L’animation du marché financier dépend de divers acteurs dont les Sociétés de Gestion et d’Intermédiation (SGI). Dans cette interview, la directrice générale de la SGI Bénin, Sakinatou SIDI nous parle des impacts de la covid-19 sur le marché boursier, du bilan des 25 ans de la BRVM et les perspectives économiques pour le développement de la bourse régionale.
- Veuillez nous dire madame la Directrice Générale de la SGI Bénin comment le secteur des Sociétés de Gestion et d’Intermédiation vit la crise de la pandémie de covid. Comment se porte le Secteur des SGI au Bénin ?
Nous vous remercions pour l’intérêt porté à notre Secteur et le choix sur notre personne pour cet entretien.
En effet, les Sociétés de Gestion et d’Intermédiation de l’UEMOA ont entre autres activités le courtage en valeurs mobilières, conseil en investissement, les opérations de levée de fonds, la gestion de portefeuille sous mandat, l’ingénierie financière etc. La crise sanitaire de la covid-19 a entrainé un arrêt de l’économie mondiale avec pour conséquence la contraction des activités des sociétés cotées à la BRVM. On a donc noté une prudence des investisseurs dans ce contexte.
A l’instar des autres SGI de l’UEMOA, celles du Bénin essaient de s’adapter à la situation engendrée par la crise sanitaire.
- Qu’avez-vous fait pour atténuer ou contrer les effets de cette pandémie sur vos activités ?
Les mesures prises d’une part par les autorités du marché à savoir le Conseil Régional de l’Epargne Publique et des Marchés Financiers (CREPMF), la Banque Centrale et les Etats membres de l’UEMOA d’autre part, pour soutenir les entreprises et les ménages ont permis d’atténuer les effets de la crise et assuré la relance de l’économie. Ceci a entrainé la reprise progressive des activités d’investissements et les opérations de levée de fonds des SGIs.
- De quels appuis votre secteur a-t-il bénéficié de la part du gouvernement dans le cadre de la relance de l’économie post Covid ?
Notre secteur n’a pas encore reçu un accompagnement direct du Gouvernement. Mais nous demeurons confiants que les mesures d’accompagnement prises dans le cadre de la relance de l’économie permettront à coup de sûr aux ménages et aux entreprises d’investir sur le marché financier à travers les SGIs.
- La BRVM, selon nos informations aurait pris corps ici au Bénin il y a 25 ans. Vous seriez l’un des acteurs et/ou témoins de cette naissance. Dites-nous comment cela s’est passé ?
Soucieux de contribuer à la diversification du secteur financier, de mobiliser des ressources de long terme nécessaires au financement du développement et de favoriser l’intégration régionale, les Etats membres de l’UEMOA ont décidé de la création d’un marché sous régional pouvant répondre à ces attentes. C’est ainsi que le 18 décembre 1996 la BRVM a été portée sur les fonts baptismaux lors du Conseil des Ministres de l’Economie et des Finances de l’UEMOA tenu à Cotonou.
- Pourquoi le choix de Cotonou pour la création de la BRVM et DC/BR ?
Le choix de Cotonou n’a pas une raison spécifique. Je dirai que c’est une situation naturelle. La création de ces deux structures du marché s’est faite au cours du Conseil des Ministres de l’UEMOA au Bénin.
- 25 ans après la naissance de la BRVM à Cotonou, quels sont aujourd’hui les sentiments qui vous animent ?
Au vu de l’évolution du marché et des réalisations constatées nous sommes satisfaits de cet important outil d’intégration des économies. Avec l’appui des différents acteurs nous pensons que le marché a encore de beaux jours devant lui. La culture boursière est en train de prendre aussi corps avec de plus en plus de particuliers et sociétés qui placent une partie de leur trésorerie sur le marché régional. Toutefois il reste à renforcer cette culture boursière au niveau des populations.
- Comment entrevoyez-vous l’avenir de la BRVM ?
Nous pensons que dans les années à venir, la BRVM déjà en plein essor, sera un véritable levier économique et outil de financement du développement. D’importants chantiers de développement sont déjà en cours. A ce titre nous avons la création d’un troisième compartiment dédié au financement des PME, le projet d’interconnexion des marchés financiers, les études de faisabilité de création des produits dérivés qui interviendront dans la couverture des risques, le projet de mise en place du marché des matières premières , la bourse en ligne qui permettra aux investisseurs d’intervenir directement sur le marché etc.
- Selon vous, les objectifs ayant conduit à la création de la BRVM ont-ils été atteints ?
Au regard du nombre de sociétés cotées et des ressources régulièrement levées aussi bien par les Etats membres de l’UEMOA que les entreprises, de même que l’arrivée de nouveaux acteurs (les collecteurs d’ordre, le listing sponsors, les apporteurs d’affaires, les sociétés de gestion) nous sommes à même de dire que les objectifs assignés au marché sont en bonne voie de réalisation. Les perspectives permettront de consolider davantage ces réalisations
- Qu’avez-vous à dire sur la Gouvernance de la BRVM avec le Dr Edoh Kossi AMENOUNVE ?
C’est l’occasion de remercier tous les Directeurs généraux qui se sont succédés à la tête de la BRVM pour les prouesses accomplies et particulièrement le Dr Edoh Kossi AMENOUNVE, l’actuel DG, pour son leadership et les innovations apportées au marché. La bourse en ligne est devenue une réalité dans l’UEMOA. La BRVM est de nos jours intégrée aux marchés frontiers MSCI, aux indices MSCI et S & P Dow Jones. Ce qui permet de lui donner une visibilité à l’international et d’attirer davantage d’investisseurs.
- Veuillez conclure cet entretien ?
La BRVM ambitionne être un outil efficace de développement économique et d’intégration régionale. Bons nombres de projets sont en cours de gestation afin d’assurer sa performance et l’amener à répondre plus efficacement aux besoins des Etats, des entreprises et des investisseurs.
Les acteurs du marché œuvrent aussi pour la digitalisation de leurs activités. Toute chose qui contribuera à l’essor de notre marché.
Nous vous remercions.