Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a publié ce lundi son rapport 2019 sur le classement mondial des pays, selon l’indice de développement humain (IDH). Alors qu’une nouvelle génération d’inégalités voit le jour, le Bénin n’a pas bougé d’un iota pousse dans le classement.
Félicienne HOUESSOU
La nouvelle édition du classement mondial des pays, par indice de développement humain (IDH) analyse les inégalités en trois temps : au-delà des revenus, au-delà des moyennes et au-delà du temps présent. Intitulé « Au-delà des revenus, des moyennes et du temps présent : les inégalités de développement humain au XXIe siècle », le rapport explique qu’au moment même où les écarts de niveau de vie de base se resserrent pour des millions de personnes, les besoins pour réaliser son potentiel évoluent. En tenant compte du classement, on note des évolutions par rapport à 2018. A la première place africaine se trouvent toujours les Seychelles. Si le pays conserve sa 62e place mondiale, elle a réussi à se hisser dans la catégorie des pays ayant un IDH « très élevé » et est le seul pays africain à se situer dans cette zone.
Le niveau d’égalité hommes-femmes très élevé au Bénin
Le Bénin et 30 autres pays de l’Afrique ont un développement humain faible, selon l’étude de l’agence onusienne. Comparativement à l’édition précédente, le Bénin n’a pas enregistré d’évolution. Il demeure au 163ème rang mondial et à la 30ème place au niveau continental. Néanmoins, il demeure le porte flambeau des pays de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA). En effet, la valeur de l’IDH au Bénin est de 0,52 points. Cet indice composite mesure le niveau moyen atteint dans trois dimensions fondamentales du développement humain : vie longue et en bonne santé, connaissances et niveau de vie décent. Ajusté aux inégalités (valeur de l’IDH corrigée des inégalités dans les trois dimensions fondamentales du développement humain), cet indice affiche 0,327 points, avec une perte globale (différence en pourcentage entre l’IDHI et l’IDH) de 37,1%. Malgré les efforts réalisés pour solutionner les inégalités, l’Indice de développement de genre (ratio des valeurs de l’IDH hommes-femmes) est de 0,883% selon le PNUD qui classe ainsi le Bénin parmi les pays où le niveau d’égalité hommes-femmes dans l’IDH est très élevé (écart absolu inférieur à 2,5 %). Cependant, l’Indice d’inégalité de genre (indicateur composite des inégalités entre les hommes et les femmes dans trois dimensions : santé procréative, autonomisation et marché du travail) est de 0,613%. Le PNUD a aussi basé son analyse sur le pourcentage de la population dont la pauvreté est multidimensionnelle, ajusté à l’intensité des privations. Il s’agit de l’Indice de pauvreté multidimensionnelle qui est de 0,368% avec un taux de 66,8% et une intensité des privations (score moyen des privations subies par les personnes vivant dans une pauvreté multidimensionnelle) qui se chiffre à 55%. Sur le continent, la plus forte progression est attribuée aux Comores qui passent de la 165e place mondiale à la 156e (23e africain) suivi du Botswana qui passe à la 94e place mondiale (5e africain), de la Côte d’Ivoire désormais classée 165e mondiale (32e africain) et du Liberia, 41e africain et 176e mondial. Le Niger quant à lui reste le pays ayant l’IDH le plus faible au monde, devant la Centrafrique et le Tchad.
Les inégalités ne sont pas sans solutions
Cette édition 2019 innove en présentant une méthode plus holistique de mesurer des progrès des pays, au-delà de la seule croissance. Aussi, recommande-t-elle des politiques qui s’intéressent aux revenus, mais qui aillent aussi au-delà des revenus, à savoir : l’investissement dans la petite enfance et tout au long de la vie ; la productivité ; les dépenses publiques et fiscalité équitable. « Ce rapport sur le développement humain met en lumière les préjudices profonds causés à nos sociétés par les inégalités systémiques et en explique les raisons », explique Steiner, un expert de l’agence onusienne. Concernant l’égalité des sexes, les tendances actuelles laissent entendre qu’il faudra 202 ans pour combler ne serait-ce que l’écart économique entre les hommes et les femmes, affirme le rapport. L’omerta sur les maltraitances se brise, mais le plafond de verre qui limite la progression des femmes reste intact. Les efforts dans le sens de l’égalité se heurtent à des préjugés et des réactions brutales. Un nouvel « indice des normes sociales » inclut dans le rapport indique que les préjugés sexistes augmentent depuis quelques années dans la moitié des pays considérés. Environ 50 % des habitants de 77 pays pensent que les hommes font de meilleurs dirigeants politiques que les femmes, et plus de 40% sont d’avis que les hommes font de meilleurs cadres. De plus, le rapport s’interroge sur l’évolution envisageable des inégalités en s’intéressant plus particulièrement à deux grands bouleversements qui modèleront la vie jusqu’au XXIIe siècle : la crise climatique et la transformation technologique.
