Bien que bon nombre des pays africains semblent avoir fait des progrès considérables dans l’augmentation des recettes publiques, la vérité est que ce progrès reste précaire par rapport aux pays d’autres régions du monde. Si les États africains espèrent réduire la pauvreté en misant sur l’assistance internationale qui se fait de plus en plus rare et conditionnelle à cause des incertitudes géopolitiques, ils se trompent lourdement. Ils devraient chercher des sources de financement interne qui, selon l’avis des experts, restent inexploitées.
Issa DA SILVA SIKITI
L’augmentation des recettes fiscales est donc un élément nécessaire pour que les gouvernements puissent améliorer des services de base et, par conséquent, réduire la pauvreté, souligne le Fonds monétaire international (FMI).
Mick Moore, professeur à l’Institute of Development Studies et directeur fondateur du Centre international pour la fiscalité et le développement (ICTD), et Dr Wilson Prichard, professeur à l’Université de Toronto et directeur exécutif de l’ICTD, ont compilé une liste de huit stratégies que les gouvernements de nombreux pays à faible revenu, et en particulier les moins performants, doivent mettre en place pour augmenter potentiellement les recettes.
« Lutter plus activement et efficacement contre les mauvaises évaluations des transferts au sein des entreprises transnationales; mieux taxer les activités minières ; augmenter les taxes d’accise sur le tabac et l’alcool; réduire les exemptions fiscales pour les investisseurs ; mieux mettre en œuvre la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), taxer plus activement les revenus et les actifs des citoyens riches qui sont de plus en plus nombreux, taxer plus lourdement la propriété et l’occupation de l’immobilier urbain; et obliger les organismes gouvernementaux d’être de meilleurs « citoyens de l’impôt », ont-ils expliqué dans un document de travail publié sur le site de l’ICTD.
Reformer l’administration fiscale
Par ailleurs, le FMI appelle les gouvernements africains à réformer l’administration fiscale en se concentrant fondamentalement sur la réduction de la corruption et s’attaquer au problème du non-respect des règles. Ensuite, l’institution de Bretton Woods a identifié des domaines d’action prioritaires pour aider à cadrer le débat sur le sujet d’augmentation de recettes publiques. « Avant tout, les pays devraient éviter les impôts qui entravent le développement économique ou la création d’emplois. Au lieu de cela, ils devraient être conçus pour être favorables au développement et à l’emploi », martèle Mark Plant, ex-directeur adjoint du département Afrique du FMI et actuel directeur des opérations et PDG du Center for Global Development (CGD) Europe.
Il soutient les deux experts de l’ICTD, déjà cités ci-dessus, sur l’élimination des exonérations fiscales. « Dans les pays africains, ces sommes sont souvent très importantes et peuvent priver l’État d’une partie importante des revenus et, inévitablement, elles favorisent certaines personnes, ce qui n’est pas juste ».
A en croire Mark Plant, il est important de rendre la TVA moins compliquée grâce à des taux d’imposition moins élevés, moins d’exonérations et un seuil raisonnable qui maintient les petits contribuables à l’écart du système de TVA et garantit l’équité entre les individus. « Il est également important d’adopter des lois et des réglementations claires prévoyant une solide protection des contribuables contre le harcèlement des agents du fisc. Encore une fois, cela garantit que les impôts sont administrés équitablement ».
Financement du développement : Que faire pour augmenter les recettes publiques
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