La transfiguration de l’école béninoise fait partie des grands défis que le gouvernement de la rupture tente de relever depuis 4 années de gestion. Dans un entretien de bilan, le Ministre des Enseignements maternel et primaire, Salimane Karimou a révélé que ce qui est promis au peuple béninois pour le sous-secteur est en train d’être réalisé.
Félicienne HOUESSOU
Plusieurs projets ont été entamés ces quatre dernières années en vue de redorer le blason du sous-secteur des enseignements maternel et primaire afin de permettre au Bénin de retrouver son titre de quartier latin de l’Afrique. Entre autres, la machine de cantine scolaire a déjà pris et fait déjà ses preuves. Le taux de couverture de 51% prévu pour 2021 a été miraculeusement atteint en 2018. Ce plan dénommé d’ailleurs Programme national d’alimentation scolaire intégré a eu d’impacts positifs sur la vie des populations qui ont trouvé l’occasion d’écouler certains de leurs produits. Plus de 800 milles écoliers sont impactés, des milliards de francs CFA sont consacrés désormais chaque année à cette cause. Le gouvernement a fait l’option d’initiation des apprenants aux outils informatiques. Plusieurs écoles dans les chefs-lieux de Départements, compte une classe multimédia qui est là et où les enfants ont accès aux outils informatiques dans chaque complexe scolaire que ce soit au niveau de ces écoles et au niveau du département. « Aujourd’hui, nous avons dans le système, un bon nombre d’écoliers et d’enseignants qui s’habituent petit à petit à ce système », a confirmé Salimane Karimou. De plus, longtemps mise en veilleuse, le gouvernement a décidé de ramener la dictée après tant d’années de disparition de cette épreuve. Pour le ministre, il s’agit d’un exercice qui permet d’évaluer les connaissances linguistiques de tout apprenant. « Le constat après plusieurs années est que le niveau des apprenants en français a, de façon drastique, chuté et c’est déplorable. Et les pédagogues, y compris moi-même, sont venus au fait que oui, pour savoir si réellement cet enfant-là maitrise les fondamentaux de la langue française, il faut le soumettre à cet exercice-là. C’est pourquoi depuis 2016, quand nous sommes arrivés, nous avons réintroduit la dictée dans les emplois du temps. Nous avons redocumenté la dictée avec toutes les formes, comment cela doit se faire…on a formé encore les enseignants pour ça. Et après deux ans de cette pratique, nous avons réintroduit la dictée au Certificat d’Etudes Primaires, sans toutefois la rendre éliminatoire juste pour que dans les classes, les enfants et les enseignants puissent vraiment faire leurs activités autour de la langue ; car la langue française c’est la langue officielle du Bénin. C’est notre langue de travail. Nous devons pouvoir la maitriser », a-t-il détaillé. A tout ceci s’ajoute, l’introduction de l’anglais au primaire annoncé par Patrice Talon dans son projet de société. Ainsi, du CI au CM2 au cours primaire, les enfants apprennent à parler et à écrire l’anglais et, à en croire le ministre, cela va se poursuivre de la 6ème jusqu’en terminale.
La qualité de l’enseignement au centre des actions
En ce qui concerne le personnel enseignant, le ratio « une classe, un maitre » a été atteint. Ceci grâce au recrutement massif fait en fin d’année 2019. Des réajustements seront faits avant la rentrée prochaine 2020-2021, sur le recrutement sur poste pour combler le vide laisser par les désistements, décès et départ à la retraite. Pour assurer l‘encadrement de ces enseignants, le gouvernement a prévu recruter 250 conseillers pédagogiques à raison de 50 par an. « Le pari a été gagné à ce niveau. Nous avons recruté en 2017 les 50 ; en 2018 et en 2019 les 50 et ceux qui vont entrer par rapport à 2020, on est en train de se préparer pour lancer le concours de recrutement. Donc là, c’est atteint et également en 2021, on aura eu également les 50. Ce qui fait qu’aujourd’hui, au niveau des conseillers pédagogiques, le ratio conseiller pédagogique et enseignant est nettement amélioré », informe le ministre Salimane Karimou. Par rapport aux jeunes enseignants recrutés, appelés des aspirants, des suppléants, il a précisé « que le minimum est mis à leur disposition ». Mieux, l’année dernière, le gouvernement a mis en place un certain nombre de primes pour les enseignants suite aux négociations avec les partenaires sociaux. Il s’agit des primes d’habillement, des primes d’installation, pour ne citer que ceux-là. « Tous les enseignants, Agents Contractuels de l’Etat, Fonctionnaires de l’Etat, en activité aujourd’hui perçoivent régulièrement leur salaire ; et le gouvernement a même fait l’effort d’améliorer leurs conditions de travail », rassure le ministre de tutelle.
