Le représentant résident pour le Bénin du Fonds Monétaire International (FMI), Younes Zouhar, a organisé, ce vendredi 24 novembre 2023 à la salle de la conférence DGI DGE, une présentation sur : les perspectives économiques régionales, édition d’octobre 2023, une éclaircie à l’horizon ? du FMI en Afrique. C’était en présence du directeur central des régies financières du MEF et du Directeur général adjoint de l’économie.
Falco VIGNON
Sur le continent africain dans son ensemble, de timides signes d’une reprise progressive de l’activité économique sont observés. Dans un petit nombre de grands pays africains, l’activité a été plus solide que prévu au premier semestre de l’année, grâce à une reprise continue dans le secteur des services, au regain du tourisme, à une augmentation plus forte qu’anticipé des envois de fonds des travailleurs migrants, à l’augmentation de la production agricole et à l’extraction des ressources. En outre, dans certains pays riches en ressources naturelles, cet accroissement de l’activité extractive a bénéficié de la mise en service (ou de la réparation) d’un certain nombre de projets d’hydrocarbures (Niger, Sénégal) et du démarrage de la production d’un certain nombre de projets miniers (Libéria, Mali, République démocratique du Congo,
Sierra Leone), a expliqué le représentant résident pour le Bénin du Fonds Monétaire International (FMI), Younes Zouhar dans sa présentation.
La croissance mondiale devrait ralentir pour se situer à 2,9 % en 2023, en baisse par rapport au taux de 3,5 % l’an dernier. Toutefois, l’inflation mondiale aussi régresse lentement, et, même si la hausse des taux d’intérêt s’annonce plus élevée et plus longue dans nombre de grands pays, le cycle de resserrement des politiques monétaires est vraisemblablement proche de son maximum et les conditions financières mondiales ont commencé à se détendre quelque peu. Pour de nombreux pays du continent africain, en particulier ceux dont les fondamentaux sont relativement plus solides, cette évolution a permis d’atténuer au moins légèrement la pénurie de financement en réduisant les écarts de taux d’intérêt souverains. Cependant, les coûts d’emprunt restent élevés de manière générale.
La zone d’Afrique subsaharienne est confrontée à une inflation alimentaire qui tourne autour de 10%. Il est estimé qu’environ un tiers de la population vit avec moins de 2,15 dollars par jour. L’insécurité est aigue dans la zone.
Il a évoqué également la pénurie de financement et les coûts d’emprunt qui restent élevés de manière générale. Avec le retour à la normale des chaînes d’approvisionnement mondiales, les principaux points de blocage ont pu être désengorgés et les cours de plusieurs produits de base ont baissé par rapport aux pics atteints durant la pandémie. Les prix internationaux des denrées alimentaires ont notamment chuté de plus de 20 % au cours des 18 derniers mois. Même s’il s’agit d’une évolution appréciée sur un continent qui reste aux prises avec une forte crise du coût de la vie, d’importantes fluctuations affectent encore les prix de l’énergie. Il est estimé qu’environ un tiers de la population vit avec moins de 2,15 dollars par jour. Présent à l’occasion de l’exposition des perspectives, le Directeur général adjoint de l’économie, Elie Idohou a évoqué les performances économiques enregistrées au Bénin.
Priorités d’action pour la reprise
Dans sa présentation, le représentant résident pour le Bénin du Fonds Monétaire International (FMI), Younes Zouhar a évoqué quelques actions pour la reprise. Pour garantir une reprise plus stable et plus durable, il est important que les autorités des pays africains s’abstiennent d’assouplir prématurément la politique monétaire et restent attachées à leurs projets d’assainissement des finances publiques. Les mesures de politique monétaire doivent rester fermement axées sur la stabilité des prix. C’est là une priorité pour remédier à la crise du coût de la vie sur le continent, qui permettrait en outre de renforcer la crédibilité des banques centrales et la résilience macroéconomique dans son ensemble. En Afrique, comme ailleurs, la capacité des autorités à contenir l’inflation en cas de chocs mondiaux doit beaucoup aux améliorations apportées aux cadres d’action ces vingt dernières années : dans de nombreux pays, les améliorations apportées à l’indépendance de la banque centrale, aux cadres de ciblage de l’inflation, à la flexibilité des taux de change, à la réglementation macroprudentielle et à la communication ont toutes joué un rôle fondamental. Il importe toutefois de prendre des mesures pour poursuivre ces améliorations et renforcer encore la crédibilité, compte tenu notamment des défis posés par les récents chocs inflationnistes.
Dans les pays où l’inflation demeure élevée et persistante, un nouveau resserrement de la politique monétaire reste approprié jusqu’à ce que l’inflation montre clairement qu’elle est en bonne voie d’atteindre les objectifs des autorités. Cette stratégie est essentielle pour préserver la crédibilité et maintenir l’ancrage des anticipations d’inflation à long terme.
Le resserrement des politiques monétaires dans les pays avancés a non seulement entraîné une hausse des coûts d’emprunt mondiaux, mais également exercé une pression à la baisse sur de nombreuses monnaies africaines. Pour les pays à parité fixe, la stabilité implique que les autorités ajustent le dosage des mesures (notamment celles de politique budgétaire) pour soutenir la parité.
La politique budgétaire doit continuer de rééquilibrer les finances publiques tout en apportant une aide sociale ciblée aux populations les plus vulnérables, permettant ainsi de reconstituer les marges de manœuvre épuisées pendant la crise et de réduire les risques liés à la viabilité de la dette. La mise en œuvre des engagements pris dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) peut permettre de libérer tout le potentiel de ce continent ainsi devenu la plus grande zone de libre-échange au monde, en donnant aux entreprises davantage de possibilités de progresser sur la chaîne de valeur sur le continent et en favorisant une économie plus résiliente et plus dynamique à l’échelle de l’Afrique tout entière.