Des recommandations…
Cinq messages clés en sont dégagés de la nouvelle étude du PNUD. En premier lieu, même si un grand nombre de personnes parviennent à quitter le bas de l’échelle du développement humain, les disparités demeurent répandues. Les actions menées pendant les deux premières décennies du XXIe siècle ont certes abouti à une remarquable réduction des privations extrêmes, mais les écarts restent d’une ampleur inacceptable. Deuxièmement, une nouvelle génération de graves inégalités de développement humain se profile, même si un grand nombre d’inégalités héritées du XXe siècle se résorbent. Sous l’effet de la crise du climat et des bouleversements technologiques, les inégalités de développement humain prennent de nouvelles formes au XXIe siècle. Troisièmement, les inégalités de développement humain peuvent s’accumuler tout au long de la vie et sont fréquemment exacerbées par de profonds déséquilibres des forces. « Les bonnes politiques commencent par des indicateurs fiables, et une nouvelle génération d’inégalités suppose une nouvelle génération d’instruments de mesure : des concepts plus clairs rattachés aux enjeux de notre époque, des combinaisons de sources de données élargies, des outils analytiques plus pointus », indique le PNUD dans son rapport. Il révèle que « des travaux novateurs en cours indiquent que, dans de nombreux pays, l’accumulation des revenus et des richesses au sommet de l’échelle de répartition pourrait être bien plus rapide que ne laissent apparaître les indicateurs synthétiques ».
Cinquièmement, la résorption des inégalités de développement humain au XXIe siècle n’est pas impossible, à condition d’agir sans plus tarder, avant que les déséquilibres de pouvoir économique ne laissent la dominance politique prendre racine. « Ce n’est qu’en s’attaquant à une nouvelle génération d’inégalités de capabilités plus avancées, dont un grand nombre commencent à peine à se manifester, qu’il sera possible d’éviter que les inégalités de développement humain se creusent au XXIe siècle », recommande les experts du PNUD. Il faut noter que l’approche proposée dans le rapport définit les grandes lignes de politiques visant à combattre les inégalités de développement humain en reliant l’élargissement et la répartition à la fois des capabilités et des revenus.
Classement 2019 des pays africains selon l’IDH
Rang (Afrique) | Pays | Rang (Mondial) | Catégorie (IDH) |
1 | Seychelles | 62 | Très élevé |
2 | Maurice | 66 | Elevé |
3 | Algérie | 82 | Elevé |
4 | Tunisie | 91 | Elevé |
5 | Botswana | 94 | Elevé |
6 | Libye | 110 | Elevé |
7 | Afrique du Sud | 113 | Elevé |
8 | Gabon | 115 | Elevé |
9 | Egypte | 116 | Elevé |
10 | Maroc | 121 | Moyen |
11 | Cap-Vert | 126 | Moyen |
12 | Namibie | 130 | Moyen |
13 | Sao Tomé-et-Principe | 137 | Moyen |
14 | Congo | 138 | Moyen |
14 | eSwatini | 138 | Moyen |
16 | Ghana | 142 | Moyen |
17 | Zambie | 143 | Moyen |
18 | Guinée équatoriale | 144 | Moyen |
19 | Kenya | 147 | Moyen |
20 | Angola | 149 | Moyen |
21 | Cameroun | 150 | Moyen |
21 | Zimbabwe | 150 | Moyen |
23 | Comores | 156 | Faible |
24 | Rwanda | 157 | Faible |
25 | Nigeria | 158 | Faible |
26 | Tanzanie | 159 | Faible |
26 | Ouganda | 159 | Faible |
28 | Mauritanie | 161 | Faible |
29 | Madagascar | 162 | Faible |
30 | Bénin | 163 | Faible |
31 | Lesotho | 164 | Faible |
32 | Côte d’Ivoire | 165 | Faible |
33 | Sénégal | 166 | Faible |
34 | Togo | 167 | Faible |
35 | Soudan | 168 | Faible |
36 | Djibouti | 171 | Faible |
37 | Malawi | 172 | Faible |
38 | Ethiopie | 173 | Faible |
39 | Gambie | 174 | Faible |
39 | Guinée | 174 | Faible |
41 | Liberia | 176 | Faible |
42 | Guinée-Bissau | 178 | Faible |
43 | RDC | 179 | Faible |
44 | Mozambique | 180 | Faible |
45 | Sierra Leone | 181 | Faible |
46 | Burkina Faso | 182 | Faible |
46 | Erythrée | 182 | Faible |
48 | Mali | 184 | Faible |
49 | Burundi | 185 | Faible |
50 | Soudan du Sud | 186 | Faible |
51 | Tchad | 187 | Faible |
52 | Rép. centrafricaine | 188 | Faible |
53 | Niger | 189 | Faible |