Bien que disposant à la fois des meilleurs systèmes sanitaires au monde, d’une géante techno-science, bref, d’un savoir envié, les pays occidentaux, face au coronavirus, semblent sans moyens. En trois mois de terreurde cette pandémie, les Etats de l’Union Européenne (UE), plus que jamais, se trouvent chacun, à méditer la règle du « chacun pour soi ». Pendant ce temps, en Afrique, les Etats restent résistants. Où est donc passé le grand cercle de l’occident ? Le monde s’effondre-t-il autour de l’UE ?
Sylvestre TCHOMAKOU

L’image de société performante que présente l’occident depuis des années, contre toute attente, fléchit à grande courbe devant ce virus mobile insaisissable, le Covid-19. Même si pour l’heure, 169 pays au monde font partis de la carte rouge du coronavirus, le bilan alarmant qu’impose le mal dans les pays de l’Europe laisse béat. En Italie, les victimes de la pandémie du Covid-19 se comptent désormais en dizaine de mille. A plus de 7.000 décès, l’Espagne voit, impuissant, grimper les chiffres quotidiens des victimes du virus. Ce, sans compter les milliers de personnes infectées, et qui pour la plupart, se trouvent dans un cycle de vie non maîtrisé. La France quantà elle, après avoir longtemps remis en cause le traitement du virus par la chloroquine expérimentée sur des patients sous la houlette du docteur Didier Raoult, se retrouve finalement à l’autoriser mais, compte aussi en millier les disparus du Covid-19. Selon le journal « Le Parisien », alors qu’elle s’efforce de rapatrier ses ressortissants qui se trouvent dans le monde, la France, dans son dernier bilan à la date du 30 mars 2020, compte plus de 3.000 décès à l’hôpital et 5.056 patients en réanimation. Des rescapés partiels agonisants, il en existe également. Personne jusqu’ici, n’aurait pu croire possible, peu de temps avant cette épidémie, le maudit sort que subissent les Etats de la géante Union Européenne (UE) qui allie remarquablement science et médecine. Des médecins, et surtout les meilleurs, des plateaux techniques de première ligne, des hôpitaux de classe, les pays occidentaux en comptent en grand nombre et, ils le prouvent quotidiennement. Mais face à ces atouts acquis sur plusieurs années de travail, et qui font d’ailleurs de l’UE une organisation supergrande, comment expliquer ce ravissement par millier causé par le Covid-19 ? L’UE garde-t-elle toujours son hégémonie et son caractère commun ? Dans un contexte marqué par la recherche de solution au sein de chaque Etat membre de l’Union, même si l’UE tente des actions pour regrouper les pays afin de définir des mesures coordonnées, il n’y a point de doute qu’elle est tombée de son piédestal de superpuissance. Preuve. Désarmée face au Covid-19, l’institution jusqu’ici, n’est pas en mesure de porter une assistance sanitaire efficace à ses pays membres gravement touchés, tels que l’Italie et l’Espagne où chaque jour qui passe, les morts se comptent par centaine. Ne pouvant plus longtemps miser sur sa médecine et ses atouts sanitaires, le gouvernement français, après l’Italie et Andorre en Europe, a accepté le 31 mars 2020, par décret, l’offre médicale proposée par le Cuba. Celle-ci permettra de combler les manques d’effectifs, notamment hospitaliers des départements d’outre-mer de la France. La coordination, ce qui ressemblait à ce que savait faire le mieux l’UE, paraît impossible en ce moment. En témoigne la propagation du virus sans cesse croissantedans ces pays. Même s’ils ne sont pas de l’UE, les Etats Unis d’Amérique pour leur part, se trouvent à plus de 2.000morts dont un bébé. Leur système sanitaire, aussi puissant soit-il, ne tient non plus tête au coronavirus.
Un déclin avéré
Le mythe de grande puissance qui n’a fait que trop durer s’est davantage révélé à travers la pénurie de masques et d’équipements de protection. Mieux, ce mythe se dévoile par la faible capacité des hôpitaux à contenir les malades et l’insuffisance de médecin-soignants. Des réalités qui, quelques semaines avant l’arrivée du virus en Europe, étaient loin d’être invoquées. Pour montrer sa solidarité dans ce grand vide que présente l’occident qui a toujours semblé solide, outre la Chine, la Russie et même le Cuba n’ont pas tardé à offrir de l’aide médicale à l’Italie, pays européen le plus touché par le virus au monde. Ce qui révèle les moyens limités de l’UE à se suffire à elle seule, telle qu’elle a toujours paru.
L’Afrique en résistance
Comptant plus de pays en voie de développement, l’Afrique pour l’heure, connaît moins de dégâts humains liés au virus. Avec 47 pays touchés sur 54, l’Afrique compte désormais plus de 3.000 cas et 90 morts. La chloroquine étant jusque-là le remède utilisé par presque tous les pays touchés, l’Afrique ne s’en départit point. Conscients de la porosité de leur système sanitaire, les dirigeants africains à divers niveaux, ont décrété pour certains, l’Etat d’urgence et pour d’autres, un cordon sanitaire. Mesurant aussi les impacts socioéconomiques, les institutions bancaires continentales et sous-régionales telles que la Banque Africaine de Développement (BAD), la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), ont pensé des mesures d’accompagnement financier à leurs Etats membres. Il serait trop tôt de prédire les conséquences humaines du Covid-19 en Afrique comparativement à l’Europe. Mais, toujours est-il que chaque Etat prend des dispositions pour éviter le pire. Quant aux pays occidentaux, bien qu’on ne saurait dire la fin de la saignée, il serait sage que l’UE fasse tomber la toge de superpuissance pour s’allier véritablement aux autres puissances afin que s’arrête le mal.