Le gouvernement béninois a mis en place le dispositif « Azôli » au profit des jeunes. Essentiellement, ce programme cible les jeunes sans emploi et permet de pallier le chômage. C’est une formation pratique en entreprise lancée en décembre 2021. Ce projet, qui signifie littéralement « chemin de l’emploi » en fon, ambitionne d’embaucher à terme environ 25.000 chômeurs.
Belmondo ATIKPO
Le programme « Azôli » est une vache à lait pour des centaines de milliers de jeunes sans emploi au Bénin. Ce dispositif de formation en entreprise destiné aux 15-30 ans peu ou pas qualifiés, vise à transformer la jeunesse béninoise en un moteur de développement économique et social. Au total, le gouvernement va sortir 25.000 jeunes du chômage. En effet, dans sa phase initiale, Azôli prévoit d’intégrer 25 000 jeunes dans des emplois salariés et 11 000 autres dans l’auto-emploi dans les mois à venir. À ce jour, plus de 6 000 jeunes, filles et garçons, ont déjà bénéficié de cette opportunité, avec un soutien financier pour leurs déplacements et besoins essentiels, allant jusqu’à 40 000 FCFA par mois pendant la durée de leur formation. La parité est au cœur du programme : 50 % des bénéficiaires visés sont des femmes, avec une attention particulière aux filles-mères. Ces dernières peuvent suivre des formations tout en bénéficiant d’un soutien pour la garde de leurs enfants dans des Espaces communautaires d’accueil des enfants (ECAE) installés dans les entreprises participantes. Ces structures sont gérées par des nourrices recrutées par l’ANPE, permettant aux femmes d’accéder à des opportunités professionnelles sans entrave. Le programme repose sur un modèle collaboratif qui implique les entreprises locales. Ces dernières accueillent des stagiaires et leur offrent une formation pratique, soutenue par l’ANPE qui fournit les équipements nécessaires, tels que des kits de protection individuelle pour les secteurs industriels. À l’issue de leur stage, une majorité des jeunes sont intégrés en emploi salarié, et bénéficient de contrats en bonne et due forme. Pour ceux qui ne sont pas recrutés, le programme prévoit pour eux un accompagnement vers d’autres opportunités.
Les témoignages des bénéficiaires…
Marcelline N’Dah Gado et ses collègues travaillent depuis près de huit mois, grâce au dispositif Azôli, composante n°1 du Projet d’inclusion des jeunes (ProDIJ) initié au profit des 18 à 30 ans au plus, et mis en œuvre par le gouvernement béninois à travers l’Agence nationale pour l’emploi (Anpe) avec l’appui de la Banque mondiale. En gros, Azôli recrute des bras valides de niveau Bepc maximum, qu’il met à la disposition de ses entreprises partenaires. A ce jour, 4 000 jeunes dont environ 45 % de filles sont déjà impactés. Comme Marcelline N’Dah Gado, des milliers d’autres filles peu ou pas instruites, en provenance de tous les départements du Bénin, profitent de cette opportunité pour s’insérer dans la vie professionnelle par embauche ou en s’installant à leur propre compte au terme de la formation. Une façon pour le gouvernement béninois et son partenaire de sortir surtout les jeunes filles du chômage. La plupart des bénéficiaires perçoivent une allocation de 63 000 F Cfa par mois octroyée par l’Etat béninois et son partenaire durant toute la durée de la formation. C’est le jackpot pour ces jeunes filles sans formation professionnelle de base et au chômage depuis des années. « L’argent que je gagne ici m’est utile. Je n’ai pas d’autres charges en dehors du loyer que je paye et de ce que je mets dans ma santé, mon déplacement, ma nourriture et mon habillement. Au bout du compte, j’arrive à économiser 20 000 F Cfa chaque mois… », Confie Marcelline N’Dah Gado. Venue de Dassa-Zoumé, Marguerite Cayole Akpo est contrôleur de qualité à Gtc depuis près de deux ans. Ses débuts dans cette entreprise de confection de vêtements militaires ont été difficiles en raison du changement de localité en un laps de temps. Mais aujourd’hui, elle s’en sort bien. « On dit souvent que l’argent de la femme se réunit très vite. C’est le cas pour moi. Avec ce travail, on arrive quand même à économiser un peu d’argent… », Assure-t-elle.
En dehors du parc textile, ces filles travaillent aussi dans l’agroalimentaire, notamment au parc cajou dédié à la transformation des noix de cajou. Bonnet de protection sur la tête, une centaine de filles s’appliquent à polir les amandes de cajou à l’aide d’un grattoir, dans les locaux de l’entreprise Bénin Cashew. « Je ne faisais rien quand j’étais chez moi à Dogbo. Mais aujourd’hui, je peux me permettre d’acheter des choses que je ne pouvais acheter, faute de moyens financiers », affirme Adélaïde D. Akodégnon. Ainsi, grâce à Azôli, des milliers de jeunes filles sont formées avec possibilité d’embauche automatique au sein des entreprises partenaires. Elles travaillent dans un environnement sûr qui leur assure protection et promotion. Toutes choses qui leur permettent de révéler tout leur potentiel. « Pour la plupart, ce sont des personnes qui n’ont pas une expérience professionnelle, qui plus est, dans le domaine industriel. Donc, à leur arrivée, il y a une préparation à faire. C’est ce que nous faisons avec eux à travers l’induction qui dure quatre à cinq jours. Nous les formons sur des thématiques liées à la conformité, la santé et la sécurité au travail, la sécurité des personnes et des biens sur le site, à leurs droits et devoirs en tant qu’employés et femmes, à des aspects liés à leur motivation et surtout à la culture d’entreprise qui met l’humain au centre de tout ce que nous faisons et l’humain dans sa capacité à apprendre, à gagner de l’expérience et à faire évoluer le Bénin… », explique Emmanuel N’Dah Sékou, responsable Formation et Développement de BTex.
Ce dispositif permet à l’État de recruter chaque année 2 000 jeunes diplômés pour une immersion professionnelle de deux ans dans des entreprises privées et publiques. Selon les statistiques officielles, entre avril 2016 et juin 2020, près de 807 427 emplois ont été créés, dont une majorité dans le secteur informel. Des efforts notables ont également été réalisés dans les secteurs de la santé, de l’éducation et de la justice, avec plus de 3 000 recrutements directs entre 2021 et 2022. Précisons que Azôli ne se limite pas à un simple programme de formation. Il incarne une vision ambitieuse pour l’avenir des jeunes béninois. En intégrant des valeurs d’inclusion sociale et d’innovation, ce dispositif reflète la volonté du gouvernement de faire des jeunes des acteurs clés du développement durable.