Environ 500 millions de personnes en Afrique vivent présentement sous le seuil de pauvreté, soit 37 millions de personnes de plus que ce qui était prévu sans la pandémie, selon l’ONU. Dans un continent où moins de la moitié de pays ont connu une croissance inclusive entre 2000 et 2020, les inégalités se sont fortement accentuées, nécessitant l’aide gouvernementale aux ménages pauvres.
Issa SIKITI DA SILVA
Alors que les décideurs politiques commencent à reconstituer les caisses budgétaires épuisées par la pandémie, il est essentiel d’assurer un soutien continu aux ménages pauvres qui ont été les plus touchés par la récente hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, a déclaré Antoinette Sayeh, directrice générale adjointe du Fond monétaire international (FMI), lors d’une discussion sur les inégalités à Harvard Kennedy School.
En Afrique de l’Ouest, le gouvernement sénégalais a récemment annoncé un plan de distribution de 43 milliards de francs CFA (près de 69 millions US) à environ 543 000 ménages en difficulté.
« Ces montants-là vont contribuer à améliorer leur revenu et seront envoyés par voie électronique. Il faut placer cela dans le cadre d’une solidarité nationale », a déclaré Oumar Guèye, porte-parole du gouvernement, lors d’une conférence de presse tenue la semaine dernière à Dakar.
« La situation est grave partout en Afrique. En ces temps difficiles, les États africains doivent faire montre de beaucoup de générosité et de pitié envers leurs peuples, surtout les femmes, les jeunes et les enfants », a indiqué Liz Muthuri, étudiante en économie.
Au Kenya, où les inégalités sociales sont hors de contrôle, le gouvernement vient d’annoncer l’augmentation de 12% du salaire minimum pour les travailleurs afin de faire face à la cherté de la vie.
La part du lion
Partout en Afrique, les riches continuent de se tailler la part du lion, alors que la majorité de la population croupit dans la misère. En Afrique de l’Ouest, les inégalités sociales ont atteint des proportions alarmantes. Alors qu’un nombre restreint mais croissant de personnes deviennent incroyablement riches, la grande majorité se voit refuser les éléments les plus essentiels de la vie, à savoir une éducation de qualité, des soins de santé et des emplois décents, déplore Oxfam International.
C’est pourquoi, la directrice générale adjointe du FMI a lancé un appel solennel aux gouvernements de s’attaquer aux racines secondaires des inégalités sociales.
« Les décideurs politiques doivent envisager non seulement des politiques de redistribution telles que l’impôt progressif sur le revenu et l’aide sociale pour corriger les inégalités, mais aussi des politiques de pré-distribution qui uniformisent les règles du jeu avant que les gens n’entrent sur le marché du travail, par exemple via l’éducation publique, la santé et les infrastructures de base », a-t-elle expliqué.
Par ailleurs, Antoinette Sayeh a souligné le rôle des politiques inclusives en matière de genre dans la réduction des inégalités sociales, ainsi que la façon dont la libération du potentiel des économies vertes et numériques peut diffuser plus largement les avantages.