Les infrastructures jouent un rôle prépondérant dans le fonctionnement de l’économie. Si les gouvernements africains se mobilisent pour construire des infrastructures modernes, ils feraient bien aussi de les entretenir régulièrement pour maintenir le rythme de la croissance.
Issa SIKITI DA SILVA
Si la Banque africaine de développement (BAD) estime que les besoins en infrastructures de l’Afrique s’élèvent entre 130 et 170 milliards de dollars par an, avec un déficit de financement d’entre 68 à 108 milliards de dollars, elle n’a toutefois pas fourni le montant approximatif pour entretenir les infrastructures érigées à travers le continent.
Ponts cassés, routes fissurées ou infestées de nids de poules, réseaux de chemin de fer et de télécommunications et centrales électriques en lambeaux, électrification rurale inexistante, hôpitaux sous-équipés transformés en mouroirs, transport en commun inadéquats, tuyaux d’eau troués laissant couler d’importantes quantités d’eau, canalisations transformées en poubelles, marchés à ciel ouvert sans lumière, eau potable, installations sanitaires et conditions hygiéniques, caniveaux bouchés, sites d’enfouissement saturés et dégageant des odeurs nauséabondes, écoles et universités sous-équipées en état de continuelle détérioration et enfin un éclairage public presque inexistant. Voici à peu près le spectacle désolant des infrastructures dont regorgent de nombreux pays africains.
« Des infrastructures en bon état de fonctionnement sont un gage fondamental de bien-être et de prospérité économique… Il est donc crucial de veiller non seulement au développement réfléchi et durable de ces infrastructures (extension du réseau, utilisation de nouvelles technologies, etc.), mais aussi et surtout à l’entretien consciencieux et efficace des installations existantes », martèle un document de travail de l’Union suisse des sociétés d’ingénieurs-conseils publié en 2014.
Le cas du Bénin
Entre 2000 et 2005, la contribution de l’infrastructure à l’amélioration de la croissance par habitant du Bénin a été importante (1,6 point de pourcentage), la plus forte des pays d’Afrique de l’Ouest durant cette période, a révélé un rapport de l’Africa Infrastructure Country Diagnostic (AICD) publié en 2011.
Huit ans après la publication de ce rapport, le pays a semblé avoir dormi sur ses lauriers, laissant la plupart de ses infrastructures basiques sombrer dans la désuétude.
« Ça fait au moins une décennie que cette route se trouve dans ce mauvais état. Et quand il pleut, c’est la merde. Personne ne passe par ici, ni les véhicules. Nous nous sentons coupés du monde, c’est triste, », s’est lamenté Georges Adoho, un résident d’un quartier pauvre de Cotonou.
« Les autorités feraient mieux de renforcer l’éclairage public sur cette route principale. C’est trop faible, parfois la nuit il est difficile de voir un piéton à deux cent mètres. Et c’est pire quand il pleut », a affirmé Jean-Michel Koffi, un chauffeur de remorque.
« En ce qui concerne l’avenir, les infrastructures du Bénin sont confrontées à des défis importants. Pour des raisons économiques et financières, le pays est confronté à une détérioration de ses infrastructures existantes, qu’il n’a plus les moyens d’entretenir, la distribution insuffisante et peu fiable de l’électricité lui font également payer un lourd tribut. Dans le secteur de l’eau et assainissement, le pays doit améliorer la qualité de son infrastructure afin de développer l’accès à des services améliorés d’alimentation en eau et assainissement », a souligné le rapport de l’AICD cité ci-dessus.
Pour faire face à ces défis en matière d’infrastructure, le Bénin devra réaliser une dépense de 172 millions de dollars par an de manière continue au cours des dix prochaines années, en mettant un accent important sur la dépense d’investissement, a prévenu l’AICD.
La voie à suivre
Le gouvernement de Patrice Talon a, dans le cadre de son PAG, commencé plusieurs projets d’infrastructures de base, y compris entre autres des routes et des ponts. Mais si construire s’avère bénéfique, entretenir devrait être prioritaire car la croissance économique en dépend pour maintenir son rythme.
« Comme les autres investissements, les dépenses consacrées au développement des infrastructures renforcent généralement la capacité de production d’une économie, selon ‘’Cairn Info’’, un organe de publication des sciences humaines et sociales.