Les finances des établissements publics du Bénin pour la période 2025-2027 s’annoncent globalement prometteuses, avec une croissance attendue des produits et des résultats nets. Cependant, des efforts soutenus sont nécessaires pour maîtriser les charges, optimiser l’utilisation des ressources publiques et prévenir tout risque d’endettement excessif.
Aké MIDA
Les perspectives financières des établissements publics du Bénin sont relativement favorables sur la période 2025-2027. En effet, le chiffre d’affaires global des établissements publics devrait croître de 4,6 %, atteignant 229,3 milliards F Cfa en 2027, contre 219,1 milliards F Cfa en 2025, projette la Direction générale de l’Economie (Dge/Mef). Cette hausse devrait être soutenue par une gestion rigoureuse des charges et une amélioration des produits internes.
Les résultats nets des établissements publics devraient également connaître une progression importante, avec une évolution passant de 118,1 milliards F Cfa en 2025 à 127,1 milliards F Cfa en 2027, soit un accroissement de 7,6 %. Cette dynamique serait le reflet de la gestion optimisée des ressources, couplée à des mesures de maîtrise des dépenses et de renforcement des produits.
Les subventions d’exploitation, qui restent la principale source de financement pour les établissements publics, continueront à jouer un rôle central. En parallèle, les transferts en capital seront privilégiés pour soutenir les investissements stratégiques.
Entre 2021 et 2023, l’analyse de l’évolution des finances des établissements publics montre une trajectoire de croissance irrégulière des recettes, avec une augmentation des ressources mises à disposition par l’Etat, en particulier pour soutenir les investissements dans des secteurs clés tels que les infrastructures et la santé. Les recettes propres des établissements publics ont évolué de manière discontinue, affichant une légère baisse en 2022 suivie d’une reprise en 2023. La gestion des recettes propres demeure fluctuante, avec des performances variables selon les établissements.
Situation récente
Les ressources de l’Etat allouées aux établissements publics ont connu une augmentation notable, passant de 93,4 milliards de F Cfa en 2021 à 168,7 milliards F Cfa en 2022, puis 184,4 milliards F Cfa en 2023, ce qui souligne l’importance de l’Etat dans le financement des actions d’investissement des établissements publics, d’après les données contenues dans la Note analytique sur les entreprises publiques, adossée au projet de loi de finances 2025.
Les dépenses des établissements publics ont également suivi une trajectoire irrégulière, avec une forte hausse en 2022 due à des dépenses d’investissement exceptionnelles. Les dépenses de personnel ont plus que doublé en 2022, mais ont diminué en 2023 en raison des fusions d’entités et de la rationalisation des activités. Les dépenses d’investissement ont, elles, continué de croître, ce qui reflète les efforts du gouvernement pour dynamiser certains secteurs économiques.
L’évolution des résultats nets montre une performance croissante, avec un excédent passant de 2,3 milliards F Cfa en 2021 à près de 9 milliards F Cfa en 2023. Cependant, le stock de la dette a également augmenté, passant de 55,7 milliards F Cfa en 2021 à 80,1 milliards F Cfa en 2023, ce qui suggère un besoin accru de gestion prudente de la dette.
Quant à l’effectif des agents employés dans les établissements publics, il a continué de croître, avec une augmentation notable des agents conventionnés. Toutefois, le nombre d’agents détachés de l’État a diminué, ce qui reflète la réorganisation des effectifs dans certains établissements.
Orientations stratégiques
Malgré un contexte économique international difficile, le gouvernement prévoit une croissance économique stable autour de 6 % en 2025, dans un environnement non inflationniste. Pour soutenir cette dynamique, les établissements publics devront mettre en place des activités budgétaires efficaces, en privilégiant des modèles de financement adaptés à la consolidation économique, à la gestion budgétaire rigoureuse et à la maîtrise des risques d’endettement. Dans le cadre des réformes structurelles entreprises depuis 2016, le gouvernement met un accent particulier sur la rationalisation et l’efficacité des établissements publics. La stratégie vise à assainir le portefeuille des établissements publics afin d’assurer une gestion plus cohérente et efficace de l’action publique, améliorer les relations entre l’État et les établissements publics, avec une allocation plus optimisée des ressources financières, renforcer la gouvernance des établissements grâce à des outils de gestion harmonisés et des conventions de mandat systématiques entre ministères et agences d’exécution. Il s’agit aussi d’assurer la transparence en lien avec la politique publique, tout en favorisant une meilleure satisfaction des besoins de la population, de renforcer la mesure des risques financiers pour garantir une gestion saine et éviter toute dérive budgétaire, et d’adopter une politique salariale équilibrée avec la revalorisation du Smig et l’actualisation des statuts des établissements publics.
Ainsi, ces initiatives ont pour objectif de rendre les établissements publics plus performants et mieux alignés sur les priorités de développement national.