Lentement mais surement, la Zone de libre-échange continentale en Afrique (Zlecaf) prend de l’ampleur. Son secrétariat intérimaire vient d’être doté d’une subvention de 4,8 millions de dollars, soit près de 2,8 milliards FCFA. C’est le fruit d’un accord signé lundi à Abidjan entre l’Union africaine (UA) et la Banque africaine de développement (BAD).
Issa SIKITI DA SILVA
Ceci fait partie d’une série d’interventions de la BAD pour accélérer la mise en œuvre du Traité de libre-échange, considéré comme une force majeure pour l’intégration du continent de 55 pays. Albert Muchanga, commissaire au commerce et à l’industrie de l’UA, a représenté l’organe continental à la cérémonie de la signature, tandis qu’Obed Andoh Mensah, représentant du directeur du département du développement industriel et commercial de la BAD, l’a fait pour l’institution financière.
L’UA dispose actuellement d’un secrétariat intérimaire chargé de fournir la structure organisationnelle de l’organe administratif permanent, son programme de travail et les questions équivalentes, y compris son budget.
La Zlecaf sera le plus grand accord de libre-échange dans le monde depuis la création de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en janvier 1995. Elle pourrait augmenter le volume du commerce intra-africain de 15% à 50%, lequel est évalué à 35 milliards de dollars par an, selon les experts.
Mais avant que cela n’arrive, il faudra installer des bases solides conformément au Traité, ce qui implique une volonté politique farouche de la part des chefs d’état africains. Cette collaboration nécessiterait de travailler avec les organisations financières opérant en Afrique pour que tout soit prêt au mois de juillet 2020.
Confiants
« La Zlecaf va fonctionner et nous sommes confiants que d’ici le 1er juillet de l’année prochaine, les 55 pays seraient devenus des États membres. En d’autres termes, ils auraient signé et ratifié l’accord et le processus intra-africain va commencer », a déclaré Albert Muchanga.
Bien que réticent au début, le Bénin et le Nigeria, deux voisins de l’Afrique de l’ouest, avaient enfin signé l’accord lors du sommet du 7 juillet 2019 à Niamey (Niger), qui a consacré officiellement l’existence de la Zlecaf.
A part l’accroissement des échanges intra-africains, la Zlecaf devrait faciliter la libre circulation des biens, des services et des personnes à travers les frontières du continent. Elle devrait aussi réduire les importations de 10 milliards de dollars, tout en stimulant les exportations agricoles et industrielles respectivement de 7% et 5%.
Cependant, certains observateurs continuent à se poser des questions de savoir si la circulation des biens et des personnes sera effectivement libre, étant donné le niveau très élevé de corruption des policiers et des soldats qui érigent des barrières illégales sur les routes africaines.
« Gendarmes, policiers et soldats au Burkina Faso et au Mali nous causent beaucoup de problèmes. A chaque barrière, ils nous ordonnent de descendre du bus pour fouiller, nous disent de montrer les papiers et à la fin ils nous exigent de payer 1000 francs chacun », a déclaré un commerçant transfrontalier sous couvert de l’anonymat par peur de représailles.
« Il y a trop de tracasseries sur nos routes. Et pourtant on est censé circuler librement», a-t-il ajouté.