Face à la propagation du coronavirus, les mesures de protection occasionnent de plus en plus, le repli des échanges commerciaux dans le monde. Déjà, plusieurs pays africains prennent des mesures très restrictives, voire la fermeture de leurs frontières. Cependant, la question de l’approvisionnement alimentaire inquiète, surtout dans les pays pauvres qui ne garantissaient d’aucune autosuffisance alimentaire.
Félicienne HOUESSOU
En dépit des mesures drastiques et autres, il n’existe encore aucun dôme pour bloquer la montée en puissance de ce virus qui gagne à grand pas les pays du globe. Pour endiguer la propagation de l’épidémie, plusieurs pays décident de fermer leurs frontières et de suspendre les vols en provenance des pays où des cas de Covid-19 ont été confirmés. Les achats de précaution se multiplient dans les grandes surfaces pour prévenir la pénurie alimentaire.
La situation est d’autant plus inquiétante pour les pays pauvres ne disposant pas d’une autosuffisance alimentaire capable de tenir la population sur une longue durée. Car, la propagation du virus va provoquer une baisse des activités au sein de la population, la fermeture des écoles et universités, l’annulation des rencontres et événements, l’interdiction de toutes les manifestations publiques, la suspension de l’accueil de bateaux de croisière, la baisse de fréquentation des restaurants, pour ne citer que ceux là. A cet effet, le réflexe d’approvisionnement va aussitôt déclencher une hausse des achats. La question de l’approvisionnement alimentaire doit donc être le premier défi à relever dans ces pays, s’il y a lieu de fermer leurs frontières. Malgré les assurances actuelles sur le faible taux de contamination du virus et sur la disponibilité des produits alimentaires les plus importés, le Bénin ne serait pas à l’abri d’une pénurie alimentaire en cas de fermeture de ses frontières avec ses principaux partenaires commerciaux.
Dans les pays comme la France et l’Italie, les établissements scolaires sont déjà fermés, le télétravail est prôné, les marchés sont menacés. Ce qui a un impact sur la consommation de produits frais. Selon le site d’informations ‘’Euractiv’’, le riz et les pâtes connaissent des ruptures de stock dans les rayons des supermarchés français. Pendant que les rues se désertent, la population française s’est mise à faire des réserves de nourriture, allant parfois jusqu’à dévaliser les rayons des supermarchés en pâtes, riz ou autres produits d’épicerie. Le cabinet d’études Nielsen informe que sur la semaine du 2 au 8 mars, il a été relevé une augmentation de 5,6% des ventes de produits de grande consommation en hypers et supermarchés. Les ventes des produits d’épicerie (pâtes, riz, conserves…) ont quant à eux bondi de 21,1% et de 12,3% pour les produits de toilette et d’hygiène.
Booster le secteur agroalimentaire
Dans son rapport intermédiaire de mars 2020, portant sur les perspectives économiques, l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) souligne que les restrictions à la circulation des personnes, des biens et des services, et les mesures d’endiguement de la pandémie telles que les fermetures d’usines, ont réduit sensiblement l’activité manufacturière. Concrètement, la pandémie devrait pousser les pays pauvres à développer le secteur agroalimentaire, en vue de trouver des produits de substitution au niveau national, voire sous-régional. L’idée étant de booster l’industrialisation et de réduire la dépendance de vis-à-vis de l’importation des produits alimentaires.
Quels que soient le climat, la couleur de peau, les réalités culturelles, Covid-19 finit toujours par passer les frontières. Une vingtaine de pays africains sont touchés par la pandémie du coronavirus. Ce lundi, 16 mars 2020, le Bénin a enregistré son premier cas. La situation devient de plus en inquiétant. Les cas d’infection se multiplient. Pour l’heure, le Secrétaire général, António Guterres appelle à déclarer une guerre contre le Covid-19. « … Les pays doivent passer à la vitesse supérieure, intensifier et élargir leur mobilisation. Comment? En mettant en place des stratégies de confinement efficaces ; en activant et en améliorant les systèmes d’intervention d’urgence ; en augmentant considérablement les capacités de dépistage et de prise en charge des patients ; en préparant les hôpitaux, en veillant à ce qu’ils aient les installations, le matériel et le personnel nécessaires et, en mettant au point des interventions médicales qui sauvent des vies », indique-t-il.
Pour rappel, l’Afrique du sud a interdit des voyages à destination et en provenance de pays comme l’Italie, l’Allemagne, la Chine et les Etats-Unis. Au Kenya, tous les déplacements en provenance des pays où au moins un cas de contamination au Covid-19 a été confirmé, ont été suspendus. À partir de mardi 17 mars 2020, l’entrée sur le territoire ghanéen est interdite à toute personne s’étant rendue dans un pays où plus de deux cents cas d’infection sont avérés, à l’exception des citoyens ghanéens.