Malgré son statut de soi-disant pays pauvre à revenu faible, le Bénin continue d’attirer les migrants économiques de tous bords qui y ont élu domicile et gagnent bien leurs vies.
Issa SIKITI DA SILVA
« Nul n’est prophète chez lui », déclare Marie-Pauline Clarina, une migrante originaire de l’Afrique centrale qui vit au Bénin depuis plusieurs années et qui semble avoir réussi où les autres avaient échoué.
« J’ai quitté mon pays à la recherche des opportunités économiques qui étaient rares chez nous parce que tout est politisé. J’ai sillonné toute la région mais je n’ai pas trouvé mieux avant de m’installer ici au Bénin. Aujourd’hui la chance m’a souri, donc je suis très reconnaissante envers ce pays », explique cette enseignante du lycée reconvertie en femme d’affaires qui achète et réexporte des produits de beauté, des pagnes, des sacs, des chaussures et des vêtements de femmes vers l’Afrique centrale et certains pays de l’Afrique de l’ouest.
Un migrant, un secteur
Un migrant économique est une personne qui quitte son pays d’origine pour aller s’installer ailleurs en vue de rechercher du travail ou des opportunités économiques qu’elle n’a pas pu trouver dans son pays. Il semble avoir au moins un migrant économique dans chaque secteur de l’économie béninoise, tant formel qu’informel. Et ils viennent de partout : des pays de la CEDEAO et hors de la CEDEAO comme les deux Congo, le Cameroun, le Gabon, le Tchad et l’Afrique du nord, pour ne citer que ceux-là. Il y a aussi une présence remarquée des ressortissants, entre autres, du Liban, de l’Inde et de la Chine. Et tous sont animés par un même esprit : l’entreprenariat ou se faufiler dans l’espace professionnel restreint du Bénin.
« Ça m’écœure lorsque les gens disent que le Bénin est un pays pauvre où il n’y a pas d’opportunités. Il y a plein d’opportunités dans ce petit pays, ce que tu as besoin c’est d’avoir le courage et une vision de loin. Je suis arrivé ici avec 20 000 FCFA dans ma poche mais j’ai travaillé dur pour arriver où je me trouve présentement », souligne Moussa Issoufou, un vendeur de produits agricoles.
« J’aime le Bénin parce que c’est un pays calme et politiquement stable. Chez nous, surtout à Lagos c’est trop agité et je pense que ce n’est un pas bon milieu pour élever et éduquer les enfants. Je fais mon petit commerce ici qui marche bien et mes enfants sont tous nés et étudient ici. Ils parlent le fon, le français et l’anglais en plus de ma langue maternelle. Ils me disent souvent qu’ils sont béninois et non nigérians, ce qui me fait vraiment rire. C’est vraiment un bon départ pour ma famille », explique Nneka, une vendeuse de friperie.
Poissons dans l’eau
Il y a des centaines de milliers de migrants comme Marie-Pauline Clarina, Baba Moussa et Nneka au Bénin qui ont quitté leurs terres natales la queue entre les pattes à la recherche d’une vie meilleure. Si les uns vivent maintenant comme des poissons dans l’eau, d’autres par contre continuent de travailler dur dans l’espoir que le soleil finira par apparaitre quel que soit la durée de la nuit.
« Je suis arrivé au Bénin en 2016 pour chercher du travail. Ce n’est pas facile mais c’est mieux que chez nous. J’aime ce pays et je voudrais y rester longtemps. Si les choses marchent comme je le souhaite, ma famille viendra me rejoindre ici », affirme Bouba Diallo, un migrant guinéen qui fait des épargnes en vue d’ouvrir une cafeteria à Cotonou, emboitant ainsi le pas à ses compatriotes peuls dont les entreprises de cafeterias sont devenues comme des ‘’enseignes lumineuses’’ dans la capitale économique du Bénin.
Pendant que de milliers de migrants se sentent plus béninois que les béninois parce qu’ils parlent les langues locales et se sont fortement intégrés pour avoir résidé ici longtemps, d’autres par contre viennent et repartent. « L’annulation du visa nous a beaucoup aidé. Je profite de ce séjour de trois mois pour faire mon business et me reposer un peu à Cotonou. Ensuite je repars pour revenir dans quelques mois. Le Benin c’est trop bon », a renseigné Jules Bulembi, touriste et homme d’affaires congolais.