Les pays du G5 Sahel – le Burkina Faso, le Tchad, le Mali, le Niger et la Mauritanie – ont grandement plus besoin du développement économique que des stratégies militaires en vue d’améliorer ses perspectives d’avenir, l’Institute for Security Studies (ISS), un think-tank basé à Pretoria a déclaré dans son rapport hebdomadaire publié ce jeudi.
Issa SIKITI DA SILVA
La situation sécuritaire continue de se détériorer au jour le jour dans cette contrée subsaharienne de 81 millions habitants, qui comprend deux pays voisins du Bénin, lequel semble largement sentir les effets de cette violence.
Alors que plusieurs armées étrangères se sont engagées au Sahel pour combattre les djihadistes, les experts de l’ISS Africa décrient des niveaux de développement économique de cette région, qu’ils qualifient de très faibles, même selon les normes continentales.
« En 2018, le revenu par habitant était nettement inférieur aux moyennes des autres groupes à revenu faible et intermédiaire inférieur en Afrique », ont révélé Stellah Kwasi, Jakkie Cilliers, Lily Welborn and Ibrahim Maïga dans le rapport intitulé ‘’ The G5 Sahel région: a Desert Flower?’’.
« Avec les bons investissements, de grandes populations de jeunes peuvent se traduire par des populations économiquement productives. Cependant, en l’absence de services de qualité et de possibilités d’emploi, une telle population jeune peut être déstabilisante, entraînant un risque accru de bouleversements sociaux’, ont-ils affirmé.
Mauvaise gouvernance
Au cœur des problèmes complexes de la région se trouve la faible qualité de la gouvernance. Des décennies de mauvaise gouvernance accentuée par de mauvais mécanismes de responsabilisation ont également perpétué des difficultés économiques et accru le sentiment de marginalisation dans certaines communautés », a ajouté le rapport de l’ISS Africa.
A part les attaques djihadistes qui ne cessent d’accroitre, les conflits intercommunautaires ont aussi compliqué la situation sécuritaire dans certains pays de cette région. Les combats mortels entre les Peuls et les Dogons ont fait des centaines de morts et des milliers de déplacés au Mali, ces six derniers mois.
« Bien que la sécurité soit une préoccupation essentielle de la population, une approche plus équilibrée entre sécurité et développement doit être poursuivie », ont recommandé les experts de l’ISS Africa.
« La présence souvent non coordonnée d’une pléthore d’acteurs internationaux a également miné les chances de réussite des stratégies », a ajouté le rapport, lançant un appel solennel aux gouvernants à concevoir des politiques visant à promouvoir la planification familiale, l’éducation, les infrastructures de base, la productivité agricole et la bonne gouvernance.
« L’amélioration de la productivité agricole a le plus grand impact sur la réduction de la pauvreté, tandis qu’une meilleure gouvernance a un effet positif significatif sur les indicateurs de développement humain », a rencheri l’ISS.