Le rapport sur la situation de l’inclusion financière dans l’Uemoa au titre de l’année 2020 indique une augmentation du taux d’utilisation des services de monnaie électronique au Bénin, comparativement aux autres pays de l’Union économique et monétaire des Etats de l’Afrique de l’ouest (UEMOA).
Abdul Wahab ADO
Dans l’Uemoa au cours de l’année 2020, le Bénin enregistre le taux d’inclusion financière le plus élevé (82,4%), suivi du Togo (81,6%), de la Côte d’Ivoire (79,1%), du Sénégal (75,6%) et du Burkina-Faso (75,4%). Le Niger, en revanche, affiche un taux d’inclusion financière de 15,6%. Dans l’Union, le taux global de pénétration démographique des services financiers a connu une hausse de 9 points, passant de 102 points de services pour 10.000 adultes en 2019 à 111 points de services pour 10.000 adultes en 2020 et 57 points de services en 2018. Le taux de pénétration démographique le plus élevé a été observé au Bénin, avec 253 points de services pour 10 000 adultes, suivi du Mali (185 points de services), de la Côte d’Ivoire (118 points de services), du Burkina (94 points de services) et du Sénégal (84 points de services). Au Sénégal, un repli de 29 points du taux de pénétration démographique a été enregistré en 2020, du fait de la suppression de guichets par l’émetteur de monnaie électronique Orange Finances Mobiles Sénégal (OFMS), relative à la mise en œuvre d’une plateforme de “Self Inscription” (inscription autonome) et le relèvement du plafond de dépôt en ligne. Toujours selon le rapport de la BCEAO, D’une année à l’autre, la progression la plus significative a été enregistrée au Bénin (+87 points), suivi du Mali (+46 points), du Togo (+13 points) et de la Côte d’Ivoire (+3 points). En revanche, une diminution a été observée au Sénégal (-29 points) et au Burkina (-16 points), du fait du repli enregistré au niveau des points de services de monnaie électronique. Selon le rapport de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest BCEAO, l’analyse du taux d’inclusion financière révèle que la monnaie électronique a contribué de manière significative à l’utilisation des services financiers dans l’Union. En effet, le taux d’utilisation des services de monnaie électronique a progressé de 9,8 pp, pour se situer à 48,6% en 2020, soit l’une des plus fortes progressions sur une année depuis une décennie. Cette situation pourrait s’expliquer par le recours intensif des services financiers via la téléphonie mobile au cours de la crise sanitaire grâce aux mesures prises par la Banque Centrale. Il faut dire que l’évolution de l’utilisation des services financiers au cours de l’année 2020 s’explique en particulier par la contribution du secteur de la monnaie électronique qui a été significative, en raison d’une part, de la crise sanitaire de la COVID-19 qui a favorisé l’adoption des services des paiements électroniques par les populations des services et, d’autre part, des mesures prises par la Banque Centrale pour l’assouplissement des conditions d’ouverture des comptes. Il y a aussi des efforts consentis par les fournisseurs de services financiers pour le renforcement des infrastructures et leur disponibilité, ainsi que ceux réalisés par les Etats et la BCEAO pour améliorer l’écosystème financier de l’Union.
Quelques actions réalisées par le Bénin en 2020
Le Bénin a mené des actions pour être en tête du classement des pays de l’Uemoa en matière d’inclusion financière. Ainsi, un Observatoire de la Qualité des Services Financiers (OQSF) a été créé par décret n°2020-291 du 3 juin 2020. Cette structure a pour mission d’encourager les populations et les PME à recourir davantage au système financier et de restaurer leur confiance à l’endroit des services financiers. Le champ d’intervention de l’OQSF concerne les produits et services financiers de détail ainsi que les relations entre institutions financières, consommateurs et petites et moyennes entreprises (PME). Le Bénin devient ainsi, après le Sénégal en 2009 et la Côte d’Ivoire en 2016, le troisième pays de l’Union à se doter d’une telle structure. Par ailleurs, le processus d’élaboration de la stratégie nationale d’inclusion financière s’est poursuivi au cours de l’année 2020. A cet égard, une task-force a été mise en place au niveau du ministère en charge du plan et du développement. Selon le rapport de la BCEAO, les autorités ont également mobilisé les ressources financières nécessaires à son élaboration. En outre, le Fonds National de la Microfinance (FNM) a apporté des innovations dans son programme, à travers la dématérialisation des décaissements des prêts et leur remboursement, en mettant l’accent sur l’utilisation de la monnaie électronique. Enfin, une quinzaine de l’assainissement du secteur de la microfinance a été organisée en novembre 2020 par le Comité de Stabilité Financière et d’Assainissement du Secteur de la Microfinance (CSFASM). Ce sont toutes ces actions réalisées qui ont contribué à l’accélération du taux d’inclusion financière au Bénin.