Si hâtive qu’elle paraissait à son annonce, puisque n’établissant, au préalable, aucune catégorisation des entreprises concernées, la réforme de la facture normalisée, conduite par la Direction Générale des Impôts (Dgi), s’appliquera, selon le DGI Nicolas Yènoussi, aux entreprises dont le chiffre d’affaires est supérieur à 50 millions de FCFA. Cette résolution, quoique contraire à la loi n° 2019-46 du 27 décembre 2019, portant loi de finances pour la gestion 2020, se présente comme une stratégie raisonnable d’accompagnement des Petites et Moyennes Entreprises (PME) ainsi que des Petites et Moyennes Industries (PMI) au Bénin.
Sylvestre TCHOMAKOU
Alors qu’elle avait été annoncée comme étant obligatoire à toutes les entreprises (grandes, moyennes, petites et micros), en témoigne le communiqué en date du 15 janvier 2020, signé du directeur général adjoint des impôts, Justin Agbikossi, la réforme de la facture normalisée prendra finalement en compte les entreprises disposant d’un chiffre d’affaires au-delà de 50 millions. Progressivement, elle s’étendra aux autres entreprises ayant un chiffre d’affaires moins élevé. Cette précision apportée par le directeur général des impôts, Nicolas Yènoussi, le dimanche 22 février 2020 sur Canal3 Bénin, à plus d’un titre, rime avec la volonté de l’Etat béninois qui est de promouvoir les PME-PMI. En effet, depuis qu’il a été annoncé qu’elle s’étend à toutes les entreprises béninoises, la réforme n’a pas manqué de susciter de grincements de dents et d’interrogations de toutes sortes dans le rang de la cible. Pour le plus grand ensemble, se trouvant dans une situation où l’entreprise fonctionne sur des emprunts, et par conséquent avec un revenu presqu’insignifiant, l’invite à l’achat obligatoire de la Machine Electronique Certifiée de Facturation (Mecef), paraissait comme une asphyxie. C’est dans cette logique qu’approchée, à l’annonce de la réforme, dame Bastia, collaboratrice dans une entreprise de la place, confiait que l’idée est originale mais, « le coût de la machine, de l’installation et de la connexion, le tout mis ensemble, est lourd pour les petites entreprises.». Tout comme elle, pour Eusèbe Sotchénou, Comptable de l’université nationale d’agriculture de Porto-Novo, le problème reste la capacité des entreprises ciblées par la réforme. « C’est une bonne chose… mais pour nous contribuables, qui n’avons pas encore de base finacière, c’est difficile d’acquérir la machine qui s’élève à environ 1 million de FCFA. » dira-t-il. Bien que contraire à la loi n° 2019-46 du 27 décembre 2019, portant loi de finances pour la gestion 2020, le repli de l’institution chargée des fiscs, pour ne dire de l’Etat béninois, offre une panoplie d’avantages aux PME-PMI.
Les avantages pour les PME-PMI
La « discrimination positive » dont fait montre la DGI dans l’application de la loi n° 2019-46 du 27 décembre 2019, portant loi de finances pour la gestion 2020, est de nature à permettre aux entreprises cibles, d’être non seulement plus autonome d’ici quelques années, mais surtout de pouvoir créer plus de valeur ajoutée. Au vue de leur chiffre d’affaires un peu trop léger, celles-ci pourraient, pour éviter toute surprise à l’avenir, s’inscrire dans une dynamique d’épargne pour l’acquisition de la Machine Electronique Certifiée de Facturation (Mecef). Par ailleurs, pour arriver à saisir cette opportunité qui leur est donnée avant une phase générale, les startups se trouvant dans une situation financière pas très favorable pour le développement de leur activité, gagneraient plus à trouver des partenaires ou associés en vue de la fusion de leur entité. Cette mesure, même si elle n’est pas au tant ancrée dans la pratique entrepreneuriale au Bénin, permettrait de partager les charges et de mettre à contribution les atouts de chacun des associés pour une entreprise plus dynamique. Compte tenu de la concurrence que vivent les entreprises de part et d’autre, les acteurs du secteur privé béninois, notamment les PME-PMI devraient penser à des actions communes pour s’imposer comme leader de leur domaine repectif.