Les résultats de l’Enquête régionale intégrée sur l’emploi et le secteur informel (ERI-ESI) réalisée par l’Institut National de la statistique et de l’analyse économique (Insae) indiquent qu’au Bénin, plus de quatre travailleurs sur dix gagnent en dessous des 2/3 du salaire médian.
Abdul Wahab ADO
En matière de rémunération au Bénin, plus de quatre travailleurs sur dix, soit 41% perçoivent un bas salaire en dessous du 2/3 du salaire médian selon le rapport del’Enquête régionale intégrée sur l’emploi et le secteur informel de l’Insae. Les résultats de l’enquête précisent que ce niveau de bas salaire frappe toutes les catégories de travailleurs, mais le niveau de bas salaire diminue avec la qualification de la main d’œuvre. La proportion passe de 51% chez aides familiaux à 15% chez les salariés. Selon le statut socioprofessionnel, cette proportion passe de 95,3% chez apprentis ou stagiaires payés à 5,7% chez les cadres supérieurs, ingénieurs et assimilés. Toujours selon l’enquête publiée en décembre 2019 par l’Insae, 12,7% de la main d’œuvre perçoivent un revenu moyen inférieur au Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG). Plus de la moitié des apprentis/aides familiaux (50,6%) perçoivent un revenu moyen inférieur au SMIG. Cette proportion est de 9,83% chez les travailleurs indépendants, 9,93% chez les travailleurs à leur propre compte et 13,32% chez les salariés. Selon le statut professionnel, ce sont les apprentis ou stagiaires payés qui sont les plus frappés (95,3%), suivi de manœuvres (30,4%) et des ouvriers semi qualifiés (10,8%). Cette proportion diminue lorsque le niveau de qualification des travailleurs augmente. Par ailleurs, dans ces états où le secteur informel est très prépondérant en matière d’utilisation de la main d’œuvre, la main d’œuvre vit dans une situation de précarité marquée par un taux élevé de bas salaire.
L’auto-emploi, la solution au chômage
Les résultats de l’enquête traduisent une organisation de travail fortement polarisée sur l’auto-emploi. Plus de huit UPI sur dix, soit 80,9% ont cette forme d’organisation. L’auto-emploi est assez prononcé à Cotonou, 88,3% et, un peu moins dans l’industrie qui est de 71%. Ensuite la forme de travail non rémunéré vient en seconde position et le niveau le plus élevé est observé dans l’industrie (22,6%). Le taux de salarisation qui est la part de l’emploi salarié dans l’ensemble des emplois, c’est-à-dire le ratio rapportant le nombre de salariés au nombre total d’actifs des UPI est très faible (2,7%). Par secteur d’activités, le taux de salarisation est globalement plus important dans le secteur de l’industrie avec 5,2% et en milieu urbain avec 3,2%, notamment à Cotonou avec 4,2%. Quatre formes d’organisation du travail des UPI sont mises en évidence dans cette étude. Il s’agit de l’auto-emploi où la main-d’œuvre est constituée uniquement de travailleurs à compte propre et des associés ; la forme non-salariale qui n’emploie aucun salarié ; la forme salariale pour laquelle la main-d’œuvre est constituée uniquement de salariés sauf le dirigeant qui n’est pas inclus et enfin la forme mixte qui comprend au moins un salarié et un non salarié parmi les emplois dépendants de l’UPI. Par ailleurs, ces résultats de l’Insae montrent comment le marché de l’emploi au Bénin est organisé bien que beaucoup d’efforts sont faits pour l’employabilité des jeunes.