différentes parties, que le centre Consensus Gates-Bénin (CGB), a, du 25 au 26 mars 2025, renforcé les capacités de divers cadres d’entreprises de la place béninoise, sur “le recouvrement amiable des créances par voie de médiation”. Déroulée en partenariat avec l’ERSUMA, cette session a été l’occasion pour Dr Karel Osiris Dogué, Expert formateur senior en médiation et Directeur général de l’ERSUMA, d’éveiller les participants sur l’importance et les subtilités de la négociation précontentieuse ; de leur enseigner les règles et principes gouvernant la médiation ; et surtout, d’insister sur la pertinence de la mise en place d’une procédure de recouvrement amiable de créances.

En initiant cette formation, a expliqué François Kougni, Secrétaire général du CGB, l’objectif n’est autre que d’offrir une solution rapide, efficace pour les créanciers et les débiteurs. “Les créances impayées impactent la trésorerie des banques et des entreprises et les empêchent d’atteindre des résultats. Pour éviter tout ça, au lieu que les entreprises aillent devant la juridiction étatique, l’OHADA a prévu des outils et des techniques de recouvrement de ces créances. C’est fort de toutes ces considérations, de tous ces aspects, que le CGB a estimé qu’il faille, faire une thématique et inviter les banques et les entreprises à suivre cette formation”, a-t-il expliqué. Se réjouissant des techniques nouvelles qu’apporte cette formation aux participants, il n’a pas manqué de réitérer son engagement ainsi que celui de son cabinet à promouvoir au Bénin et au-delà, la médiation afin de permettre aux entreprises d’éviter les longues procédures judiciaires, ce qui réduit les coûts et accélère le processus de recouvrement. Au terme des deux jours de session, le formateur principal, Dr Karel Osiris Dogué, a, pour sa part, salué l’assiduité et l’envie d’apprendre qui a caractérisé l’ensemble des participants composé entre autres de Chefs d’entreprises, de responsables des affaires juridiques et du contentieux, de responsables commerciaux et de recouvrement, ainsi que de responsables de la conformité. “Nous devons, a-t-il soutenu dans son mot de clôture, prendre conscience que l’arbre à palabres que nos anciens utilisaient, est une meilleure méthode de règlement des conflits, que d’aller dans les juridictions”.
Au-delà des échanges interactifs, il est à noter que la session a été meublée par des simulations de médiation, et sanctionnée par la remise d’attestations aux participants. Dans une perspective d’amener plus de secteurs d’activité à intégrer la médiation dans leur mode de fonctionnement, de nouvelles formations sont projetées dans les tout prochains mois.
Témoignages de quelques participants
“Je repars rempli et toujours content d’avoir fait cette mission”, Me Kuessi Folly, Avocat au Barreau du Togo, ancien membre du Conseil de l’Ordre du Barreau (Togo).

“Je suis venu à cette formation pour plusieurs raisons. D’abord, notre métier, selon le règlement de l’OHADA, fait obligation à tout avocat de continuer la formation. (…) Je suis conseiller au Togo de plusieurs institutions financières de la place. Et le thème de la formation vient à point nommé. Cela m’a encore le plus motivé à y participer. Parce que très souvent, on ne tente pas le règlement amiable et on pense qu’il faut rapidement aller au règlement, à l’exécution forcée pour pouvoir recouvrir sa créance ; les banques ayant justement un plan d’action, des objectifs fixés par leurs conseils. Mais la formation que nous avons subie pendant ces deux jours m’a conforté dans le fait que la médiation sera donc ce point qui va aider encore plus les institutions financières à vite régler le problème et à vite recouvrir leurs créances dans une certaine mesure. Voilà les raisons et je peux vous dire que nous sommes venus sur une formation qui nous a apporté beaucoup, et nous allons l’exploiter dans le cadre de nos conseils, de nos avis à nos clients. Donc, je repars rempli et toujours content d’avoir fait cette mission.”.

“Il faudrait sensibiliser les gens à ce qu’on aille plus forcément au contentieux”, Isabelle Fifatin, agent de recouvrement pré-contentieux à la Banque Atlantique.
“J’ai compris que la médiation intervient dans tous les secteurs d’activité, et qu’elle est une action importante que chaque acteur doit maîtriser dans son domaine. Dans le secteur bancaire, par exemple, cela commence déjà au niveau des gestionnaires de comptes. Il est important qu’ils suivent cette formation. J’en ai tiré énormément, notamment sur les bonnes et mauvaises pratiques. Un exemple de mauvaise pratique serait d’écrire au gouvernement en cas de problème le jour même. C’est une pratique que je n’apprécie pas, mais cela m’a confortée dans l’idée que ce n’est pas une bonne pratique. Depuis, j’ai motivé plusieurs collègues responsables d’autres départements avec un résumé des deux jours de formation que j’ai suivie. Souvent, on ne met pas assez l’accent sur l’importance du recouvrement amiable. Beaucoup préfèrent aller directement au contentieux, alors que l’amiable peut alléger les choses en termes de temps et de coûts. Donc il faudrait sensibiliser les gens à ce qu’on aille plus forcément au contentieux”.