La valeur du marché de l’Intelligence artificielle (IA) en Afrique atteindrait 18,33 milliards US$ d’ici 2030 et le nombre d’utilisateurs de ses outils devrait passer de 3,64 millions à 14,47 millions pendant la même période, positionnant ainsi le continent dans une course folle contre la montre pour rattraper les autres parties du globe qui s’approchent déjà de la ligne d’arrivée. Ces chiffres, presqu’invraisemblables, ont été révélés cette semaine par un spécialiste du domaine basé en Afrique du Sud.
Issa DA SILVA SIKITI
« Le potentiel de l’IA en Afrique est vaste, avec un accent particulier sur le secteur de l’apprentissage automatique (AA), qui représentera 71% du marché d’ici 2030. L’apprentissage automatique permet aux systèmes d’apprendre et de s’adapter à partir des données sans programmation explicite. Cette capacité est particulièrement précieuse en Afrique, où les ensembles de données sont souvent volumineux et complexes, ce qui rend l’IA idéal pour identifier les modèles et les tendances visant à conduire des solutions transformatrices », souligne Hannro Steenekamp, consultant chez Frost & Sullivan Africa.
Steenekamp affirme que le continent est prêt à exploiter la puissance de l’IA pour relever des défis urgents tels que la réduction de la pauvreté, l’amélioration des soins de santé et l’efficacité agricole. Ces solutions basées sur l’IA détiennent la clé pour débloquer une croissance et un développement durable sans précédent, dixit-il.
A en croire ce spécialiste, l’une des opportunités clé réside dans le secteur de l’éducation, où les outils basés sur l’IA peuvent contribuer à combler le manque de travailleurs qualifiés. « L’IA peut fournir des expériences d’apprentissage personnalisées, des systèmes de tutorat adaptatifs et une notation automatisée qui permettent aux enseignants d’atteindre davantage d’élèves et de fournir un soutien ciblé ».
Défis à relever
Dans le domaine de la santé, explique-t-il, l’IA peut contribuer à améliorer la détection et la prévention des maladies, tandis que dans l’agriculture, elle peut optimiser les rendements des cultures et lutter contre des problèmes tels que les infestations acridiennes. Dans le domaine financier, l’IA peut faciliter les transactions d’une entreprise à une autre et promouvoir l’inclusion financière sur les marchés émergents d’Afrique.
Cependant, l’expansion rapide de l’IA présente des défis qui doivent être relevés. Par exemple, seules 14% des entreprises sont prêtes à intégrer l’IA dans leurs opérations, et seulement 6% ont formé plus de 25% de leurs employés à son utilisation. De plus, l’Afrique a actuellement l’un des taux de formation des salariés sur l’IA générative les plus faibles, soit 3%, regrette-t-il.
Pour relever ces défis qui guettent le continent et tirer parti des opportunités de l’IA, Steenekamp lance un appel solennel aux pays africains de donner la priorité à la formation et au perfectionnement de leur main-d’œuvre afin de garantir une intégration fluide et efficace des technologies de l’IA.
« Cela améliorera la productivité, créera de nouveaux emplois et stimulera la croissance économique. De plus, l’utilisation éthique de l’IA doit être une priorité. Des cadres de gouvernance clairs pour l’IA, respectueux des droits de l’homme et des valeurs, sont essentiels pour garantir une utilisation responsable de la technologie. Les gouvernements et les entreprises doivent collaborer pour créer un environnement fiable de développement, d’utilisation et de résultats de l’IA », conclut-il.