Le partenariat public-privé
Pendant les quatre années de gestion de la chose publique, la collaboration avec les acteurs du privé n’a pas été mise de côté. Lorsque l’Etat met en place la formation continue des enseignants, tous les enseignants qu’ils soient du privé ou du public sont concernés et sont d’office pris en charge. « Ceux du privé sont conviés également, à la différence qu’ils ne sont pas traités de la même manière que ceux du public en termes de rémunération puisque c‘est l’occasion qui permettait à l’Etat de payer aux enseignants les primes de rentrée, les primes de gratification et autres », a indiqué le ministre. Quand bien même ils ont la possibilité de mettre en place des séances de formations continues pour leurs enseignants, l’école privée n’est pas exclue en matière de mise à disposition de matériel didactique. Donc les manuels scolaires, les cahiers d’activité que l’Etat met à la disposition de l’école, le privé est également pris en compte et ils sont intéressés par cela.
Des défis restent à relever
« On ne peut pas encore dire qu’après 4 ans, tout est fini. Nous devons aller plus loin parce que le défi est encore là, grand. Je vous ai dit un peu plus haut que des enseignants se sont organisés de manière à ce que, puisqu’il y a des sanctions quelque part, il faut faire des sélections. Ce qui n’est pas normal. Nous, nous avons déjà atteint ce que nous voulons, alors nous avons commencé par travailler sur le futur », a expliqué le ministre Salimane Karimou. Des insuffisances sont encore notées sur le volet des inspecteurs indépendamment de l’Etat par exemple. L’obstacle majeur de ce secteur, c’est le déficit de candidats. Mais pour lui, le souci du gouvernement « c’est de renforcer les capacités pour que nous puissions avoir nos résultats dans nos classes. Si on ne procède pas ainsi et on dit par exemple qu’on va essayer de satisfaire les uns et les autres, c’est le pays qui va en pâtir ». Le défi de la qualité de l’enseignement reste encore entier. « C’est le grand défi que nous sommes entrain d’aborder. Nous devons pouvoir relever ce défi et c’est un défi qui va s’étaler sur le long terme », avoue le ministre. Par ailleurs, au niveau des infrastructures scolaires, les besoins existent toujours. « Aujourd’hui, nous avons encore des besoins en termes de salles de classes, des besoins au-delà de 11000 salles de classes. On ne s’arrête pas. Donc le budget de l’Etat à partir de l’année prochaine ne va pas au contraire être diminué ; mais on va demander qu’il soit augmenté. Il y a d’autres partenaires également aujourd’hui qui applaudissent et qui sont fiers des résultats obtenus sur le terrain, preuve du savoir-faire de l’équipe en place et les partenaires sont prêts à accompagner encore le Gouvernement dans la réalisation de ses objectifs ; notamment la banque mondiale, l’AFD, le PME et d’autres s’annoncent déjà pour pouvoir accompagner ce qui se fait déjà. Nous sommes dans la logique d’aller plus loin et de faire mieux que ce que nous avons fait aujourd’hui », a-t-il précisé.
En dépit des obstacles, les fruits ont tenue la promesse des fleures. Aujourd’hui, ne serait-ce que par rapport au Certificat d’Etudes Primaires, le Bénin est parti d’un taux de moins de 40% à 84% voire 85% en 2019. Selon les dires du premier responsable du sous-secteur, lorsque vous prenez les rubriques une à une en matière d’accès, le bilan est élogieux et plus que satisfaisant.