Les différentes productions tant au niveau de l’agriculture que de l’élevage et de la pêche ont connu un progrès substantiel en 2018 au Bénin. Toutefois ces acquis demeurent fragiles dans un modèle d’agriculture dépendant de la pluviométrie et exposé aux effets néfastes des changements climatiques.
Joël YANCLO
Le rapport de performance 2018 du secteur agricole au Bénin laisse transparaitre globalement un accroissement des productions vivrières végétales de 3,11% par rapport à la campagne 2017-2018. En effet de la campagne de 2017-2018 à la campagne 2018-2019, les taux d’accroissement enregistrés sont de 2,34% pour la production céréalière ; 3,38% au niveau des racines et tubercules ; 5,25% pour la production des légumineuses ; 1,18% au niveau des cultures maraîchères. Quant aux cultures industrielles ou de rente, on note entre autres, une production cotonnière qui a atteint un niveau record de 678 000 tonnes contre 598 000 tonnes en 2017, soit un accroissement de 13,32%. La production de l’anacarde quant à elle est pa ssée de 110 117 tonnes en 2017 à 115 590 tonnes en 2018. La production d’ananas est passée de 345 060 tonnes en 2017 à 374 601 tonnes en 2018, soit un taux d’accroissement de 8,56%.
Pour ce qui est de la production animale (viande, lait et œufs de table), les progrès notés quoique modestes sont assez expressifs des efforts entrepris et les résultats affichent un accroissement de 2,68% pour la production de viande, 2,58% en production de lait et 7% pour la production des œufs. Les productions halieutiques quant à elles sont évaluées à 70 972 tonnes en 2018 contre 52 687 tonnes en 2017 soit un accroissement de 35%. Malgré ces bonnes performances, les acteurs du secteur de l’agriculture au Bénin sont conscients que des insuffisances restent à corriger pour aller plus loin. Notamment, ne pas perdre de vue les Objectifs de développement durable (ODD) dont l’un des indicateurs est « d’éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable » d’ici 2030. Aussi, l’année 2018 a connu un pas de plus dans l’opérationnalisation des Agences territoriales de développement agricole à travers la mise en place de personnel complémentaire et la mise à disposition de matériels roulants pour le personnel de terrain. Il est à noter que ces réformes se poursuivent en 2019 avec la mise en œuvre de la nouvelle stratégie du conseil agricole pour plus de performance dans le secteur.
Le Programme d’Actions du Gouvernement pour le quinquennat 2016-2021, dans son volet agriculture, entend faire de ce secteur le principal levier de développement économique, de création de richesses et d’emplois. Ainsi, le gouvernement va créer 7 pôles régionaux de développement agricole, et promouvoir le développement des filières à haute valeur ajoutée : ananas, anacarde, coton, maïs, manioc et riz. En soutien à l’investissement massif dans le secteur agricole, le gouvernement envisage en outre la création de structures de recherche spécifiques à chaque filière et des écoles professionnelles agricoles pour chaque pôle de développement agricole. Un accent particulier sera également mis sur les instruments et les mesures favorisant l’investissement privé dans le secteur agricole et rural. Ceci se traduira, entre autres, par l’aménagement de 6 000 ha de terres cultivables dans la vallée de l’Ouémé pour favoriser l’installation de 2 500 jeunes entrepreneurs agricoles. Pour rappel, l’agriculture compte pour 23 % du PIB du Bénin d’après la BAD. Le secteur agricole bénéficie d’environ 6,5 % du budget national, soit bien en dessous des engagements de 10 % pris à Maputo, lors du sommet de l’Union africaine (UA) de juillet 2003.