Depuis quelques semaines, il est quasiment impossible de s’approvisionner en gas-oil dans les stations-service. Les grandes villes des départements du Zou et des Collines sont aussi secouées par cette crise dont les causes réelles sont méconnues du grand public.
Rock Amadji (Correspondant Zou-Collines)
Les promoteurs d’entreprises utilisant le gas-oil comme principale source d’énergie ne savent plus où donner de la tête. Les meuniers, les boulangers, les propriétaires de camions et de véhicules diésels sont confrontés à un ralentissement de leurs activités puisque n’ayant pas trouvé de gas-oil. «Depuis que la pénurie a commencé je ne tourne plus à plein régime », se désole Fabien Houéssionnon, meunier à Za-Kpota. A en croire ses propos, c’est quand le propriétaire du moulin réussit à s’approvisionner quelques litres dans le marché noir qu’il arrive à travailler. «De 15 à 20 litres jour, je me retrouve en deçà autour de 5 litres jour. Ce qui constitue une énorme perte de temps pour moi parce que je suis payé en fonction des recettes engrangées dans le mois. Avec cette situation, je suis sûr que mon salaire va connaître une baisse drastique ce mois-ci », se lamente-t-il. Comme lui, un transporteur de charbons se mord les doigts. De ses explications, on retient que cette pénurie de gas-oil lui est défavorable parce qu’elle intervient à une période de vache grasse au cours de laquelle il y a du travail. «Sans vous mentir, nous ne pouvons pas vous dire jusqu’au point où cette crise nous a fragilisé. Par ces temps qui courent, nous sommes trop sollicités puisqu’il y a du charbon à transporter dans la brousse. Mais faute de gas-oil nous ne sommes plus allés nulle part bientôt une semaine », confie-t-il, l’air déçu. Il ajoute qu’il a même cherché à s’approvisionner auprès des détaillants à la maison sans succès. Ils sont donc très nombreux ces usagers clients de stations-service à grincer actuellement les dents parce que le gas-oil s’est fait rare. Du côté des gérants des stations, ils ne chôment pas malgré la pénurie du gas-oil. Ils assurent un service minimum à cause de la disponibilité de l’essence. Cependant, ils ont senti l’impact dans leur trésorerie. D’après les confidences de Richard Linkpéhoun, responsable dans une station-service à Abomey, leurs recettes journalières ont connu une baisse « puisque le gas-oil occupe une grande proportion dans notre portefeuille », indique-t-il. Bien que maîtrisant l’impact de cette crise sur ses recettes, il lui est tout de même difficile de donner les raisons de sa survenance. « Je ne saurai dire avec certitude l’origine de cette pénurie de gas-oil qui n’est pas un fait nouveau. Sous les autres régimes on en a connue aussi », souligne Richard Linkpéhoun. Plutôt que de perdre son temps à préciser le fondement de la situation, Paulin Tossou, agent dans une station-service contacté à Dassa-Zoumè s’est mis dans une posture d’apaisement. Pour lui, il n’est pas question de s’affoler quand on sait que la crise de la Covid-19 a bouleversé beaucoup d’habitudes. « Donc la faute n’est ni des autorités ni des promoteurs des stations-service », défend-t-il. Il appelle alors les usagers clients au calme et à la sérénité « étant donné que le Gouvernement est à pied d’œuvre pour rétablir la situation », informe-t-il. Sans se fier à cette assurance « politicienne », Rigobert Kpoffon gérant d’une boulangerie de la place et son propriétaire ont pris d’autres dispositions utiles pour assurer le service minimum et maintenir la clientèle en attendant le rétablissement de la crise. «Nous ne sommes pas obligés de vous donner notre source d’approvisionnement. Mais ce que nous savons, c’est que le promoteur de la boulangerie essaie de nous trouver quelques litres pour tenir », nous informe-t-il le visage dégoulinant de sueur.